Le nouveau projet de Chucho Valdés : une bombe, « Vous en saurez davantage avant la fin de l’année »

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Une nouvelle histoire, le commencement d’une nouvelle phase, une musique qui n’aura rien à voir avec la précédente, vous en saurez davantage avant la fin de l’année, rien de tel que ces quelques mots de Chucho Valdés tenus lors d’entretiens, en France, sur son avenir musical après son CD « Border Free » qui vient de sortir, et à l’occasion de son concert le 6 mai au Théâtre du Chatelet, pour tenter de savoir quelle « bombe » -en préparation- se cache derrière ces propos.

Le géant cubain (1,94m) lui-même a mis François-Xavier Gomez de Libération plus que sur une piste.

Chucho Valdés évoque une reformation de Irakere dans sa formule originale des années 70.

Par François-Xavier Gomez (Libération, 6 mai 2013)

« Quand on demande à Chucho Valdés quelle pièce, dans sa luxuriante discographie, le rend le plus fier, il n’hésite pas longtemps : « Le premier Irakere pour CBS en 1978, enregistré entre le Carnegie Hall et le festival de Montreux. Avec Misa Negra, l’Adagio de Mozart… » Soit l’irruption de son groupe, fondé en 1973, dans le concert international. Une véritable commotion à l’époque.

Berceau de musiciens de jazz (Chico O’Farrill, Machito, Chano Pozo qui intégra l’orchestre de Dizzy Gillespie), Cuba disparaît des radars du swing après la révolution de 1959. Dans le contexte de la guerre froide, les musiciens cubains ne peuvent plus quitter l’île de Fidel Castro, qui n’encourage pas la pratique du jazz, « musique de l’ennemi ». Dans ce climat hostile, Chucho Valdés parvient à faire vivre un combo et à élaborer un langage d’autant plus original que les nouvelles tendances, les innovations de Miles Davis par exemple, ne parviennent pas dans un pays fermé à double tour.

Débouché.

En 1973, Valdés est autorisé à créer sa propre formation, qu’il baptise Irakere, « forêt dense » en yoruba, avec huit virtuoses, dont Paquito D’Rivera au saxo, Arturo Sandoval à la trompette…

En 1978, le festival de Newport programme une soirée au prestigieux Carnegie Hall de New York, qui s’achève par la prestation de ces Cubains inconnus au bataillon. Chucho Valdés en garde un souvenir exalté : « Un concert miraculeux, pas une fausse note, une énergie qui est montée crescendo… » Le label CBS veut signer le groupe, mais se heurte à l’embargo commercial décrété en 1960 par Washington contre le régime castriste. Il faudra une armée de juristes pour rédiger les contrats. Deux disques live, Irakere I et II, sont publiés, avec un accueil critique dithyrambique.

Différends.

Mais en 1980, l’élection de Ronald Reagan sonne le glas de la politique de détente culturelle envers Cuba, privant Irakere du débouché américain. Paquito D’Rivera décide de s’exiler, imité quelques années plus tard par Sandoval. C’est la fin de la formation « classique » d’Irakere, inégalable, le groupe poursuivant sa route avec d’autres musiciens.

Le mythe Irakere près de la résurrection

Lors de notre rencontre à Paris il y a quelques jours, Chucho Valdés lâchait au détour d’une phrase une véritable bombe :la réunion du Irakere original est dans les tuyaux ! Les amateurs de latin jazz n’osaient en rêver, tant les différends politiques entre les anciens camarades semblaient insurmontables.

« Des contacts ont lieu, confie le pianiste, vous en saurez davantage avant la fin de l’année. » Avant d’ajouter : « Si le groupe se reformait, il serait cent fois meilleur que jadis, car nous avons tous progressé en trente ans. » Restera à trouver des remplaçants au trompettiste Jorge Varona et au joueur de congas Jorge « El Niño » Alfonso, décédés entre-temps ».

Posté par Michel Porcheron

François –Xavier Gomez avant son concert du 6 mai au Théâtre du Chatelet à Paris, avait rencontré Chucho Valdés. Le titre de son papier est : « Chucho Valdés, piano à plumes »
http://next.liberation.fr/musique/2013/05/05/chucho-valdes-piano-a-plumes_901100

Le concert, selon Francis Marmande :

http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/05/07/chucho-valdes-a-paris-avant-les-routes-de-l-ete_3172558_3246.html
(mp)