Réformes économiques à Cuba : le plus dur reste à faire, selon Granma

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Posté par Michel Porcheron

Cuba a obtenu des résultats avec les réformes économiques engagées il y a deux ans pour rénover son système économique, mais les tâches qui nous attendent sont plus complexes et plus importantes, a assuré mardi 17 avril le quotidien officiel Granma, selon l’AFP.
« Malgré les résultats, nous ne devons pas être satisfaits. Les tâches qui nous attendent sont les plus complexes et les plus importantes, celles qui auront le plus d’impact sur l’actualisation du modèle économique cubain », affirme en conclusion d’un éditorial, le quotidien du Parti communiste de Cuba (PCC), sans préciser la nature de ces tâches (1).

Dans cet éditorial publié à l’occasion du IIe anniversaire du Congrès du PCC qui a adopté les mesures d’actualisation du système économique cubain -au bord du précipice, selon le président Raul Castro-, Granma offre un bilan des réformes qui ont consisté essentiellement à introduire une dose d’économie de marché, faciliter le travail agricole indépendant et restructurer les activités économiques du secteur public.

(1)- conclusion de l’éditorial : “A pesar de los resultados, no estamos conformes. Las tareas que nos quedan por delante serán las más complejas, las de mayor importancia e impacto en la actualización del modelo económico cubano. Es por eso que, en la práctica, el VI Congreso no ha concluido. Aquella exhortación de ¡Ahora, a trabajar !, hecha por el compañero Raúl hace dos años al término de las sesiones en el Palacio de Convenciones, no deja lugar a dudas”

Les accords avancent, avec plus de responsabilité et de rigueur

« L’ACTUALISATION du modèle économique n’est pas un miracle qui pourrait être réalisé du jour au lendemain comme certains le pensent. Nous parviendrons à son total déploiement graduellement, au cours du quinquennat, car le travail de détail est considérable, de même que la planification et la coordination, tant sur le plan juridique que dans la préparation minutieuse de tous ceux devant intervenir dans sa mise en œuvre pratique ».

Telle était la mise en garde du général d’armée Raul Castro Ruz, Premier secrétaire du Parti, le 19 avril 2011, il y a deux ans, à la clôture du 6e Congrès du Parti qui a adopté les orientations de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution.

Au cours des 24 derniers mois, le pays a évolué au rythme de la rigueur émanant de ces accords. Le caractère transversal des propositions adoptées a permis de faire en sorte que pendant cette période, d’une manière ou d’une autre, les 12 chapitres des Orientations aient eu une répercussion dans la vie de la société.

Cette évolution s’est produite dans un contexte international défavorable pour notre pays, et en dépit d’un blocus intact dans sa politique cruelle et génocidaire d’asphyxie commerciale et financière qui nous est imposé par la nation la plus puissante de la Terre, dans un monde où il devient de plus en plus difficile pour nous d’accéder aux crédits, et au milieu d’une crise mondiale économique et financière provoquée par l’empire lui-même, qui n’a pas tardé à dégénérer en une attaque impitoyable contre la sécurité alimentaire, environnementale, énergétique, autrement dit contre le droit le plus élémentaire des être humains : la vie. Sur le plan interne, même si nous avançons, notre incapacité exportatrice continue de créer des effets encore plus complexes.

On ne saurait parler du travail déployé pendant ces deux années sans mentionner le rôle de la Commission de mise en œuvre et de développement des Orientations, qui s’est chargée d’accompagner harmonieusement les efforts et les actions des organismes et des entités nationales engagés dans l’actualisation de notre modèle économique, tâche dont cette Commission s’est acquittée avec le soutien du ministère de l’Économie et de la Planification. Par ailleurs, les sessions de l’Assemblée nationale ont donné un caractère législatif aux accords du Congrès, après leur discussion et leur adoption par cette instance, ratifiant ainsi la volonté de la direction du Parti de veiller à ce que les accords de ses congrès ne deviennent pas des lois, le Gouvernement étant tenu d’assurer leur gestion et leur mise en application.

Pendant cette période de deux ans, le processus d’actualisation du modèle économique a donné une impulsion aux accords adoptés par le 6e Congrès du Parti.

Le programme de développement du chemin de fer ; l’achat et la vente de logements et de voitures ; la progression et l’élargissement du travail indépendant, y compris la plus récente mesure concernant possibilité de location des cafétérias d’État ; l’entrée en vigueur de la possibilité pour les producteurs agricoles de vendre aux entreprises touristiques ; les 17 mesures qui modifient et actualisent le fonctionnement des Unité de base de production agricole (UBPC), les plaçant sur un pied d’égalité avec le reste des formes de production ; le Décret-loi 300, qui modifie l’ancien sur la distribution de terres en usufruit, sont quelques-unes des nouveautés qui prouvent que les accords ne sont pas restés lettre morte, et qu’ils n’ont pas attéri dans un tiroir.

D’autres actions ont été menées dans le cadre de ces efforts, comme l’adoption des normes juridiques qui posent les bases de ces accords, mais aussi la mise en place de coopératives non agricoles, dont 126 fonctionnent déjà à l’heure actuelle ; la création des organisations supérieures de développement d’entreprises, qui non seulement perfectionnent l’activité de ce secteur mais sont chargées d’encadrer et de dynamiser le travail des entreprises dans la production de biens et de services ; la restructuration des organismes centraux de l’État à partir de la conception d’une structure organisationnelle plus appropriée et rationnelle, avec une délimitation des fonctions de l’État de celles des entreprises.

La politique bancaire du pays, avec l’entrée en vigueur en décembre 2011 du Décret-loi 280 qui garantit l’accès aux crédits aux personnes physique, a également été l’un des thèmes majeurs de ce congrès historique. La priorité qui est accordée, entre autres activités, à la construction de logements, a permis l’attribution de subventions aux personnes les plus démunies, une réponse qui réside dans le respect de l’un des grands principes de la Révolution et de ce 6e Congrès, selon lequel nul ne sera abandonné à son sort. C’est aussi le cas du système fiscal, dont la Loi 113, entrée en vigueur le 1er janvier dernier, vise une meilleure distribution des richesses du pays.

Ces deux années ont aussi marqué un tournant dans le rôle de la planification physique en matière d’organisation. Nous n’avons pas négligé d’un iota l’état des finances externes du pays, ce qui rehausse le prestige de notre pays qui a respecté chacun de ses engagements, avec sérieux, et avec des résultats déjà visibles.

Il ne fait aucun doute que l’élaboration des bases du Programme de développement économique et social à long terme, assorti d’indicateurs et d’objectifs précis à l’horizon 2030, représente un pas significatif dans l’ensemble de la gestion de planification et d’organisation du pays.

Autre des principaux accords du Congrès : la réalisation, en janvier 2012, de la 1ère Conférence nationale du Parti, qui a permis d’évaluer dans un esprit critique et avec réalisme le travail de cette organisation politique, et d’étudier avec précision les transformations qui s’imposent pour exercer le rôle de force dirigeante supérieure de la société et de l’État qui lui revient en vertu de l’article No 5 de la Constitution de la République.

Le 6e Congrès a également misé sur le changement de mentalité comme gage de développement. Comme le soulignait le Premier secrétaire du Parti : « C’est ce qui va être le plus à surmonter, après des années de dogmes et de critères obsolètes ».

Le 19 avril 2011, le camarade Raul Castro lançait l’appel suivant : « Nous devons nous concentrer immédiatement à faire accomplir les accords de ce Congrès, sous un dénominateur commun dans notre conduite : l’ordre, la discipline et la rigueur ».

Même s’il reste encore du chemin à parcourir dans ce domaine, des progrès notables ont été réalisés dans la gestion des comptes à payer et à recevoir, qui a enregistré un bond de qualité pour la période décembre 2011 à décembre 2012. Il nous faut encore assurer un plus grand suivi de cette question en raison des retombées négatives sur l’économie, provoquées par la chaîne des impayés.

L’expérience se poursuit dans les nouvelles provinces d’Artemisa et de Mayabeque, dans le cadre du perfectionnement des organes du Pouvoir populaire, qui répond, entre autres, à la nécessité de trouver des formules permettant une meilleure délimitation des attributions et des relations des Assemblées provinciales et de leurs Conseils d’administration avec les organismes de l’Administration centrale de l’État, les unités subventionnées et les entreprises de leurs territoires, ainsi que d’assurer une plus grande autonomie des municipalités.

Le pays continue de perfectionner sa politique de cadres, appelée à assurer l’exécution de toutes les tâches qui nous attendent. La stratégie qui a été mise en place comporte le rajeunissement du Comité central élu il y a deux ans, de la récente Assemblée nationale du Pouvoir populaire et de son Conseil d’État, des instances qui ont avancé avec une plus grande représentation féminine et de Noirs aux organes de décision du pays. À ceci s’ajoute la création de l’École supérieure des cadres de l’État, qui a déjà diplômé plusieurs centaines de camarades.

Au cours de ces 24 derniers mois, dans le cadre des tâches qui lui ont été confiées, le Comité central récemment élu assure le suivi, deux fois par an, de l’exécution des accords du 6e Congrès. Ces mêmes questions sont traitées chaque mois, dans le cadre d’un contrôle opérationnel et stratégique, durant des réunions élargies du Conseil des ministres. Le contenu de ces réunions est rendu public dans les différents médias du pays.

Ce furent deux ans de dur labeur et d’engagement envers le peuple, qui est l’auteur de la proposition de ces accords, car c’est la société dans son ensemble qui s’est réunie, entre 1er décembre et le 28

janvier :163 070 assemblées regroupant 8 913 838 participants se sont tenues ; 3 100 471 interventions ont été réalisées, lors de la discussion de l’avant-projet qui contenait à l’origine 291 Orientations qui, du fait de cette expression démocratique, ont été portées au nombre de 313. Ce processus découle de la convocation lancée le 26 juillet 2007 par la direction de la Révolution, invitant le peuple à exprimer ses inquiétudes en vue de définir un projet d’avenir pour le pays. Plus des quatre millions de réponses recueillies sont à l’origine des nombreux accords du 6e Congrès.

Comme le soulignait le camarade Raul le 2 avril à la dernière réunion du Conseil des ministres : «  Si nous dressons un bilan du chemin parcouru, nous constatons que nous avançons à un bon rythme, l’ampleur et la complexité des problèmes ne nous permettant pas de les régler du jour au lendemain. Il nous faut résister aux pressions de ceux qui veulent nous pousser à aller plus vite  ».

«  Maintenant, nous sommes dans une meilleure période. Le Programme du Parti nous a aidés en apportant davantage d’ordre et de discipline à notre travail. Nous sommes parvenus à établir un lien étroit entre les Directives du Plan et le Budget, d’un côté, et le processus de mise en œuvre des Orientations de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution, de l’autre  », devait-il ajouter.

Malgré ces résultats, nous ne sommes pas encore satisfaits. Les tâches qui nous attendent seront plus complexes, plus importantes et auront une plus grande répercussion dans l’actualisation de notre modèle économique. C’est pourquoi, dans la pratique, le 6e Congrès n’est pas terminé. Le mot d’ordre :

« Maintenant, au travail ! » lancé par le camarade Raul il y a deux ans au terme des sessions au Palais des Conventions, est plus que jamais d’actualité.