A Cuba, la "Vuelta Abajo" est la Mecque du cigare

Partager cet article facebook linkedin email

A l’extrême nord-est de Cuba, se niche une mine d’or : la région de "Vuelta Abajo", où une terre argileuse, un climat humide et un savoir-faire ancestral se conjuguent pour produire les cigares les plus réputés du monde, une entreprise lucrative qui rapporte chaque année plusieurs centaines de millions de dollars. (c) Afp

Une dépêche de l’AFP, publiée sur le blog du Nouvelobs

Le meilleur tabac du monde !

"Ici, vous trouvez le meilleur tabac du monde", affirme sans hésiter à l’AFP Francisco José Prieto, président d’une coopérative de San Juan y Martinez, au coeur de la Vuelta Abajo.

Derrière lui, une vingtaine d’employés ont commencé la récolte annuelle des feuilles de tabac, sur cette ferme de 4,5 hectares.

La journée commence à 7h00 du matin, jusqu’au coucher du soleil, avec une pause déjeuner. Le travail est dur sous le soleil tropical, mais Alexis Hernandez, 60 ans, est content de son emploi.

"C’est bien payé, 500 à 600 pesos (20 à 24 dollars) pour quinze jours", soit environ quatre fois le salaire mensuel des Cubains employés par l’Etat.

Après la récolte, suivront le séchage, une sévère sélection en fonction de la qualité et de la taille des feuilles, puis un processus de fermentation : les meilleurs produits seront alors envoyés aux "fabricas" de La Havane, aujourd’hui synonyme de cigare.

  • Cinq siècles de tradition -

La grande majorité des 45.000 habitants de San Juan y Martinez et de la Vuelta Abajo vivent des activités liées au tabac, une plante qui était cultivée à Cuba avant même l’arrivée des "conquistadores" espagnols il y a cinq siècles.

"Ma famille se consacre au tabac depuis toujours : mes parents, mes grand-parents, mes arrière-grand-parents", assure Francisco Prieto, dont la coopérative "Tomas Valdés" gère cinquante fermes de San Juan y Martinez.

Les semailles commencent en novembre et il faut attendre 120 jours pour que la feuille de tabac arrive à maturité. Suivent ensuite 45 jours de séchage.

Après sélection en six catégories, viennent 21 jours de fermentation. Les moins bonnes feuilles vont à la production de cigares "nationaux", les meilleures étant réservées à l’exportation.

Et avec des ventes de 447 millions de dollars en 2013, en hausse de 8% par rapport à l’année précédente, "le tabac se porte bien", a souligné la coentreprise cubano-britannique Habanos SA, lundi à l’ouverture du 16e Festival du Havane, la grand-messe mondiale des amateurs de "puros".

Deuxième produit d’exportation de Cuba après le nickel, le cigare doit affronter les campagnes anti-tabac développées dans de nombreuses parties du monde, en particulier en Europe, son principal marché.

Mais bénéficie aussi de la montée en puissance de nouveaux marchés émergents, comme la Chine. Aujourd’hui, les principaux marchés de Habanos SA, qui commercialise 27 marques -dont les célèbres Cohiba, Montecristo, Romeo y Julieta, Partagas- sont l’Espagne, la France, la Chine, l’Allemagne, la Suisse, le Liban et les Emirats arabes unis.

Avec une grosse épine dans le pied : en raison de l’embargo économique imposé depuis 1962 par Washington à Cuba, Habanos SA n’a pas accès aux fumeurs de cigares des Etats-Unis, les plus gros consommateurs du monde.