La baie de La Havane à la recherche de sa splendeur historique

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 Les pélicans sont de retour dans la baie de La Havane, signe d’une renaissance écologique qui va de pair avec les projets des autorités cubaines de redonner au port de La Havane sa splendeur historique passée.

Ils avaient disparu depuis longtemps, mais avec le nettoyage de la baie, les poissons sont revenus et donc les pélicans aussi, se réjouit Eduardo Lozano, un des pêcheurs qui tous les jours croisent dans la baie de La Havane, longtemps en proie à une intense pollution.

Le port de La Havane a commencé à donner vie à son rêve d’un avenir touristique.

Selon les experts locaux, la pollution dans cet espace de 5,2 km2, bien abrité et qui servit pendant des siècles de base aux galions espagnols ramenant en Europe les richesses d’Amérique latine, a été réduit de 50 à 60% ces dernières années.

Au-delà du chenal, bordé à l’est par les forteresses du Morro et de la Cabaña et à l’ouest par la vieille ville de La Havane, la baie s’enfonce sur plusieurs kilomètres, jusqu’à la raffinerie Ñico Lopez, appelée à disparaître dans le cadre d’une rénovation du port de La Havane après avoir déversé ses fumées noirâtres dans le ciel de la capitale cubaine depuis près de soixante ans.

Elle reçoit également les eaux de trois cours d’eau qui traversent les quartiers populaires du sud de La Havane, avec leur contingent d’eaux polluées par diverses industries.

Un programme d’assainissement a été lancé en 1998 sous la direction du Groupe de travail d’Etat de la baie de La Havane (GTE-BH) qui a procédé à l’identification d’une centaine de sources de pollution et contamination, selon l’hebdomadaire officiel Trabajadores. Les déversements polluants ont ainsi été réduits de 30% en 2012 par rapport à l’année précédente, selon un récent article de la revue.

Aujourd’hui traverser la baie en ferry pour aller de la vieille ville au quartier de Regla (au sud de la baie) est un plaisir, alors qu’il y a quelques années, l’odeur était insupportable, assure Trabajadores.

D’une profondeur de seulement 9 mètres, la rade de La Havane n’est pas assez profonde pour recevoir les navires que le gouvernement cubain espère accueillir dans les prochaines années.

La raffinerie devrait ainsi être fermée et tout le trafic maritime transféré à Mariel, à 50 km à l’ouest de la capitale, où se construit un vaste complexe portuaire, financé par des capitaux brésiliens et réalisé en grande partie par le groupe Odebrecht, pour un investissement de l’ordre d’un milliard de dollars.

L’objectif est de vider le port de La Havane de ses pétroliers et porte-conteneurs pour l’offrir aux navires de croisière et de plaisance. Assumer une vocation touristique en concordance avec l’environnement historique de la ville.

Notamment en raison de l’embargo américain qui frappe Cuba depuis un demi-siècle, les navires de croisière qui mouillent chaque année à La Havane se comptent sur les doigts d’une main et les rares bateaux de plaisance sont relégués dans une marina décrépite de l’ouest de la capitale.

Dans cette perspective, les travaux de restauration des quais ont commencé dans la vieille ville, sous la direction de l’Office de l’Historien de la Ville, en charge de l’administration et la restauration de la vieille ville.

Restauration des bâtiments historiques de la douane, aménagement de zones touristiques et piétonnières, le port de La Havane a commencé à donner vie à son rêve d’un avenir touristique.