Jazz Plaza : une rumba pour le nouvel an à la Havane

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La 29ème édition du Festival International Jazz Plaza aura lieu du 19 au 22 décembre prochain. Elle sera dédiée à la rumba et au maestro Chucho Valdés, pour ses 50 ans de carrière artistique.

On sait que Valdés lui-même se chargera du gala d’ouverture et que le pianiste dédiera cette soirée à son père, Bebo, récemment décédé.

Un article de Marianela González publié par CUBANIA.

Sur le logo/photo Bebo et Chucho Valdés (Photo : Chucho Valdés Officiel)

Consécration de vagues successives de jeunes jazzmen sur la scène locale

Le jazz se vit à la Havane comme l’on vit ici les amours, les bonnes fortunes ou les espoirs. C’est à dire quand on peut et quand il y en a. Pour le jazz, c’est lorsque le portefeuille permet de payer l’entrée à La Zorra y el Cuervo, ce temple underground de la musique situé sur la Rampa. Ou plus récemment lorsque qu’on peut se rendre au Jazz Café Miramar, à deux ou trois kilomètres du centre ville mais hélas déconnecté des principales lignes des transports en commun de la ville.

Lorsque décembre marque la différence.

Chaque année en décembre, la fête du jazz actuel a lieu dans des espaces publiques, gratuite ou en « monnaie nationale ». Elle favorise chez les cubains la rencontre et l’étonnement face à la croissance, l’aisance, la sandunga avec lesquelles les jeunes musiciens assument un genre qui n’est pas « populaire » ici. Mais le jazz fait bouger les pieds quand il rejoint les racines africaines. Résultat : une semaine au cours de laquelle l’avant-garde du jazz à Cuba fait « tomber la veste » et se montre à la hauteur de sa tradition.

A chaque festival, les cubains assistent à la consécration de vagues successives de jeunes jazzmen sur la scène locale : une génération émergente de créateurs qui font aujourd’hui de la musique cubaine une universalité qui obtient régulièrement les principaux prix aux concours internationaux. Tous sont adeptes de conceptions de timbres et structures complexes, rares dans le milieu cubain jusqu’aux années 80. Cette génération est née de l’exode artistique cubain des années 90, lorsque l’île a vu partir un grand nombre des musiciens parmi les plus populaires de la décennie. De telle sorte que le festival est aussi un lieu de réconciliation.

Et chaque année, le JoJazz est un prélude à ce que sera en décembre le Jazz Plaza.

Tout est alors musique à la Havane, de toutes les tendances et de toutes les provenances. D’un seul coup, l’afflux et les chemins de la nuit en ville se transforment : en lieu et place des clubs de Miramar et du Vedado, les gens se dirigent vers les théâtres, à la Casa de la Cultura de Plaza, aux Jardins du Mella, parmi les lieux plus populaires du festival. Et sur ces scènes, une fois encore, les jeunes montrent leur talent, mais le partagent avec des musiciens reconnus et des groupes qu’ils n’ont peut-être connus que dans les salles de classe.

Chaque année, au festival Jazz Plaza, connu également comme le Havana Jazz Plaza, participent des visiteurs attirées par le prestige de son créateur, le maestro Chucho Valdés, fondateur d’Irakere. Ils savent que par là sont passées les principales figures du jazz international, depuis Dizzy Gillespie jusqu’à Max Roach et Charlie Haden. Ils savent qu’il s’agit là d’une place authentique, digne héritière de la meilleure tradition du genre sur le continent.

Ainsi s’annonce cette année la 29ème édition : du 19 au 22 décembre, dédiée à la rumba.

Comme dans peu d’évènements culturels ayant un profil international à Cuba, vont se croiser à La Havane des musiciens qui résident sur l’île et d’autres qui ont fait carrière à l’étranger. Ce qui paraissait une frontière insurmontable il n’y a pas si longtemps, s’annonce pourtant comme l’un des principaux attraits du Festival.

C’est également sans compter la présence de jazzmen d’autres nationalités : « Sera une fois de plus présent au rendez-vous Arturo O’Farrill, fils du légendaire Chico O’Farrill, accompagné de jeunes talents tels que Yasek Manzano et Michel Herrera. « Le pianiste Randy Weston » sera également de la partie » a déclaré Pablo Delgado, Coordinateur Général. On sait que Valdés lui-même se chargera du gala d’ouverture et que le pianiste dédiera cette soirée à son père, Bebo, récemment décédé.

Le Jazz Plaza pour marquer la fin d’année.

Pour les cubains, la fête se poursuivra avec les derniers jours de 2013. L’occasion de « brûler » l’année 2013 à travers les rues avec une poupée en chiffon. C’est aussi le temps du cochon grillé et des seaux d’eau sur les portes d’entrée, le moment de dépoussiérer les valises pour voir si « se présentera l’occasion d’un voyage ». La rumba et le jazz auront apporté un peu de chaleur dans ce frais mois de décembre, telle une bande sonore au cœur de l’hiver : un intermède entre l’année écoulée et la nouvelle.