Chronique pour une nature méconnue

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Ces dernières années, Cuba est devenue une destination touristique appréciée sur le marché international.

En effet, le tourisme a connu une progression en 2013, malgré la crise économique mondiale, dont une des conséquences a été la suspension des vols de la compagnie Iberia vers l’Île, entraînant la perte d’environ 74 000 touristes ; le blocus économique que les États-Unis font peser sur Cuba depuis plus de 50 ans, ainsi que certaines erreurs commerciales et de communication, entre autres aspects, selon des informations fournies à la presse par le directeur commercial du ministère du Tourisme.

Combien de beauté et de curiosité dans la nature dont nous ignorons l’existence ?

Compte tenu de l’importance croissante de l’industrie des loisirs, Cuba s’est vue obligée de proposer de nouvelles offres, notamment en diversifiant ses produits, ce qui s’est traduit par des progrès notables dans certains segments, principalement dans le tourisme urbain.

On se doit de citer également une certaine augmentation de l’écotourisme, qui propose de nouvelles options qui se révèlent cependant bien en deçà des possibilités de l’archipel. Selon les experts, Cuba dispose de la plus grande diversité d’espèces de la Caraïbe, de par sa position géographique, sa forme allongée et étroite, sa structure géologique et son isolement.

Plusieurs des merveilleux sites de l’île sont peu visités, c’est pourquoi seules 2% des 58 434 chambres dont disposent l’hôtellerie cubaine sont consacrées à l’écotourisme, alors que 71% sont réservés au tourisme soleil et plage, qui reste la destination phare.

Le climat d’été permanent, ainsi que la qualité des plages expliquent que ce type de tourisme soit le plus demandé, notamment par les habitants des pays à l’hiver long et froid comme le Canada qui, avec une croissance de 10%, dépasse le million de touristes, ce qui en fait actuellement le principal marché émetteur vers Cuba.

Apparu vers la fin des années 80, l’écotourisme est devenu le segment à la croissance la plus rapide et le secteur le plus dynamique du marché touristique à l’échelle mondiale, selon les revues spécialisées. Depuis lors, des groupes conservationnistes des institutions internationales et des gouvernements ont vu dans cette modalité une alternative viable du développement durable.

Dans certains pays comme le Costa Rica, le Kenya, Madagascar, le Népal et l’Équateur (Îles Galapagos), l’écotourisme constitue une source de devises importante provenant du secteur touristique, et même dans certains cas, de l’économie du pays.

UNE RESSOURCE MAL UTILISÉE

Le tourisme de nature ne demande pas d’installations coûteuses, en dehors des indispensables. Le plus important pour ceux qui choisissent cette option, c’est de vivre directement au contact de la nature : s’abriter sous la tente ou dans des hamacs afin de contempler la nuit et le petit jour, se mouiller sous les averses tropicales, se baigner dans les cascades ou les rivières et parcourir les forêts pour le plaisir de la découverte et de l’aventure.

Cuba fait ses premiers pas dans ce type de tourisme. Nous ne saurions nous comparer à certains pays de la Caraïbe qui ont été pionniers dans l’écotourisme au niveau mondial, ce qui les place parmi les meilleures destinations, proposant de véritables options de tourisme écologique. Il n’en reste pas moins que Cuba a beaucoup à offrir.

Parfois, il me revient en mémoire les impressions vécues lors de mes nombreuses visites dans les aires protégées de l’Île : des images des marais du Monte Cabaniguan, à Las Tunas, sur les rives du golfe de Guacanayabo, à environ 700 km de La Havane, où un crocodile américain femelle nageait dans un marécage en portant ses petits sur sa tête, me confirmant ce que je ne savais en théorie : le crocodile est le seul reptile au comportement maternel défini ; ou ce banc de perruches volant librement dans le ciel de l’Île de la Jeunesse, en remplissant l’air d’incompréhensibles gazouillements, et je me demandais ce qu’elles pouvaient bien dire.

Que n’ai-je pas rêvé en admirant la sereine délicatesse des flamands roses, les mystères du lamantin ; les cérémonies élégantes et gracieuses des grues ; ainsi que certains oiseaux en voie d’extinction, comme les échasses d’Amérique (petite cigogne), les ibis blancs et les sevillas....

Mais rien ne pourra égaler l’émotion d’entendre ce qui semblait être une merveilleuse symphonie provenant de la caverne de Los Portales – située dans la région occidentale, où le Che installa son poste de commandement en 1962, pendant la crise des Missiles . Une avecilla (rossignol cubain) aux plumes opaques chantait, m’évoquant le Rossignol et la rose d’Oscar Wilde, qui semblait pleurer et laisser son cœur dans son chant.

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