L’empreinte cubaine de Victor Hugo

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Un article d’Anubis Galardy pour PRENSA LATINA et publié par la revue numérique CUBARTE ;

Même s’il date de quelques mois, il nous semble toujours d’actualité pour aider à comprendre la raison de la réalisation en plein coeur de la capitale cubaine, de la Maison Victor Hugo, lieu non seulement de mémoire, mais surtout de diffusion de la culture française et d’échanges avec Cuba.

L’écrivain français Victor Hugo a une présence presque palpable à Cuba qui, quelquefois, émerge avec force à la surface et d’autres continuent à couler avec le murmure calme d´un courant souterrain.

Pour commencer, il possède sa propre maison à La Havane, a à peine quelques mètres de la Place de la Cathédrale, dans la vieille ville où, excepté un buste qui le perpétue et le tribut que l’on rend à son legs, il y a une bibliothèque, des salles d´expositions et de classes pour étudier la langue française.

Son empreinte littéraire la plus fraîche est la récente édition de son travail immortel, Les misérables, avec Jean Valjean et son âme errante d’ex bagnard qui tente d´enterrer son passé – un ancien délit causé par la faim –, au moyen d´une vie exemplaire.

Jean Valjean apporte avec lui un morceau de l´histoire de France et les éclats d´une révolution frustrée qui en 1848, une lutte corps à corps sur des barricades est improvisé dans les rues d´un Paris brûlant et enveloppées dans la fumée et les grondements du combat.

La séduction et l´influence des Misérables a eu dans l´île un de ses bourgeonnement les plus fertiles dans la seconde moitié du siècle dernier.

Les anciens au cœur jeune se souviennent encore, émus, ces soirées familiales durant lesquelles on lisait pour toute la saga de Jean Valjean et son perpétuel naufrage, alors que la nuit avançait.

Dans La Havane de mon enfance, explique Alejo Carpentier, Les misérables étaient un des livres les plus demandé aux liseurs dans las fabriques de cigares et rares étaient les maisons où le roman n´était pas présent sur les étagères à côté d´un classique parmi les classiques, le Don Quichotte de Cervantès.

En cette époque nombreuses sont les petites filles qui ont reçu le nom de Cosette, l´orpheline que Jean Valjean a sauvé de la misère pour accomplir sa promesse à une prostituée qu’il avait discrédité et, sans le chercher, poussé vers la mort, lors de sa brève existence comme maire.

Jean Valjean expiant sa faute et tombant dans les mailles d´un tel amour impossible. Comme toile de fond, les clichées et les mœurs qui, d´après Louis Aragon, rappellent les estampes du peintre Honoré Daumier.

Jean Valjean sculptant sa propre stature, concrétisée dans la fronde de la littérature hugolienne. L’histoire de ses vicissitudes et de ses infortunes, au côté de celles d´une époque de la France, se matérialisent dans d’innombrables série de radio et de télévision, comme celle offerte récemment ici, avec Gérard Depardieu dans la peau de l’ex bagnard.

Il a aussi envahi le cinéma, muet et parlant, en noir et blanc et en couleur, qui conservent intact l´essence du mélodrame.

Mais les liens de Victor Hugo avec Cuba sont beaucoup plus profonds. Comme le signale Carpentier, le romancier français a écrit de nobles proclamations en faveur de l´indépendance de Cuba et « il a reçu généreusement les émigrés créoles qui allaient à Paris pour lui narrer les péripéties de leur lutte ».

Maintenant Victor Hugo a pour toujours sa maison dans l´île, une belle maison coloniale qui thésaurise sa mémoire.

La réédition des Misérables est épuisée en quelques jours dès sa sortie. Le propre Carpentier a toujours recommandé sa lecture, comme une œuvre indispensable pour enrichir et éclairer l´adolescence.