LA FOIRE INTERNATIONALE DU LIVRE : UN EVENEMENT CULTUREL EXCEPTIONNEL !

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Pendant dix jours, les Cubains se sont rendus nombreux à la Forteresse de la Cabaña de La Havane pour profiter du riche programme d’activités proposé dans le cadre de la 23e Foire internationale du livre.

La Fête littéraire bat son plein à la Forteresse de la Cabaña de La Havane

À la cérémonie d’ouverture, Ricardo Patiño, ministre équatorien des Affaires étrangères – l’Équateur est le pays à l’honneur –, a présenté le livre Ecuador : de Banana Republic a la no República (L’Équateur : de la république bananière à la non-République), paru aux Éditions Casa de las Américas, du président Rafael Correa. Cet ouvrage propose un exposé détaillé de la gestion de l’économie équatorienne, marquée par la politique de marché durant les années 80 et 90, qui aggrava les effets négatifs du néolibéralisme, de la mondialisation, du libre commerce et de la dollarisation.

Selon Patiño, après sept années de Révolution citoyenne, et à la suite des actions mises en œuvre par le président équatorien pour réparer les dégâts causés par ce que Rafael Correa qualifie dans cet indispensable volume « la longue et triste nuit néolibérale », Correa devrait écrire aujourd’hui un nouveau livre qui aurait pour titre De la non-République à la véritable République. Il a ajouté que la promotion de la lecture est une nécessité pour les peuples du continent américain, afin de préserver leur liberté, et il a appelé à profiter des mécanismes d’intégration de la région pour élaborer ce qu’il a appelé « une économie créative »

Zuleica Romay, présidente du Comité d’organisation, a accueilli chaleureusement la délégation équatorienne, et elle a signalé que cette rencontre littéraire permettra de découvrir le large spectre culturel de ce pays, son histoire et le contexte actuel de la Révolution citoyenne. « L’Équateur aime la vie, c’est pourquoi il offre de l’amour à pleines mains. Soyez les bienvenus, amis, et merci pour votre solidarité », a-t-elle déclaré.

L’écrivain cubain Roberto Fernandez Retamar a présidé le lancement du livre du président équatorien Rafael Correa Ecuador : de Banana Republic a la no Republica, présenté par Ricardo Patiño.

Zuleica Romay, qui est également présidente de l’Institut cubain du livre, a annoncé que durant la Foire – qui s’étendra jusqu’au 9 mars dans toutes les provinces –, le public aura à sa disposition 700 nouveautés éditoriales et plus de deux millions de titres. Puis elle a évoqué l’œuvre des deux auteurs auxquels la Foire rend hommage cette année : Nersy Felipe, prix national de Littérature 2011 et Rolando Rodriguez, prix national de Sciences sociales 2007.

Au terme de l’inauguration de la Foire, à laquelle assistaient 500 intellectuels venus de plus de 40 pays, Miguel Diaz-Canel, Premier vice-président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, a parcouru les trois salles qui composent le Pavillon de l’Équateur, consacrées à la culture équatorienne, aux expositions de livres par les maisons d’édition, et aux présentations. Ces salles présentent des pièces de la culture équatorienne, comme des masques indigènes, mais aussi l’exposition La main noire de Chevron, qui dénonce la pollution provoquée par la compagnie pétrolière étasunienne Texaco-Chevron.

Diaz-Canel a déclaré à la presse : « Pour nous, la présence de l’Équateur à cette Foire a une grande signification. Quelques jours après le Sommet de la CELAC (Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes), qui s’est prononcé pour une zone de paix en Amérique latine, et pour l’intégration des peuples latino-américains, le fait que nous soyons aujourd’hui de nouveau à La Havane à l’occasion de la Foire du livre, une foire du savoir, de la littérature, de la culture et de notre Histoire, partageant avec un peuple comme celui de l’Équateur, est aussi un témoignage d’intégration. »

Le livre Antes de que se me olvide (Avant que je n’oublie), pour lequel le président décédé Hugo Chavez a écrit le prologue, a attiré l’attention du public. Il s’agit d’une longue interview de l’avocat et diplomate vénézuélien Ali Rodriguez, actuel président de l’Unasur (Union des nations sud-américaines), réalisée par la journaliste cubaine Rosa Miriam Elizarde.

À cette occasion, Edel Morales, vice-président de l’Institut cubain du livre, a lu une déclaration énergique contre la violence déchaînée par des groupes de l’extrême droite vénézuélienne, qui reçoit un appui de l’étranger. Le public a condamné les actions criminelles commises ces derniers jours au Venezuela.

LITTÉRATURE ÉQUATORIENNE À LA FOIRE

La poésie et le conte sont les principaux genres des lettres équatoriennes, caractérisées par le « costumbrisme » et les sujets liées à la vie quotidienne. Des auteurs comme Pablo Palacio, Jorge Icaza, Pedro Jorge Vera, Miguel Donoso Pareja, Jorge Enrique Adoum, Jorge Carrera Andrade et César Davila Andrade, ont été publiés à Cuba par les éditions de la Casa de las Américas.

Le Pavillon équatorien a mis à disposition des lecteurs 10 000 exemplaires des 32 titres présentés à la Foire. Parmi les nouveautés éditoriales, citons : Paginas Escogidas (Pages choisies), une sélection de l’œuvre de Pablo Palacio, La madriguera (Le terrier), un roman de Abdon Ubidia ; Los ultimos hijos del bolero (Les derniers enfants du boléro), de Raul Pérez Torres ; El cielo de mi cuerpo (Le ciel de mon corps), de Aleyda Quevedo ; Antologia poética, de César Davila Andrade ; Escritos historicos (Écrits historiques), d’Eloy Alfaro ; le recueil de poèmes La gramatica del deseo (La grammaire du désir) ; l’anthologie de la littérature fantastique équatorienne Utopica penumbra (Pénombre utopique), ainsi que d’autres nouveautés littéraires.

La présentation du recueil de poèmes Geografias torturadas, de Maria Fernanda Espinosa, ministre de la Défense de l’Équateur, traite avec sensibilité l’internationalisme et la solidarité, en abordant des vérités essentielles dans un perpétuel voyage dans l’espace et le temps.

Face à un public avide de lecture, Abel Prieto, conseiller du président Raul Castro, a qualifié l’œuvre d’Espinosa d’admirable pour son honnêteté, sa transparence et sa cohérence comme poète.

Quant à Maria Fernanda Espinosa, elle a affirmé que la poésie est une arme de transformation de l’esprit, de façon révolutionnaire, définissant la relation entre poésie et politique, comme une nécessité intrinsèque et indispensable aux êtres humains.

D’autres titres sont présentés à la Maison-Musée Guayasamin, de la Vieille Havane, où est exposée une collection d’artisanat populaire, donnée par le ministère de la Culture et du Patrimoine de l’Équateur.

LA FÊTE DANS TOUTE LA VILLE

La Foire est accueillie dans d’autres sites de La Havane où ont lieu des conversations avec des auteurs, des rencontres littéraires, des débats et des présentations de livres, notamment à l’Association cubaine des Nations Unies, où les échanges sont consacrés à des textes sur la nature et l’homme, les sciences, l’agriculture et les programmes communautaires.

L’Université de La Havane propose des thèmes de discussion concernant le panorama actuel des sciences sociales ; à l’Union des écrivains et des artistes de Cuba (UNEAC) sont présentés des livres de jeunes auteurs ; le Centre culturel Dulce Maria Loynaz accueille la poésie et la littérature de science fiction, la Casa de las Américas, des auteurs latino-américains et caribéens, et la Casa del Alba culturelle des échanges sur l’histoire nationale, continentale et mondiale.

Le Pavillon Cuba, généralement fréquenté par la jeunesse, situé sur l’avenue 23 du quartier du Vedado, occupe une place privilégiée. Tous les jours, à 18h, comme à la Cabaña, ont lieu des concerts, où des musiciens cubains partagent la scène avec des artistes équatoriens, comme Karla Kanora, Mariela Condo, Benjamin Venegas, Mirella Cesa, ainsi que le groupe la Banda Mocha, qui étaient également présents à l’inauguration.

Un public curieux et connaisseur se presse à toutes les présentations de livres, et autres activités.

Comme chaque année, il aura fallu une logistique impressionnante pour assurer le succès de la Foire : sélection des livres, édition, impression des volumes, transport des exemplaires vers les sièges principaux et secondaires, élaboration du programme des présentations, ainsi que la régie des spectacles.

Le plaisir de la lecture et l’enrichissement culturel du peuple est la raison de cette Fête du livre, qui confirme la volonté politique du gouvernement cubain de consolider les valeurs de la lecture, une des premières voies vers la pleine réalisation de l’Homme.