Havana Club VS Bacardi, nouveau round à l’OMC

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L‘amateur de mojito, du Havana Club 7 ans d’âge (sans glaçon), le véritable habitué du Floridita et de ses daiquiris ( 6 euros tout de même…) quand ils dégustent leur rhum cubain favori (car il n’est pas le seul), sont loin de penser qu’à l’OMC, à Genève, à la Cour Suprême des Etats Unis, se joue depuis des années une « bataille » de très grande ampleur, déclenchée par Bacardi, l’autre marque mondiale, et soutenue par les autorités tous azimuts des Etats Unis.

Depuis 1994 —et ce qui fut officialisé en 1998 selon une loi ad hoc 100 % US— Bacardi qui a son siège aux Bermudes, distribue aux Etats Unis ses rhums, fabriqués à Porto-Rico, sous le nom de …Havana Club, société qui a son siège à Cuba et qui opère avec le groupe français Pernod Ricard. L’OMC, garant du « respect de la norme collective commerciale mondiale », avait déjà condamné cette loi en 2002, que les USA devait modifier « dans un délai raisonnable »…Elle vient de faire savoir à Genève que « l’heure est venue ». « Nos législateurs y travaillent » ont répondu les USA. Ce n’est pas exactement demain que l’affaire sortira de son labyrinthe juridique.

En attendant, le consommateur de Bacardi, dont la publicité est : « premier rhum de Cuba » continuera de croire qu’il boit un rhum cubain. « Premier rhum de Cuba », il l’est en effet …chronologiquement, depuis bien longtemps. Aujourd’hui, la marque US vend un « rhum cubain » fabriqué …à Porto-Rico.

Havana Club VS Bacardi : l’OMC s’adresse avec fermeté à Washington

posté par Michel Porcheron (avec l’AFP-Genève)

Une dispute commerciale vieille de 15 ans entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis, portant sur l’utilisation d’une marque de rhum d’origine cubaine, a refait parler d’elle mardi (25/06/2013) à l’Organisation mondiale du commerce (OMC, 159 membres).

Lors d’une réunion de l’Organe de règlement des différends de l’OMC, les diplomates européens, soutenus par les Cubains (qui ne sont pas demandeurs officiellement) et les Chinois, ont fait part de leur impatience à leurs homologues américains et ont demandé aux États-Unis de se mettre en conformité avec un jugement rendu par l’OMC en 2002 relatif au rhum Havana Club. En 2002, l’OMC avait déclaré cette loi non conforme aux accords TRIPS sur la propriété intellectuelle, suite à une plainte déposée par l’UE.

Pour leur part, les diplomates des Etats Unis ont assuré mardi que les membres du Congrès allaient bientôt discuter de ce sujet.

Le rhum Havana Club a été créé en 1934 par la société américaine José Arechabala, dont l’ensemble des avoirs avaient été saisis par le gouvernement de Fidel Castro. La marque, tombée dans le domaine public, a été redéposée aux États-Unis par Cuba Export en 1976, qui l’a depuis revendue à Havana Club Holdings (société conjointe entre le groupe français Pernod-Ricard et Havana Rum and Liquors of Cuba).

Le différend commercial entre Européens et Américains remonte lui à une loi américaine appelée « Section 211 », adoptée en 1998, et qui a permis au groupe américain Bacardi d’utiliser la marque de rhum « Havana Club », fabriqué à Porto Rico, sur le sol américain.

Le gendarme du commerce mondial avait demandé aux États-Unis de se conformer à ce jugement dans un laps de temps raisonnable. À plusieurs occasions, l’UE a pour sa part accordé aux États-Unis des délais de temps supplémentaires pour leur permettre de modifier leur législation selon les directives de l’OMC.

Mais en 2012, le groupe français de vins et spiritueux Pernod Ricard a perdu son dernier recours devant la Cour suprême américaine pour tenter d’obtenir le droit de commercialiser son rhum cubain aux États-Unis.

Si du fait de l’embargo américain sur Cuba, Pernod Ricard n’a pas le droit de vendre aux États-Unis son rhum parce qu’il est fabriqué à Cuba, il estime qu’un jour les sanctions seront levées et qu’il sera alors pénalisé si sa marque est déjà utilisée par un autre sur le marché nord-américain.

De son côté, Bacardi affirme que son Havana Club, même s’il est distillé à Porto-Rico, a des racines cubaines car il suit la recette du fondateur José Arechabala, reprise par des descendants exilés aux États-Unis après la Révolution cubaine de 1959.

Voir (en espagnol, existe en anglais) : http://www.cubaminrex.cu/es/search/node/OMC

[les Etats Unis ne limitent leur « action » à la marque Havana Club. La marque de havane « Cohiba » est également concernée par la même « politique »] (mp).