RELATIONS CUBA-UNION EUROPÉENNE Une exception qui ne saurait perdurer

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Un article de SERGIO ALEJANDRO GOMEZ pour Granma International en français.

• M. Christian Leffler, directeur pour les Amériques du Service européen d’action étrangère (SEAE), a offert des déclarations sur les avancées d’un accord de coopération avec l’Île

Développer les échanges et la coopération !

CUBA est le seul pays d’Amérique avec lequel l’Union européenne ne dispose pas d’un cadre contractuel pour ses relations bilatérales. «  Il s’agit d’une exception qui ne saurait se maintenir dans le temps », a affirmé le directeur pour les Amériques du Service européen d’action étrangère (SEAE), M. Christian Leffler, à l’occasion d’une récente visite à Cuba.

Le diplomate suédois a expliqué à Granma que les autorités des 27 pays membres du bloc ont engagé des discussions à propos des directives de négociations proposées par le SEAE visant à la mise en place d’un cadre bilatéral avec Cuba.

M. Christian Leffler s’est dit confiant sur le fait qu’il existe «  un consensus sur le principe d’aller vers un accord », ce qui devrait aboutir à un mandat « à un moment ou l’autre avant la fin de l’année ».

« Cette visite n’est pas le lancement officiel des négociations, mais l’occasion d’expliquer à mes interlocuteurs cubains notre façon de voir cette négociation et d’élaborer une vision commune. »

Pendant quatre jours – a-t-il expliqué – il a eu des entretiens avec des représentants du gouvernement, ainsi qu’avec plusieurs responsables et des associations afin d’avoir une idée plus claire de la situation actuelle, des attentes de ses interlocuteurs et des perspectives de progrès.

« Ma visite représente une étape, un pas important dans cette préparation de la négociation  », a-t-il souligné.

« Cela nous paraît le moment adéquat pour élaborer ce cadre partagé qui pourrait nous permettre d’orienter conjointement l’évolution des relations dans les années à venir, mais aussi pour accompagner les changements et les modernisations en cours à Cuba  », a-t-il déclaré.

Le diplomate suédois a précisé qu’il n’existe «  aucune condition technique ou mécanique » pour la future négociation.

« Nous venons avec nos idées, nous les exposons, et parfois nos inquiétudes ou nos questions. Nous discutons des éléments de divergence avec nos interlocuteurs cubains pour mieux comprendre la position de l’autre et pour chercher des zones de convergence pour une coopération bilatérale ou à multinationale. »

« L’objectif, que je crois partagé, c’est d’établir un cadre global conjoint pour cette relation bilatérale qui servirait de plateforme pour développer davantage les échanges et les relations. »

Bien que le cadre de la coopération avec l’Union européenne ne soit pas encore établi légalement, il existe des accords bilatéraux avec plus de 14 pays membres, et les échanges économiques atteignent des niveaux importants dans plusieurs secteurs.

« L’Union européenne continue d’être une des principaux partenaires commerciaux de Cuba et le premier en terme d’investissement », a précisé M. Christian Leffler.

CUBA ET L’UE DANS LE CONTEXTE INTERNATIONAL

L’Union européenne et Cuba ont établi des points de contact dans des espaces multilatéraux. M. Leffler a signalé que depuis que Cuba assume la présidence pro tempore de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC), l’Union européenne « réalise un bon travail avec les partenaires de la mission cubaine à Bruxelles et avec le ministère des Relations extérieures (MINREX) ».

Par ailleurs, a-t-il souligné : « le travail accompli par Cuba à l’organisation et à la structuration des tâches de la CELAC depuis le mois de janvier n’a pas été une surprise, car nous avons toujours eu confiance dans les capacités de l’Île  ».

À une question sur le rôle des États-Unis dans les relations entre le bloc européen et Cuba, le diplomate a répondu que la recherche d’un accord de coopération est « une question qui concerne exclusivement les deux parties  ».

Il a également ratifié la position manifestée clairement à l’ONU concernant « le rejet de mesures unilatérales entre pays, ainsi qu’une position critique envers le blocus ».

Concernant la profonde crise économique que traverse l’Europe, Leffler a estimé que l’UE sortirait de cette crise. « Nous avons connu d’autres crises auparavant  », a-t-il dit.

À ce propos, il a souligné l’importance de la coopération entre les pays les moins touchés et ceux qui sont aux prises à des dificultés.

« Ce n’est pas facile, a-t-il souligné, pour un chef d’État d’expliquer à ses électeurs qu’il va mobiliser des milliards d’euros pour les transférer à un autre pays en crise.

Cependant, il faut le faire et ils le font, a-t-il ajouté, parce qu’ils se rendent compte que toutes les économies sont interconnectées et que la stabilité économique d’un pays crée des déséquilibres dans d’autres, mais aussi parce que ce qui est en jeu, c’est plus que l’économie, c’est la vision partagée d’un modèle de société qui se décide.

« Les dirigeants européens ont déclaré que la sortie de la crise ne saurait se réaliser en se fermant au monde extérieur. Il n’est jamais question de ralentir les échanges et la coopération, au contraire », a-t-il conclu