Y aura-t-il à nouveau un service postal entre les USA et Cuba ?

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Un article de Katrien Demuynck pour CUBANISMO

Remettre en cause l’embargo !

En 1963, l’embargo économique décrété unilatéralement par les Etats-Unis mettait une fin abrupte aux services de poste existant entre Cuba et les Etats-Unis.

Ainsi, pendant 50 ans, les enveloppes et autres colis ont dû voyager par un pays tiers avant de pouvoir arriver aux Etats-Unis.

Une situation paralysante, mais ne pouvant être débloquée qu’en remettant en cause l’embargo.

Il va de soi que les cubains n’ont pas attendu bêtement et qu’entre temps, des alternatives à la communication postale telle qu’internet ou le téléphone sont largement utilisés. Mais Cuba reste un pays du tiers monde. L’accès à internet n’est donc pas une évidence pour tout un chacun. Sans parler de l’embargo, qui réduit notoirement l’accès à la toile mondiale. Et puis internet ne résout pas tout : bien malin qui pourra envoyer un colis sans service postal !

En fait, il faut savoir que la politique agressive des USA vis-à-vis de Cuba est en grande partie une conséquence de la lutte sans merci que livrent les lobbies cubano-américain au Congrès. Les anticastristes y occupent les positions stratégiques. Aussi bien dans la Chambre qu’au Sénat, ont-ils ainsi la présidence de la commission des Affaires Etrangères. A la chambre avec la Républicaine Ileana Ros-Lethinen et au Sénat avec le démocrate Bob Menendez.

Mais, même au sein de ces enceintes, de plus en plus de voix s’élèvent contre cet état de fait. Ainsi du Sénateur Démocrate Patrick Leahy du Vermont, du Sénateur Républicain Jeff Flake ou encore de Jerry Mohan, d’Arizona et Kansas. Bien sûr, loin d’eux l’idée de soudain défendre la Révolution Socialiste Cubaine. Leurs arguments ciblent surtout la perte que représente le marché Cubain, évalué à environ 20 milliards de dollars. Il est selon eux absurde que la Chine et même l’Union Européenne viennent ainsi se servir à leur nez et à leur barbe sur un marché géographiquement tellement proche des USA… Et tout ça à cause du blocus économique qu’ils ont eux-mêmes édictés !

D’ailleurs, les Cubains discutent actuellement avec les Européens afin de faire évoluer la “position commune” de ces derniers, vers une normalisation de leurs relations. Avec l’Amérique-Latine, Cuba entretient d’excellentes relations depuis un petit temps déjà. D’ailleurs, Raul Castro a même été élu en 2011 au poste de président du CELAC, la Communauté des Etats Latino-américains et des Caraïbes.

Pour Cuba, de meilleures relations avec les USA signifieraient une levée du blocus vieux de 50 ans et un afflux conséquents de touristes nord-américains – moyennant bien entendu une levée également de l’interdiction américaine de voyager à cuba – et par là-même une bouffée d’oxygène nécessaire pour l’économie du pays.

En 2009, Obama promettait le changement. Jusqu’à maintenant, il faut dire que l’attente se fait plutôt vaine. Il faut tout de même noter que les cubains installés aux Etats-Unis ont désormais l’autorisation de visiter leur famille à Cuba et par ailleurs de leur envoyer de l’argent.

Dès lors, le fait que des responsables étasuniens et cubains s’assoient autour de la table par rapport à la réinstauration éventuelle d’un service de poste entre les deux pays augure peut-être – qui sait ? – une renégociation de la politique migratoire des Etats-Unis vis-à-vis de Cuba…

Par ailleurs, René González, le premier des Cinq Cubains à avoir été libéré – non sans avoir d’abord purgé entièrement sa peine injuste - a récemment reçu la permission de retourner à Cuba. Initialement, la Cour lui avait imposé un programme de réinsertion obligatoire de trois ans dans la société américaine. Une décision qui l’écartait inutilement de sa famille pour trois années supplémentaires. Il va sans dire qu’il est peu probable que le ministère de la Justice prenne une telle mesure sans d’abord consulter les Affaires étrangères. En ce sens, le retour de René consiste également en un signal dans la bonne direction.

La question reste évidemment de savoir si les Américains iront jusqu’au bout… Les Cubains, pour leur part, ont répété à plusieurs reprises qu’aucune question n’était pour eux taboue quand il s’agit de l’amélioration des relations avec les Etats-Unis. Cela bien sûr, tant que les discussions ont lieux sur le ton du respect mutuel et de l’égalité. Concluons en disant que si les États-Unis veulent réellement envoyer un signal fort, alors ils pourraient (enfin) résoudre l’affaire des Cinq Cubains en relâchant les quatre prisonniers restants, toujours détenus après 15 années de détention injustifiée.