A la Maison Victor Hugo "Métaphores et métamorphose"

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Présentation par Lismary del Prado, directrice de la Maison Victor Hugo de l’exposition « De métaphores et métamorphose », une exposition collective d’artistes différents : Lázaro Saavedra, Reinerio Tamayo, Maurice Abad, Eduardo Abela M et Ruben Alpizar.

Ces artistes sont bien connus et importants dans les arts visuels contemporains, ont en effet participé à diverses manifestations internationales, y compris la récente Biennale de Venise.
Pour cette exposition, le thème est la recontextualisation des icônes et des symboles de l’art français de différentes époques et de styles, apportés au contexte cubain contemporain. Certaines des références que ces artistes vont montrer dans leurs oevres sont Rodin, Courbet, l’École de Fontainebleau et la Tour Eiffel.

Article publié par la revue numérique OPUS HABANA et aimablement traduit en français par Patrick Gayte, que nous remercions.

Once upon a time…..

Lázaro Saavedra, Reinerio Tamayo, Rubén Alpízar, Eduardo Abela y Mauricio Abad, ensemble pour l’exposition « métaphores et métamorphoses », pour recontextualiser sans détour les icones et symboles de l’art français de diverses époques et styles.

Il était une fois un pays, ! quel pays.. ! Les origines tourmentées d’un monde qui se pâme devant l’insolite, le réalisme merveilleux d’un paysage perdu dans le temps ; la chaotique coexistence de signes et de métaphores d’un univers reconnaissable aux yeux en quête d’étonnement ; et-à la fin- les portes de l’enfer.

Un pays , une religion, un lieu, un espace , une histoire, un écrin.

Une histoire qui parait se répéter encore et encore, avec une fin heureuse et apparemment réconciliatrice, ou à l’opposé un final révolutionnaire. Et c’est ainsi que s’est écrit l’histoire de l’art à travers les âges ; styles qui se succèdent, dans l’harmonie quelquefois ; dans la rupture à d’autres occasions. Cependant, chacun a su choisir ses expressions et représentations esthétiques qui correspondent le mieux à son profil pour dialoguer avec elles jusqu’à la fin des temps.

Ainsi ont procédé Lazaro Saavedra ; Reinerio Tamayo ; Ruben Alpizar ; Eduardo Abela y Mauricio Abad ; des artistes qui s’unissent dans la démarche « Métaphores et métamorphoses » pour recontextualiser sans détour les icones et symboles de l’art français de diverses époques et divers styles.

Chaque pièce exposée dans les deux salles de la Casa Victor Hugo , joue avec les signes et références de l’art français, pas seulement en matière de peinture, les icones tels que la Tour Eiffel y sont aussi utilisés. Parmi les œuvres picturales décryptées par nos artisans on trouve Les portes de l’Enfer (Auguste Rodin), La mort de Marat (Jacques-Louis David) et L’origine du Monde (Gustave Courbet) ; pendant que d’autres personnalités comme Toulouse Lautrec et Vincent Van Gogh servent au rendez vous et à la plus enrichissante parodie.

Les formats choisis varient en même temps que le style si bien que pour autant que l’on ne considère pas une représentation au nombre d’œuvres, les cinq artistes qui exposent présentent des pièces révélatrices de leur poésie, qui jouent avec ces références pour interagir avec un public relativement connaisseur. Bien que pas exclusivement, on doit avoir une connaissance de l’histoire de l’art pour apprécier cette exposition sympathique jusqu’à un certain point. Elle a été conçue pour un public hétérogène et large, qui puisse s’identifier à ces rendez vous, revivre des expériences ou en tirer quelque idée nouvelle pour une œuvre future

L’objectif n’a pas été d’homologuer les styles ici présents, pour cela le défit fut grand de rendre cohérent la présentation des œuvres rassemblées tout en conservant à chacune sa personnalité propre.

De la sorte chacune a son espace de dialogue avec le visiteur, même l’œuvre processuelle de Mauricio Abad, qui se trouve dans la petite salle de l’entresol. Et justement parce qu’elle est une œuvre autobiographique et en même temps amusante, on lui a réservé cet espace intime et exclusif, de telle sorte que la muséographie de l’exposition ne soit pas rompue.

Pour leur part, les pièces de Reinerio Tamayo nous enchantent comme toujours par leur caractéristique sens de l’humour. L’origine du Tiers Monde attire le regard du spectateur, mais les couleurs employées et la délicatesse qu’elles expriment compensent un peu la vérité crue que reflète l’œuvre. La métaphore de l’ouragan et du corps féminin est inattendue et surprenante. Mais au delà de la complicité qui ressort de cette association, il existe une raison subjacente qui frappe par sa lucidité : la condition convulsive des pays du Tiers Monde.

Initialement l’exposition parait être un jeu, une plaisanterie ; malgré cela chaque pièce possède une charge sémantique pas si évidente au yeux d’un public naïf. La Hucha de Reinerio Tamayo, par exemple, signifie-à première vue-un relâchement du discours ; toutefois, ceux qui pourront identifier le personnage se rendront compte de la tristesse qui sied à un tel graphisme kitsch de Van Gogh.

De même dans « De la série : La reconstruction des faits » de Ruben Alpizar ; où la Liberté « change, achète et vend » pendant que Marat meurs dans sa baignoire un cigare ramolli dans la main qui symbolise sa chute. Et pour « sacraliser » un personnage qui a vécu en désacralisant une société, Toulouse Lautrec crache sur la plage une nuit étoilée.

Mythes recontextualisés, parodiés et réinventés par des artistes qui ont su utiliser par le talent et l’audace le rendez vous de l’art.

Merci à eux de nous offrir un art délicieux et un humour intelligent en ces temps cataclysmiques où l’œuvre artistique se perd dans des projets sans contenu et des idées sans consistance. A eux ces métaphores de l’art français qui deviennent d’originales métamorphoses de l’art cubain le plus contemporain. Histoires qui engendreront d’autres histoires until the end of times….

Lismary del Prado
Spécialiste principale de la Maison Victor Hugo

Le logo de cet article est la reproduction d’une oeuvre de Reinerio Tamayo : Toulouse Lautrec en la Playa (2013), acrílico sobre lienzo, 100 x 85 cm

Portfolio

EXPOSITION MAI 2013
EXPOSITION MAI 2013
EXPOSITION MAI 2013
EXPOSITION MAI 2013