Cuba en voie d’unifier sa double monnaie ?

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Depuis la création de la double monnaie en 1994, la plupart des habitants de l’île sont payés en pesos cubains, qui vaut moins de cinq cents américains, alors que les touristes et les Cubains qui oeuvrent dans l’industrie touristique transigent en pesos convertibles, ou CUC, qui vaut un dollar américain.

Cuba est le seul pays au monde à émettre deux monnaies, un système inusité dont même le président Raul Castro dit qu’il paralyse l’économie socialiste et doit être éliminé.

Un article de PETER ORSI pour l’Agence France-Presse publié par LAPRESSECA.

IMPORTANT : Le quotidien cubain GRANMA publie le 22 octobre une note d’information qui confirme le début d’unification de la monnaie. Lire l’article en espagnol, vous en trouverez la traduction de Gaston Lopez pour CUBASI PROVENCE, à la suite de cet article.

http://www.granma.cubaweb.cu/2013/10/22/nacional/artic07.html

LIRE ÉGALEMENT SUR LE SUJET DEUX ANALYSES :

http://www.medelu.org/L-unification-monetaire-a-Cuba

ET
http://www.legrandsoir.info/cuba-a-l-aube-d-une-importante-reforme-de-la-double-monnaie.html

Eliminer graduellement la double monnaie ...

Des mois après que M. Castro eut fait de l’unification de la devise un projet central du parlement, aucun détail n’a été révélé. Cependant, un projet pilote mené en toute discrétion pourrait contenir des indices quant à une sortie du système.

Depuis la création de la double monnaie en 1994, la plupart des habitants de l’île sont payés en pesos cubains, qui vaut moins de cinq cents américains, alors que les touristes et les Cubains qui oeuvrent dans l’industrie touristique transigent en pesos convertibles, ou CUC, qui vaut un dollar américain.

Ce déséquilibre signifie que les docteurs et les physiciens gagnent moins d’argent que les chauffeurs de taxi et les aubergistes, malgré les années d’étude qu’exigent leurs professions. Lors d’un discours en juillet, M. Castro a déploré que le système monétaire avait un effet déformant sur l’économie et la société en général.

Malgré les risques potentiels sur l’inflation et les entreprises locales, on voit apparaître des signes de changements et d’un juste milieu que pourraient trouver les deux devises.

Un ancien économiste de la banque centrale cubaine maintenant à l’université colombienne Javeriana, Patro Vidal, a affirmé à l’Associated Press qu’un projet pilote était lancé dans quelques entreprises sélectionnées, testant une devise d’une valeur d’un dixième de dollar américain.

Ces entreprises oeuvrent dans des secteurs clés tels que la culture du sucre, l’hôtellerie et les coopératives non agricoles. Aucune mention officielle n’a été faite dans les médias, mais M. Vidal a confirmé que c’était en cours et qu’il s’agissait d’un bon pas vers l’avant.

« C’est très bien parce que l’élimination de la double devise doit se faire graduellement », a-t-il dit.

D’autres pays communistes ont tenté l’expérience d’une seconde devise réservée aux étrangers et aux échanges commerciaux, mais tous l’ont laissée tomber. L’Union soviétique en a fait l’essai dans les années 1920 et la Chine, dans les années 1980 et 1990.

Pour Cuba, l’idée semblait fort simple : les voyageurs canadiens et européens dépenseraient les CUCs dans les boutiques du gouvernement, qui desservent presque exclusivement des étrangers, alors que les Cubains continueraient de vivre selon l’idéal socialiste, avec la devise locale.

Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. À mesure que les autorités retiraient des subventions qui couvraient autrefois la majorité des coûts de loyer et de nourriture, les Cubains sont devenus de plus en plus dépendants à leurs revenus d’appoint en CUC, obtenus au noir dans l’industrie touristique ou de leur famille vivant à l’étranger.

Résultat : un déséquilibre du système des salaires, dans lequel les travailleurs peu qualifiés comme les femmes de chambre d’hôtel font un meilleur salaire grâce aux pourboires des voyageurs que les professionnels.

Un médecin de 53 ans, qui a gardé l’anonymat, a récemment quitté sa profession pour aider sa mère à louer des chambres aux touristes, parce que son salaire mensuel de 25 $ ne lui permettait pas de se nourrir convenablement.

En comparaison, le surveillant de stationnement Rigoberto Sanchez Beltran gagne entre 70 et 100 $ par mois. Bien qu’il parvienne difficilement à joindre les deux bouts, il sait que son emploi l’avantage par rapport à bon nombre de ses voisins mieux éduqués que lui.


Cuba : NOTE OFFICIELLE

L’orientation N°55 de la Politique Economique et Sociale du Parti et de la Révolution approuvée par le 6° Congrès du PCC indique que : « Nous devons aller vers l’unification monétaire en tenant compte de la productivité du travail et de l’efficacité des mécanismes de distribution et de redistribution. A cause de sa complexité, ce processus exigera une préparation et une exécution rigoureuses tant objectivement que subjectivement ».

Pour mettre en œuvre cette orientation, il a été décidé en Conseil des Ministres de mettre en vigueur le chronogramme d’exécution des mesures qui conduiront à l’unification de la monnaie et du change.

Comme il a été indiqué, l’unification de la monnaie et du change n’est pas une mesure qui puisse résoudre à elle seule tous les problèmes de l’économie mais son application est indispensable pour garantir le rétablissement de la valeur du peso cubain et de ses fonctions comme argent, c’est à dire comme unité de compte, moyen de paiement et de capitalisation. Ce qui précède uni à l’application des autres politiques tournées vers l’actualisation du modèle favorisera l’ordonnancement de l’entourage économique et, en conséquence, la mesure correcte de ces résultats.

On commencera le processus de l’unification monétaire pour les personnes juridiques et les personnes naturelles.

Les principaux changements lors de cette première étape se produiront dans le secteur des personnes juridiques afin de favoriser les conditions d’une meilleure efficacité. La meilleure mesure des faits économiques est la stimulation des secteurs qui produisent des biens et des services pour l’exportation et la substitution des importations.

On commencera par une période de préparation des conditions qui permettront l’élaboration des propositions des normes juridiques, des plans de changement des systèmes informatiques chargés des registres comptables et des ajustements en ce qui concerne es normes de comptabilité. Ce sera également une étape essentielle pour la formation des personnes qui doivent s’occuper de l’exécution des différentes transformations.

Le Général d’armée Raùl Castro Ruz, lors de son discours de clôture de la Première Session Ordinaire de la 8° Législature de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire, au mois de juillet dernier, a déclaré à propos du processus d’application des Grandes Lignes ce qui suit : « Je veux rappeler que sur ce front de signification stratégique, l’avancée a continué et déjà, on commence à observer les premiers résultats encourageants bien qu’il soit aussi vrai qu’un chemin long et complexe est encore nécessaire pour actualiser notre modèle économique et social en associant à ce processus le soutien de la majorité de la population à ce processus, ce qui exclut l’utilisation de thérapies de choc et l’abandon de millions de personnes qui caractérise les politiques d’ajustement appliquées ces dernières années dans plusieurs pays de la riche Europe ».

De même, lors des dernières années de la Révolution Cubaine, nous avons appliqué une stratégie identique, aucune mesure adoptée en ce qui concerne le domaine monétaire ne pourra porter préjudice aux personnes qui, licitement, ont des revenus en CUC ou en CUP. En ce sens, le processus d’unification monétaire respecte les principes selon lesquels la confiance gagnée par les personnes qui ont maintenu leurs épargnes dans les banques cubaines en CUC et en devises internationales et CUP reste intacte et l’on continuera à appliquer la politique en vigueur de subventions à prix symboliques et aux personnes pour lesquelles cela sera nécessaire autant que les conditions économiques du pays le permettent. Le CUC, de même que le CUP sont des monnaies cubaines émises par la Banque Centrale de Cuba et garderont leur valeur complète.

Dans l’avenir, on continuera d’étendre la possibilité qui existe aujourd’hui, d’accepter dans les magasins qui vendent en CUC des paiements en CUP avec des cartes bancaires éditées dans cette monnaie.

Expérimentalement, dans des endroits sélectionnées, on pourra effectuer des paiements en CUP pour l’équivalent calculé au taux de change de CADECA de 25 CUP pour 1CUC.

Conformément à la progression d’exécution du chronogramme, on fera connaître les détails des mesures qui correspondent à chaque étape, aussi bien aux spécialistes des entités qui doivent participer à leur implantation, qu’à la population.

(source « Granma » 22 octobre 2013

traduction Gaston Lopez)

Uu sérieux problème qu’étudie la direction du pays. Le Président Raul Castro avait déjà soulevé la question lors du Congrès du Parti Communiste Cubain et depuis il ne fait aucun doute que des études sont menées afin de mettre en oeuvre cette mesure dans les conditons les moins contraignantes pour l’économie du pays et pour le peuple cubain.

RG