ISA, université cubaine des arts

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Cet article a été publié sur notre site le 15.12.2013. Des spectateurs du film YULI sur le danseur Carlos Acosta qui le montre à plusieurs reprises dans les structures défraichies de cet établissement, se sont inquiétés de son état actuel et de son utilisation. Donc acte.
L’Institut Supérieur de l’Art, ISA, est l’université cubaine des arts. Il a ouvert ses portes le premier septembre 1976 suite à la Loi 1307 du 29 juillet 1976, dans laquelle sa création a été déterminée. La structure initiale a compté trois facultés : Musique, Arts Plastiques et Arts Scéniques, avec trois carrières qui correspondaient aux facultés mentionnées.

Actuellement, l’Institut Supérieur de l’Art compte quatre facultés, les trois initiales et celle d’Arts des Moyens de Communication Audio-visuelle. Il y a aussi quatre Unités d’Enseignement en province, une à Camagüey, deux à Holguín et une à Santiago de Cuba.

Par Divers auteurs Traduit par Alain de Cullan

L’Institut Supérieur de l’Art, une institution singulière !

Son travail comprend les enseignements pre-grade y post-grade, ainsi qu’un vaste spectre de cours courts et d’extension, y compris la préparation des professeurs cubains et étrangers qui optent pour le grade de Docteur en Sciences sur l’Art.

Les possibilités d’étude dans l’éducation pre-grade ont été augmentées à cinq carrières : Musique, Arts Plastiques, Art Théâtral, Danse et Art des Moyens de Communication Audio-visuelle. Le nombre des profils a été augmenté à 39.

Le Prix National de l’Enseignement Artistique a été établi en 1996, afin de reconnaître l’œuvre de toute une vie au service de l’enseignement des arts.

La genèse

L’Institut Supérieur de l’Art est une jeune université. Il a été fondé le 29 juillet 1976. Le lieu choisi pour placer la première pierre a été l’ancien select Country Club, un éden récréatif des plus favorisés par la fortune avant 1959. Depuis lors, l’environnement naturel stimule la création des jeunes talents qui réalisent leurs œuvres dans des installations spécialement conçues pour l’instruction et la pratique artistiques.

La création de l’Institut Supérieur d’Art a été définie par la Loi 1307 – en date du 29 juillet 1976 – qui a établi la structure des spécialisations de l’Éducation Supérieure suite au haut niveau atteint par l’enseignement des arts dans le pays. L’Institut a ouvert ses portes le premier septembre de cette même année ; à sa direction, le notable pédagogue et critique d’art cubain Mario Rodríguez Alemán, Recteur Fondateur.

La structure initiale de l’Institut Supérieur d’Art a été composée de trois facultés : Arts Plastiques, Arts Scéniques et Musique. En 1987 et 1989, respectivement, les Carrières et les Facultés de l’Art de la Danse (avec des profils en Ballet, Danse Contemporaine et Danse Folklorique) et Art des Moyens de Communication Audio-visuelle, ont ouvert leurs portes.

En 1994, pour des raisons organisationnelles, méthodologiques et économiques, les Facultés d’Art Théâtral et d’Art de la Danse ont été regroupées sous un même toit et un même nom : Faculté des Arts Scéniques.

L’architecture

Cinq bâtiments ont été érigés sur les rives de la rivière Quibú, au cœur de Cubanacán, s’inscrivant définitivement aux nouvelles écoles dans les pages de l’Histoire de l’Art Cubain. Chaque construction du projet accueille une carrière artistique différente, donc les conceptions sont dissemblables, déterminées par la technique requise pour chaque spécialité. De là, la grande variété stylistique de l’ensemble et, à la fois, son unité.

Ce sont les architectes Ricardo Porro, Vittorio Garatti et Roberto Gottardi qui ont matérialisé le rêve. Ils possédaient différentes racines, une même façon de faire, mais aussi, la clarté d’un même objectif : la confirmation de la tradition culturelle et l’expression de l’identité cubaines dans ces œuvres.

Entre l’exubérance de verts tropicaux de la végétation de Cubanacán, flambait la chaleur du rouge de la brique nue ; les patios intérieures et les galeries qui relient le moderne au plus traditionnel de l’architecture créole se profilaient, ainsi que les formes de la Faculté des Arts Plastiques – une construction emblématique – avec ses coupoles catalanes et d’autres sortilèges voluptueux suggérant la sensualité débordante du Tropique.

Roberto Segre a dit de ces œuvres qu’il s’agit « de l’ensemble architectonique le plus polémique et débattu à l’échelle nationale et internationale de la période. »

L’architecture des écoles de Cubanacán a notamment influencé le quotidien académique dans les résultats artistiques de notre Université. La coexistence des différentes spécialités dans un même secteur a accentué le caractère multidisciplinaire de l’enseignement, a estompé les frontières entre les arts, rapprochant la pensée des étudiants et des professeurs et de leurs oeuvres.

Regrettablement, durant une assez longue période, ces constructions ont subi les conséquences de l’oubli et de la détérioration de l’économie du pays, toutes ses installations n’ont pas pu être finies. Heureusement, aujourd’hui cette œuvre représentative de l’art de la Révolution reçoit une importante restauration. Très bientôt l’Université des Arts de Cuba méritera définitivement le surnom de Joyau de la Culture Cubaine, nom que lui a donné le Président Fidel Castro en octobre 2004.

Les fondateurs

Dès sa constitution l’Institut a compté un corps enseignant composé d’artistes et de professeurs renommés, représentants des plus avancées tendances créatives et lignes de pensée. Ils ont pris part aux projets artistiques et pédagogiques nés de chaque Faculté et ils ont déterminé les directions esthétiques des didactiques spécialisées de l’Université.

Parmi les premiers maîtres nous devons mentionné les noms des Doyens fondateurs : le sculpteur hispano-cubain Enrique Moret, pour les Arts Plastiques ; le professeur Juan José Fuxá, pour les Arts Scéniques, et l’illustre compositeur, lui aussi natif de la péninsule ibérienne, José Ardévol, pour la Musique. De même que les noms prestigieux des fondateurs de l’Institut Supérieur de l’Art : Fernando, Alberto et Alicia Alonso, Argeliers León, Harold Gramatges, Mario Rodríguez Alemán, ou Isaac Nicola, fondateur de l’École Cubaine de Guitare ; le chercheur et historien du théâtre cubain Rine Leal Pérez ; le peintre Adigio Benítez, et les musiciens et pédagogues Juan Jorge Junco et Domingo Aragú.

Les diplômés

Parmi les plasticiens ayant réalisé des fructueuses carrières professionnelles se trouvent Roberto Fabelo, Gilberto Frómeta, José Bedia, Flavio Garciandía, Tomás Lara, Zaida del Río, Magdalena Campos, Angel Alfaro, Ernesto García, René Negrín, Enrique Angulo, René Francisco Rodríguez et Belkis Ayón.

Dans le domaine de l’Art Théâtral on souligne les acteurs Corina Mestre, Luis Alberto García, Nancy González, Alina Rodríguez, Luisa María Jiménez, Amarilys Núñez Barrios et Patricio Wood ; les directeurs Armando Suárez del Villar, Carlos Díaz et Carlos Cremata, et les critiques Vivian Martínez Tabares, Magda Resik et Omar Valiño.

Dans la licence en Art de la Danse ressortent Ofelia González, Amparo Brito, et Regina Balaguer, de Ballet ; Rosario Cárdenas, Regla Salvent et Lourdes Ulacia, de Danse Contemporaine, ainsi qu’Alfredo O’farril et Bárbara Balbuena, en Danse Folklorique.

Des diplômés de l’Institut Supérieur de l’Art ont obtenu des prix dans des concours et des événements nationaux et internationaux de la plus haute hiérarchie. Certains dans des concours de Musique, de Danse et d’Art des Moyens de Communication convoqués par l’Union des Écrivains et des Artistes de Cuba (UNEAC), la Casa de las Américas et l’Institut lui-même.

Les Concours Internationaux de Guitare « Andrés Segovia », à Grenade, Espagne ; le Concours Latino-américain de Guitare de Monterrey, Mexique ; et le Concours International de Guitare de La Havane ont été les grandes scènes où les licenciés en Art de cet Institut ont conquis quatre premiers prix et de nombreuses autres récompenses. Ils ont remportés deux premiers prix dans le Concours Teresa Carreño, au Venezuela ; la même chose dans le Concours de Musique de Varsovie, et dans le Tchaïkovski, de Moscou. D’autres importants concours où nos diplômés se sont brillamment distingués sont le Concours International de Piano « Ville Manresa » ; le Concours « Teresa Hurtado », de Caracas, Venezuela ; le Concours Mondial de Composition pour Guitare, en Martinique, et le Concours International de Composition de Toronto, Canada.

L’ISA aujourd’hui

Malgré sa jeunesse, notre centre des hautes études est une institution singulière dans le cadre latino-américain. En 1996 il a reçu la Médaille Alejo Carpentier pour sa remarquable action culturelle. En 1999, l’ISA a reçu le Prix Impérial que confère l’Association Japonaise des Arts en reconnaissance à l’excellent travail réalisé pour la formation de tant de générations d’artistes en Musique, Théâtre, Danse, Arts Plastiques et Moyens de Communication Audio-visuelle.

Il faut regarder l’Institut Supérieur de l’Art quand il s’agit de suivre la trace des tendances contemporaines de l’art en Amérique Latine. La critique spécialisée et les artistes de réputation de tout le monde ont fait l’éloge à de multiples occasions de la qualité du travail de l’Institut Supérieur de l’Art :

« … on souligne sa pensée logique, son articulation des idées, son évaluation objective, son développement d’un système des concepts esthétiques et ses critères pour guider la recherche et l’adoption d’un langage personnel et pour stimuler l’imagination et le talent créatif en utilisant un maximum de significations expressives. » (Luis Camnitzer, Art education in Cuba. New York, p. 169)

Aujourd’hui, la structure académique de l’ISA s’est développée, il dispose de deux filiales à Holguín et à Camagüey, et une Unité d’Enseignement à Santiago de Cuba. Cinq carrières et 39 profils sont développés dans ces dernières. De ceux-ci, 24 sont des études précédentes dans le Système National d’Enseignement des Arts et de la Culture de la République de Cuba, les autres sont exclusives du niveau universitaire.

L’Institut Supérieur de l’Art compte actuellement 360 professeurs ; une grande partie sont des artistes en exercice, ce qui confère une grande vitalité et actualisation de leur travail pédagogique. Des professeurs de l’Institut Supérieur de l’Art ont mérité d’importants prix nationaux et internationaux. Le plus significatif de ceux-ci a été le Prix Ibéro-américain de Musique Tomás Luis de Victoria, accordé au maestro Harold Gramatges pour l’œuvre de toute une vie en 1997.