L’assainissement des eaux usées à Cuba,

Un enjeu de santé dont Cuba Coopération est partie prenante !

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L’Institut National des Ressources Hydrauliques de Cuba (INRH) organisera, fin mars 2023, la 4ème édition de Cubagua.
La France y sera l’invitée d’honneur tant la participation de notre pays est importante en ce qui concerne les questions d’adduction et de traitement des eaux.
Une nouvelle convention tripartite entre le SIAAP, l’INRH et notre Association va programmer nos actions au cours des années qui viennent.
C’est le moment de rappeler quelques exemples du travail accompli depuis une vingtaine d’année avec le SIAAP (dont l’engagement est particulier), ou des sociétés françaises avec les exemples de l’assainissement de la rivière Luyano à La Havane ou le nettoyage du siphon de la Baie de La Havane.

1 L’engagement du SIAAP (Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne).

Cet engagement se traduit de différentes façons :
1.1 La réponse à l’urgence après le passage des ouragans (réhabilitation de pompes de relèvement, fourniture de pièces détachées, etc.).
1.2 La formation dans différents domaines (sécurité, laboratoires d’analyse, nouvelles technologies : hydro cureuses, micro-tunnelier dont on va reparler, etc.).
1.3 Les nouveaux équipements et travaux :
1.3.1 Les « dégrilleurs » automatiques.

Un "dégrilleur"

Il s’agit de dispositifs permettant de recueillir, sans intervention humaine, les déchets solides arrêtés par des grilles avant qu’ils n’arrivent dans le milieu naturel ou pour protéger les pompes des stations de relèvement. Sans ce dispositif, les grilles sont nettoyées à la main, soit par raclage depuis la surface si l’ouvrage n’est pas trop profond, soit par des plongeurs. La manœuvre est donc pénible et extrêmement dangereuse, avec la formation possible d’hydrogène sulfuré, gaz mortel.
Le SIAAP a remplacé trois dégrilleurs pratiquement hors d’usage qui protégeaient la Baie et la station de relèvement de Casablanca. Avec leur mise en service, la pollution visuelle de la Baie a disparu et les mauvaises odeurs perceptibles à l’une des entrées de la Vieille Havane ont été éliminées. Le réseau compte 27 stations de relèvement. Il a été convenu de les équiper de grilles en inox automatisées.

1.3.2 La surveillance de la nappe du Vento :
Cette nappe alimente en eau potable 43 % de la population de La Havane. Elle correspond au bassin versant du Rio Almendares qui traverse la capitale mais qui est très pollué. Il convient aussi de maintenir la nappe à un niveau pratiquement constant. Un prototype a donc été conçu comprenant un conductimètre pour l’alerte à la pollution, un pluviomètre pour la connaissance des précipitations et une mesure de niveau. Après une longue période d’observation, le prototype a été validé et donne lieu à la fabrication d’une quinzaine d’appareils répartis sur la nappe. Cinq appareils sont maintenant en service et donnent déjà des résultats significatifs, permettant d’exploiter la nappe de façon plus rationnelle et plus sûre.

1.3.3 La réhabilitation de la Cuenca Ariguanabo :
Le SIAAP et la Fondation Véolia Environnement ont financé, à hauteur de 150 000 € chacun, des travaux nécessaires à la sauvegarde du Rio Ariguanabo, véritable égout à ciel ouvert, dont le lit, sur 11 kms, se situe au-dessus d’une nappe alimentant en partie la province d’Artemisa et différents quartiers de La Havane.
Trois interventions étaient prévues (installation d’un réseau de mesures destiné à recueillir les informations relatives à la pluviométrie et à son influence sur la nappe et à détecter toute pollution, établissement d’un réseau de collecte des eaux usées dans l’agglomération de Las Margaritas et réhabilitation d’une station d’épuration à Bejucal).

1.3.4 L’étude du Schéma Directeur d’Assainissement de la ville de Cienfuegos.
L’étude conclut au maintien de quatre lagunes en périphérie et à la construction de deux stations d’épuration.
Une campagne de mesures supplémentaires en raison du mauvais état du réseau de distribution d’eau potable a été rendue nécessaire. L’AFD a accepté de financer un schéma directeur pour l’eau potable et d’y intégrer, en fonction des résultats, le dimensionnement du réseau d’assainissement et des stations d’épuration.

1.3.5 L’assainissement d’un quartier de La Lisa
La Lisa est une des quinze communes composant la ville de La Havane. Certains de ses quartiers périphériques sont dépourvus de réseaux d’assainissement.
Il existe des fosses septiques non entretenues, sous-dimensionnées, dont certaines ruissellent dans la rue. Le quartier concerné par le projet est celui de la « calle 220 », qui compte 4 830 habitants. Les travaux d’assainissement consistent en la pose de 4,4 kms de canalisations. Il a été fourni des matériels modernes pour l’exécution de la tranchée et son remblaiement.

2 L’assainissement de la rivière Luyano à La Havane.

Quartier concerné (en jaune)

Ce projet, financé en partie par l’Agence Française pour le Développement (AFD), a pour objectif de supprimer les évacuations d’eaux usées provenant des quartiers situés à l’ouest de la rivière, dans celle-ci, puis dans la Baie. Ce sont 550 000 personnes qui sont concernées, directement et indirectement, soit par l’amélioration d’un système d’évacuation ancien et dépassé par l’agrandissement de la ville, soit par la création d’un réseau de collecte, eu égard à l’extension de la capitale.
La circulation des eaux de la Baie par un courant inverse aux aiguilles d’une montre, en contact avec l’océan par le goulot d’entrée du Morro, ne renouvelle les eaux le long des rives que tous les 8, 15 jours, voire 3 semaines, en fonction des marées et du vent, ce qui ne permet pas l’auto-oxygénation des eaux de la Baie. Cette contamination, principalement due aux rejets venant de la rivière Luyano et des surverses d’un réseau qui a vu sa population doublée, met en danger la santé de la population.

Description du projet

Le projet consiste à utiliser un micro-tunnelier pour forer, sous la surface du sol, un tunnel permettant de faire passer un nouveau tuyau (Nouveau Collecteur Sud), d’un diamètre intérieur de 1,8 m et d’une longueur de 4,6 kms. Il s’agit là d’une technologie novatrice pour le pays, dont l’application demande des études précises concernant les impacts sur les éléments déjà existants (fondations de constructions, etc.). Les eaux usées aboutiront à une nouvelle station de pompage pour rejoindre le réseau rénové.

Ce nouveau collecteur s’inscrit dans un projet général de rénovation du réseau des eaux usées de La Havane, s’étalant sur plusieurs années, avec la construction d’un réseau de 80 kms d’égouts (entraînant la mise en place d’une ligne de fabrication de tuyaux en béton), le creusement de plusieurs puits, le changement de plusieurs pompes de relèvement, la construction d’une usine de traitement des eaux résiduelles, la modernisation des laboratoires d’analyse des eaux, etc..

3 Le nettoyage du siphon de la Baie de La Havane.

De même qu’il y a un tunnel autoroutier posé au fond du canal d’entrée à la Baie, on trouve un peu plus loin un gros tuyau, le siphon, chargé de transporter les eaux usées de la ville de l’autre côté de la Baie, jusqu’à la station de pompage de Casablanca, comme on le voit dans la description du projet précédent.

Avec le temps, le siphon s’est chargé en sédiments qu’il convient d’éliminer afin de permettre une évacuation correcte des eaux usées. Pour éviter la formation de gaz toxiques, l’opération se fera en eau par pompage et scaphandriers.
C’est une entreprise française qui a été chargée d’effectuer ces travaux, grâce à des plongeurs, spécialistes de ce type d’opération, qui, aidés par des pompes, nettoieront l’intérieur du siphon. Les sédiments récupérés seront séchés et utilisés comme engrais agricole ou remblais de terre-plein.

Les membres du collectif « Eau et Assainissement » de Cuba Coopération peuvent être fiers du travail accompli.