Quand les médias ignorent Amnesty International

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Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Cuba a été le pays latino-américain, le mieux élu avec 148 votes, suivi du Mexique, 135 votes, qui a également intégré ce Conseil.

  • José Manzanela, coordinateur de Cubainformacion

De nombreux médias internationaux ont poussé les hauts cris concernant l’élection de Cuba avec un message calqué sur celui du Gouvernement des Etats-Unis qui a protesté, par la voix de son porte-parole Jean Psaki. De grands journaux, comme les titres espagnols ABC, El Mundo ou El Pais, n’ont pas fait référence au Gouvernement de Washington mais à de supposés « groupes de défense des Droits de l’Homme » ou « d’organisations humanitaires » dont l’appel à protester a réuni 2 personnes porteuses d’une pancarte devant les Nations Unies.

Mais, quelles sont ces « organisations des Droits de l’Homme » mentionnées par les médias qui condamnent Cuba ? L’une est la « Human Rights Foundation » basée dans l’Empire State Building à New York, au Conseil international de laquelle participent deux figures de l’anticommunisme mondial, Vaclav Havel (en son temps) et Alvaro Vargas Llosa et dont la tâche principale est d’attaquer les gouvernements opposés à la politique extérieure des Etats-Unis, et principalement ceux d’Amérique Latine. Le journal espagnol El Pais a publié un long article de cette organisation critiquant la nomination de Cuba et d’autres pays en tant que membres de ce Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies.

Une autre des ONG présentées dans les médias comme de supposés observatoires neutres des Droits de l’Homme dans le monde est la « United Nations Watch », organisation sponsorisée par le Congrès Juif Mondial et qui défend les intérêts d’Israël et des Etats-Unis à l’ONU.

Cette pratique de légitimer des organisations qui soutiennent les intérêts des grands pouvoirs mondiaux en tant que « juges impartiaux » trompe beaucoup de monde. Le journal progressiste espagnol Publico considère ainsi comme ONG respectable l’organisation « United Nations Watch » sans mentionner aucun de ses objectifs réels. Et l’encyclopédie Wikipédia avalise la condamnation de Cuba à partir des informations de la « Freedom House », organisation liée à la CIA et financée à 80 % par le Gouvernement des Etats-Unis.

Les médias ont souligné la nomination de Cuba, comme celle de la Russie et de la Chine, comme membre dudit organisme des Nations Unies mais ont à peine mentionné la nomination de l’Arabie Saoudite, monarchie absolue et associée stratégique des Etats-Unis. Et pas un mot non plus sur le Maroc, également allié de Washington, dont le régime viole systématiquement les droits de l’homme sur son territoire, principalement au Sahara Occidental. Nombreuses sont les organisations qui y dénoncent depuis des dizaines d’années disparitions, tortures, brutalités policières et restrictions de liberté d’expression et de manifestation.

Mais le cas le plus frappant est celui du Mexique, pays également élu pour siéger au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU et qui représente l’Amérique Latine aux côtés de Cuba. Le Mexique n’est même pas cité par ces médias malgré les dénonciations d’Amnesty International, organisation systématiquement citée quand il s’agit de Cuba. Amnesty International parle de « graves violations des droits de l’homme au Mexique qui mettent en évidence que les engagements pris par le Gouvernement mexicain ne sont pas tenus ». Elle mentionne des « cas d’homicides, tortures, violations et détentions arbitraires perpétrés par des policiers », pointe des « cas de prisonniers de conscience » et dénonce que « les activistes politiques et sociaux, les journalistes et défenseurs des droits de l’homme sont les catégories les plus touchées par le manque d’accès à la justice ».

La nomination de Cuba en tant que membre du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU tient sans doute à la solidarité de Cuba, passée sous silence par les médias, vis-à-vis de dizaines de pays du soi-disant Tiers Monde où ses programmes de coopération Sud-Sud assoient les bases du développement des programmes de santé ou d’éducation naissants. C’est pour cette raison que Cuba a été l’un des pays le mieux élu, même par des gouvernements pas vraiment proches de l’Ile : pour envoyer des médecins et non des « marines »