Opération charme de Cuba auprès des malades québécois

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(Trois-Rivières) Pour des raisons économiques ou de temps d’attente indus, déjà, des centaines de Québécois ont choisi de recevoir des soins médicaux à Cuba dont la réputation du système médical, excellente, dépasse maintenant les frontières de l’Amérique latine où des pays n’ont pas hésité à échanger du pétrole contre des docteurs cubains.

Un article de Louise Plante pour LE NOUVELLISTE

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« Nous n’avions pas considéré le Canada dans notre offre de services mais le tourisme a ouvert des possibilités. La demande était là, surtout en orthopédie, mais aussi en ophtalmologie, dentisterie, puis en esthétiques"


Et cette tendance appelée « tourisme médical », ne peut que s’accentuer. En effet, Cuba n’hésite pas à envoyer ses ambassadeurs médicaux au Québec, comme le docteur Osvaldo Hector Ardisana, venu mercredi à Trois-Rivières, vanter l’excellence d’hôpitaux classés ISO 9001, accompagné d’Alain Leclerc, président de Services santé international (SSI), l’agence qui se charge de faire le lien entre Cuba et les patients québécois.

Le docteur Osvaldo Hector Ardisana, de Servimed, Turismo y Salud, Alain Leclerc, propriétaire de l’agence SSI et Christine Rousseau, une patiente, faisaient partie d’une délégation cubaine venue au Québec pour présenter les services médicaux cubains et le tourisme médical à Cuba.

Des ex-patients du médecin ont même fait un saut au restaurant cubain Le Paladar, mercredi, histoire de faire la bise à leur médecin avec qui ils sont restés en contact.

Loin de dénoncer le système de santé canadien, qu’il dit respecter, le médecin a simplement insisté sur l’aspect alternatif de l’offre cubaine. Le docteur Ardisana a raconté comment dans les années 90, Cuba en était venu à exporter ses médecins dans les pays voisins puis à recevoir sur place des patients. Or, comme beaucoup de Québécois passent leurs vacances à Cuba, c’est tout naturellement que le lien s’est fait, surtout compte tenu du temps d’attente pour des chirurgies dans le système de santé public canadien et les coûts élevés en médecine privée.

« Nous n’avions pas considéré le Canada dans notre offre de services mais le tourisme a ouvert des possibilités. La demande était là, surtout en orthopédie, mais aussi en ophtalmologie, dentisterie, puis en esthétique. » Depuis, on a ajouté les chirurgies bariatriques, très en demande et dont le temps d’attente est de plusieurs années au Canada. Des patients s’y rendent aussi pour des traitements contre le cancer et pour des diagnostics.

« Mais c’est le dévouement de notre équipe médicale qui est notre valeur la plus importante », a confié le médecin, approuvé par les patients présents, peu habitués à développer des relations aussi chaleureuses avec des médecins, surtout des spécialistes. Cela dit, les prix nettement plus avantageux plaident aussi pour le tourisme médical.

Bien sûr, se faire soigner à l’étranger a ses limites. C’est pourquoi le docteur Ardisana insiste sur l’importance de prévoir des semaines de convalescence sur place, histoire de s’assurer qu’il n’y a pas d’infection et que la cicatrisation est bien entamée. Trois semaines sont un minimum.

« Parfois, il faut revenir, mais le suivi est gratuit », a-t-il affirmé tout en déplorant que les médecins canadiens collaborent rarement au suivi médical de leurs patients opérés à l’étranger. Les complications, lorsqu’il s’en présente parfois, là comme ailleurs, seraient souvent dues à un retour prématuré des patients dans leur pays et la reprise trop précoce de leurs activités professionnelles.

Pour sa part, Alain Leclerc incite les futurs patients à passer par l’agence SSI pour préparer leur séjour, et ce, jusqu’au devis médical, mais aussi pour régler une foule de détails : langue, monnaie, culture, nourriture, etc.

Christine Rousseau, une jeune femme de 23 ans, originaire de Sainte-Monique, au Centre-du-Québec, assistait à la conférence pour témoigner du traitement qu’elle suit à Cuba pour combattre une rétinite pigmentaire (Stargardt) qui lui a permis de conserver la vue jusqu’à maintenant. Il s’agit d’un des traitements les plus controversés administrés à Cuba (car peu documenté mondialement compte tenu du blocus cubain, explique-t-on), et qu’on ne retrouve pas ailleurs dans le monde, mais qu’elle recommande chaudement.

Mme Rousseau dit avoir été bien reçue à Cuba et surtout, avoir été rassurée de constater que des patients étaient parfois refusés à cause de leur condition physique.

« On ne nous envoie pas directement sur une table d’opération, a-t-elle confié. Il y a beaucoup de tests à passer avant. »

La jeune femme doit retourner tous les ans à Cuba pour y poursuivre ses traitements, mais, dit-elle, c’est là un inconvénient mineur pour conserver sa vue, alors qu’au pays on ne lui proposait aucun traitement.