CUBA FACE AU SIDA

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Interview du Docteur Jorge Perez Avila par Abel Castillo Noriega et Nairovin Ojeda Duran, traduit par Mireille TIXE COBIAN, membre de la direction de Cuba Coopération France.

L’Université des sciences informatiques a reçu le docteur Jorge Perez Avila, directeur de l’Institut de médecine tropicale Pedro Kouri, qui s’est consacré plus de 25 ans à l’étude de la maladie du VIH à Cuba. Ce fut pour lui l’occasion de présenter son second livre : SIDA, nouvelle confessions d’un médecin.

SIDA, nouvelle confessions d’un médecin.

Les statistiques du professeur appellent à la réflexion : actuellement, à Cuba, il y a 17000 personnes porteuses du SIDA, 1800 environ sont décédées, 81% des personnes contaminées l’ont été par des relations homosexuelles (HSH) et 86% des femmes l’ont été par des relations avec ce groupe.

Lors de cette rencontre, le professeur Perez a évoqué de nombreux moments de sa vie professionnelle dont l’un des plus émouvants pour lui fut le premier cas de SIDA à Cuba et le jour où il dut l’annoncer au patient.

« Sincèrement je me souviens toujours de ce jour de 1986, personne ne voulait l’annoncer à ce pauvre homme et comme cette maladie est totalement inconnue, l’équipe médicale avait même peur de s’approcher de lui. Le patient nous demandait pourquoi on le maintenait enfermé dans une pièce vitrée sans voir sa famille, mais personne ne lui répondait jusqu’au jour où on décida de lui dire la vérité. Je n’avais jamais vu cela, j’avais encore plus peur que lui quand je lui annonçai sans détours qu’il avait le VIH. L’homme se donnait des coups sur la tête et se maudissait tellement que nous pensions qu’il allait se jeter par la fenêtre, ce qui n’arriva pas. Mais la vie démontre qu’avec avec la sincérité, tout est possible. Sous un joli visage et un corps svelte peut se cacher la maladie ; quand il n’y avait aucun traitement antiviraux dans notre pays, les malades devenaient méconnaissables, mais maintenant la situation change".

Malgré la volonté politique du gouvernement cubain quant à la prévention du VIH, on note ces derniers temps une recrudescence. A quoi cela est-il dû ?

Le phénomène de l’augmentation est complexe parce que les gens ne se sentent pas concernés et ne pensent pas au risque de contracter la d’autre part les campagnes de prévention n’ont pas su atteindre les groupes à risque pour les amener à agir pour éviter la maladie. Dans notre pays, de nombreuses personnes ont diverses préférences sexuelles cachées et ne se sentent pas concernés parce que nous n’avons pas les messages qui les toucheraient.

Dans, la période 2010-2011, nous avons eu une augmentation, je ne sais pas comment se terminera cette année mais actuellement les chiffres sont inférieurs à ceux de l’année passée, si cela se stabilise, alors l’augmentation diminuera ; cela est dû logiquement à plusieurs facteurs : l’éducation, l’usage du préservatif et les traitements que nous pratiquons dans le pays.

Professeur, comment mettre en valeur les médias dans la prévention du VIH ?

J’ai toujours dit que malheureusement les medias n’affrontent pas réellement le thème .Nous avons un grand problème dans notre pays où de nombreuses personnes abordent ce thème sans en avoir une bonne connaissance. Il me semble qu’il y a des améliorations dans le traitement de ce thème, mais il y a encore des réticences pour aborder l’homosexualité, masculine ou féminine, et donc nous excluons ainsi la population qui est majoritairement victime de l’infection.

Si on traite de ce problème sans détours, sans être clairs, si e plus on n’en parle pas dans une langue que ces personnes peuvent comprendre, alors la campagne de prévention n’atteindra pas son but.

Le directeur de l’Institut de médecine tropicale Pedro Kouri a ensuite évoqué les efforts et les investissements du pays pour le traitement et les soins des personnes infectées par le virus du VIH ;

La plupart des personnes contaminées par le VIH sont des jeunes. D’après vous, pensez-vous qu’il faut intensifier le travail de prévention dans les universités et autres centres d’éducation ?

Je suis certain de cela et il faut intensifier le véritable travail éducatif et préventif, en direction des jeunes et des moins jeunes, de tous ceux qui se croient hors danger. Les relations sexuelles protégées et la stabilité des couples sont les deux éléments fondamentaux pour triompher de la maladie. Jusqu’à présent, il n’existe pas de traitement du VIH, et de nombreux jeunes contractent encore la maladie.

Durant l’échange avec les étudiants, le docteur a reçu la nouvelle qu’un de ses patients était entré ans un état grave. Il a dit alors qu’il fallait toujours lutter contre la mort et que la plus grande satisfaction d’un médecin était de sauver un patient.