Baracoa, première capitale de CUBA !

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Baracoa, la plus ancienne des villes cubaines, est le site parfait pour les voyageurs indépendants qui recherchent quelque chose de différent. L’ambiance est unique, aussi belle qu’évocatrice, inquiétante, envoûtante. La ville semble avoir été conçue pour servir de décor à un film épique de Hollywood.

Baracoa s’étend aux pieds du plateau El Yunque – ce nom répond à la forme verticale de ses parois et aplatie de son sommet – qui flotte mystérieusement au-dessus des montagnes qui l’entourent pour former un grand amphithéâtre naturel qui aboutit à la baie Miel.

Article publié par CUBANIA

" Je dis la merveille de la beauté de cette terre, et de ces arbres où l’on trouve pins et palmiers, et de vastes étendues pastorales : est la plus belle chose au monde."

Christophe Colomb découvrant CUBA...

La beauté de Baracoa est surtout évidente à l’aube et depuis l’hôtel El Castillo, implanté dans l’ancienne forteresse El Seboruco, bâtie dans les années 1830 au-dessus d’un promontoire qui sépare la baie de la mer et qui offre une vue panoramique de la ville. Au dessous, un voile d’ombre enveloppe les petites maisons en bois, aux toits de tuiles rouges. Les premières lueurs du jour émettent des scintillements argentés sur les eaux alors qu’un éclat rougeâtre couvre la surface de la montagne. El Yunque brûle comme des braises alors que le soleil matinal teint de rouge la rosée qui descend des hauteurs.

Les rayons du soleil levant teignent de rouge les petits bateaux de pêche et de jaune les cimes des palmiers, parsèment de taches violette et vermillon les toits et, pour un instant, le petit village semble brûler. Puis, le soleil tropical monte et la belle conflagration s’éteint comme par enchantement en nous laissant seulement le souvenir chimérique de l’ensorcellement évanescent de Baracoa à l’aube.

Baracoa, la ville première

Baracoa fut le premier des sept bourgs fondés par Diego Velázquez de Cuéllar, le premier gouverneur de Cuba. Portant avec élégance son chapeau de plumes et sa cape de velours brodée d’or, Velázquez arriva à Cuba en 1511 et fonda le bourg de Nuestra Señora de la Asunción de Baracoa, d’où il partit à la conquête du reste de Cuba. Le cacique Hatuey dirigea la première, hélas gâchée, résistance indigène contre la cruauté des envahisseurs espagnols avant d’être capturé et condamné au bûcher. Un buste du héros indigène, monté sur un piédestal et situé dans un coin de la place de l’Indépendance, un petit parc en forme de triangle connu comme place Cacique Hatuey, rappelle la prouesse.

Le musée d’archéologie montre des squelettes indiens dans une grotte funéraire. Pour mieux connaître l’histoire de la localité, adressez-vous au fortin Matachín qui protège l’entrée est de la ville. À en croire les informations données, Christophe Colomb foula pour la première fois le sol cubain à Baracoa et El Yunque était la « montagne haute et carrée » qu’il décrivit le 27 octobre 1492. Cependant, de l’avis des experts, il s’agissait d’une élévation semblable située à proximité de Gibara.

Selon les habitants de Baracoa, la Cruz de Parra, une croix en bois foncé, très usée, conservée dans l’église paroissiale Nuestra Señora de la Asunción de Baracoa, en est la preuve matérielle. Ils signalent d’autre part que cette croix à pointe métallique a accompagné l’Amiral pendant son voyage. La datation à l’aide du carbone 14 ratifie son ancienneté même si le bois est originaire de Baracoa.

Comme les montagnes escarpées isolaient le bourg fondé par Velázquez du reste du pays, il fut décidé en 1517 de proclamer Santiago de Cuba, avec sa baie décidément supérieure, comme la nouvelle capitale de Cuba. Quatre siècles durant, Baracoa réussit à survivre grâce à la contrebande et au faible commerce du cacao. À la veille du triomphe de la Révolution, la ville languissait encore, dépourvue de routes ou d’un chemin de fer la reliant au reste de l’île. Suite à l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, la condition de Baracoa changea significativement grâce à la construction d’une route entre les montagnes, La Farola, reliant finalement le bourg à Santiago de Cuba.

Cependant, la ville a un air ancien, avec sa petite forteresse et ses rues bordées d’édifications vénérables en bois, délabrées et humbles, aux auvents en tuiles rouges soutenus par des encadrements en bois vétuste. Elle s’avère particulièrement agréable pendant la nuit, lorsque la chaleur du jour disparaît et que la brise invite à la promenade. Rejoignez ensuite les habitants qui se donnent rendez-vous sur la place José Martí pour regarder la télé en plein air, comme s’il s’agissait d’une scène de Macondo, le village surréaliste du roman de Gabriel García Márquez Cent Ans de solitude.

« La ville a un air ancien, avec sa petite forteresse et ses rues bordées d’édifications vénérables en bois ».
Cacao cubain (Photo : Photocuba.com)

La cuisine et la nature

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Baracoa est réputée pour sa cuisine régionale dont la noix de coco constitue l’ingrédient principal. Les kiosques et étals offrent des pâtisseries exquises : pudin de boniato (sucre, lait de noix de coco et pâte de patate douce) ; yemitas (petites boules de chocolat, noix de coco et sucre) et le délicieux turrón de coco (tablette de noix de coco râpé mélangée avec du lait et du sucre). Le cacao, base du chocolat Baracoa, est cultivé dans la région. La Casa del Chocolate, située sur la rue Antonio Maceo, propose du chocolat chaud, de la mousse au chocolat (rarement…) et des tablettes de chocolat alors que l’usine de Cucurucho, à l’ouest de la baie, est le site idéal pour acheter des cucuruchos (délicieuse combinaison à base de noix de coco, confite avec de l’ananas, du miel d’abeille, de l’orange et ou encore avec des amandes).

Il y a beaucoup à voir et à faire à Baracoa. La côte orientale, une zone encore vierge, est riche en possibilités encore inexploitées pour les randonnées pédestres et le tourisme écologique. Les randonnées jusqu’au sommet d’El Yunque et à travers le parc national Alexandre von Humboldt, situé à proximité, vous aideront à vous débarrasser des petits excès de coco. Dans le parc vous trouverez les polymitas* – escargots terrestres aux vives couleurs -, endémiques de la région. Le simple fait de se rendre à Baracoa depuis Guantánamo, à travers l’autoroute La Farola, est déjà en soi une aventure. Vous monterez et descendrez des courbes angoissantes qui vont et viennent tout au long de la Sierra del Purial, à travers les vallées et les rivières de Yumurí. Une autre belle expérience est celle de parcourir la rivière Yumurí. Des excursions en canot sont proposées depuis l’embouchure de la rivière jusqu’à la source.

Au-delà de Yumurí, le chemin qui longue la côte (autoroute étonnante et dangereuse appelée La Boruga) monte jusqu’au village La Máquina, en plein cœur des terres hautes où le café est cultivé. Le village donne sur une vaste plaine côtière couronnée par un phare construit en 1862 à Punta de Maisí**, à l’extrémité orientale de Cuba. Vous pourrez emprunter un chemin de terre rouge qui vous emmènera aux limites de la terre où le soleil se lève quarante minutes plus tôt qu’à La Havane.

* Polymita, espèce qui habite dans diverses zones de la région oriental. Polymita picta est une espèce que l’on trouve seulement dans les forêts de Maisí et de Baracoa.

** Depuis 2004, il faut être muni d’un permis pour visiter certaines zones qui font l’objet de divers projets de recherche.

Par Christopher BAKER

Christopher Baker est l’auteur de « Moon Handbooks Cuba »,
« Motorcycling Through Castro’s Cuba », et « National Geographic Traveler’s
Cuba ». Il est considéré comme spécialiste de Cuba et comme la
principale autorité aux États-Unis en matière de voyages à Cuba.
Christopher Baker s’est rendu sur l’île plus de 30 fois, et l’a
parcourue 4 fois d’une extrémité à l’autre. Il a rencontré nombre de
membres du gouvernement, parmi lesquels le Comandante Fidel Castro. Il
est également à l’origine du site : http://www.travelguidebooks.com/