Las Terrazas ! une réserve de la biosphère...

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Imaginez le jardin
de l’Éden sans serpents et avec de la bière froide et vous aurez une
idée assez juste de Las Terrazas, le refuge d’été idéal des
Havanais pour passer le week-end. Est-ce que quelqu’un pourrait
réellement opter pour la plage, lorsque la température de l’eau est
aussi élevée que celle d’une soupe et lorsque le sable est tellement
chaud qu’il est impossible de marcher dessus ?

Une excursion depuis La Havane, à ne manquer sous aucun prétexte !

Un article publié par le site CUBANIA

Las Terrazas se trouve à une heure seulement de La Havane mais on
pourrait penser qu’elle est distante de millions de milles de la ville.
Il s’agit d’une réserve de la biosphère de l’Unesco, on y accorde donc
une attention particulière à son développement et le coût de l’entrée
est raisonnablement élevé pour éviter l’invasion des excursionnistes du
dimanche.

Les ruines des caféières

Une fois franchie la grande porte de l’entrée, ceux qui s’y rendent
pour la première fois devront tourner à droite et monter au sommet de
la colline jusqu’aux ruines de la caféière Buenavista. La vue sur la
plaine est magnifique et la brise fraîche de la montagne, un vrai
régal. Pour mieux connaître le site et le processus de production du
café, possibilité de parcourir l’endroit accompagné d’un guide.

Au lendemain de la révolution haïtienne, nombre de planteurs de café
français se sont installés dans les montagnes des deux extrémités de
l’île : ils ont débroussaillé le terrain pour y planter du café. Plus
tard, l’exploitation du charbon provoqua un désastre écologique dont
les effets ne commencent qu’à disparaître grâce aux programmes
étatiques minutieux de reforestation. Aujourd’hui, les caféières ne
sont que des ruines romantiques. Dans celles du Buenavista on trouvera
un petit restaurant.

En descendant le chemin vertigineux conduisant à la vallée, on ressent
l’odeur de pin qui émane de la végétation, agréable contraste avec la
chaleur infernale de La Havane. Dans leur parcours vers un petit
village situé à proximité d’un lac, les visiteurs rencontreront de
petites propriétés, des massifs de bambous qui murmurent au vent, ainsi
que des troupes de petits porcs noirs qui vermillent dans la
broussaille. Ils pourront opter pour louer un canot, déjeuner dans le
meilleur restaurant végétarien de Cuba ou accepter l’invitation des
habitants de la zone à visiter leurs maisons, boire une petite tasse de
café et bavarder un peu, le tout dans une ambiance caractérisée par
l’humour serein et décontracté des habitants et par leur charmante
politesse, tellement différente de celle des Havanais.

« [...] l’hôtel Moka, structure écologique dont le hall a été conçu autour d’un arbre géant [...] »
Hôtel Moka (Photo : Photocuba)

Des sentiers dans la fôret

Le parcours se poursuit à travers la forêt. Au pied d’une colline, se
dresse l’hôtel Moka, structure écologique dont le hall a été conçu
autour d’un arbre géant qui traverse le toit pour se perdre dans la
forêt. Les nuits étant assez froides nous conseillons, au cas où les
visiteurs auraient prévu d’y séjourner, d’apporter des vêtements
chauds. En dépit de l’austérité des conditions, ils seront enivrés par
la sensation d’aventure que l’on éprouve lorsqu’on passe la nuit au
milieu d’un profond silence dans la forêt aromatique et, notamment,
lorsque, mouillé et couvert de boue, après une longue marche, on plonge
dans une baignoire d’eau chaude dans une salle de bains d’où l’on peut
voir à travers la fenêtre les papillons et les oiseaux volant autour
des arbres.

À l’aube, lorsqu’il fait encore frais et que le brouillard flotte
encore sur la forêt, on peut s’aventurer sur des sentiers reculés monté
sur le dos d’un cheval, et visiter le jardin d’orchidées ainsi que la
célèbre cascade de Soroa. Là, les montagnes de Guaniguanico servent de
toile de fond pittoresque à un jardin échelonné que l’on peut
apercevoir depuis une demeure construite en 1940 au sommet de la
colline comme retraite champêtre. La vue depuis le sommet vaut bien
l’effort d’y accéder à travers des terrasses où les orchidées tombent en cascade depuis les arbres accompagné par les roucoulades matinales des oiseaux qui s’éveillent.

La flore et la faune de cette région sont extraordinaires. Si les
visiteurs ont de la chance, ils pourront voir le zunzuncito,
l’oiseau-mouche le plus petit au monde, ou le plumage rouge, blanc et
bleu du tocororo, l’oiseau national de Cuba.

Néanmoins, la rivière San Juan, qui coule doucement sur le flanc d’une colline formant une série de petites cascades d’étangs naturels aux eaux fraîches et limpides, constitue le principal attrait de Las Terrazas.

En hiver, seuls les plus osés se baigneraient dans ses eaux glacées ; en été, cependant,les eaux fraîches, les arbres élevés, les plantes grimpantes en fleur,
les bambous vert émeraude et les cascades cristallines s’avèrent
certainement idylliques.

On peut apporter son panier-repas ou demander
un savoureux déjeuner de poulet ou de porc rôti sur la braise,
accompagné de riz, de haricots, de salade et d’une bière fraîche dans
un petit restaurant niché dans les arbres. Après le déjeuner, les papas
pourront se reposer avec un rhum, les mamans et les petits, barboter
dans les étangs moins profonds, alors que les plus grands pourront se
jeter à l’eau depuis les rochers, s’ébattre dans les cascades.

Dimanche soir, tous rentrent à La Havane, calmes, bronzés et
somnolents, laissant derrière eux Las Terrazas vide et en paix, où ne
résonne que le son des cascades alors que les rayons du soleil forment
des reflets dorés sur les eaux.

Juliet Barclay

Juliet Barclay a travaillé dans le journalisme, la photographie et le design management. Ses travaux sont publiés en Angleterre, aux Etats-Unis et dans la Caraïbe. Ce sont ses 1ers voyages à Cuba, marqués par la frustration d’un manque flagrant d’information en anglais sur la ville, qui l’ont poussé à créer « Havana-Review of a City ». Elle a également travaillé plusieurs années en tant que chef de projets Design de la Direction du Patrimoine Culturel de l’Office de l’Historien de la ville de La Havane.