Lunel : l’agriculture biologique s’inspire de Cuba

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Un article de Frédéric Amadon pour le quotidien MIDI LIBRE, sur la visite de Luis Vasquez-Moreno, chercheur cubain en agro écologie,en attendant le compte rendu de l’ensemble de la mission. Celle-ci est organisée par notre comité de l’Hérault, par son dynamique secrétaire général Henri SIERRA.

Elle fait suite aux échanges qui ont eu lieu ces deux dernières années avec la mission à Cuba d’agriculteurs héraultais et la venue de leurs homologues cubains.

Luis Vasquez-Moreno est revenu sur le rôle des insectes contre les parasites.

Le projet a été mis en place par Cuba coopérative comité 34. Des échanges entre agriculteurs et techniciens sur l’agrotechnologie. Christine et Martial Vanvooren, maraîchers marsillarguois, avaient déjà reçu, il y a trois ans, des agriculteurs cubains désireux de découvrir les circuits courts en agriculture.

Cette fois, Luis Vasquez-Moreno est revenu seul, pour trois semaines. Cet ingénieur agronome, docteur en sciences agronomiques, est chercheur agro-écologue à l’institut de recherches en santé végétale de La Havane.

"Il est venu apporter ses connaissances sur l’élevage des insectes auxiliaires destinés à lutter contre les parasites. C’est bien plus économique au niveau des intrans. Et avoir des fleurs, des haies, c’est bien plus joli qu’un désherbage total, précise Christine Vanvooren. Pour sa venue en France, Luis a donné des cours au Cirad à Montpellier, à Agropolis. Aujourd’hui, il assure une formation, sur notre exploitation à destination des agriculteurs bio intéressés".

Une indispensable diversité des cultures

Viticulteurs, maraîchers, ils sont une douzaine, venus du Gard ou de l’Hérault, pour assister à cette matinée de cours sur le terrain. Luis Vasquez-Moreno y explique les bases de l’agro-écologie, ou comment augmenter les capacités d’autorégulation de l’agro-écosystème.

Il insiste, accompagné d’un traducteur, sur l’indispensable diversité des cultures. Sur la préservation d’espaces sans culture "pour que les ennemis des parasites puissent se reproduire. C’est 70 % du bon fonctionnement du système". Et de manière on ne peut plus naturel. Pour le reste, il y a l’élevage de ces insectes auxiliaires, expliqué concrètement aux stagiaires sur l’exploitation.

De petites cages d’élevage ont été installées avec des filets anti-insectes. "Elles sont sur pied pour être isolées du sol, précise l’agronome. Et les pieds sont graissés pour éviter la montée de fourmis".

L’élevage (par exemple de coccinelles) dure trois à quatre semaines.

Vigneron gardois, Philippe Pibarot se reconnait parfaitement dans la démarche. "Avec le même esprit d’équilibre sur l’exploitation. Je n’ai défriché la garrigue qu’en partie. En gardant le dénivelé, les murets. Sur 13 ha, je n’ai que 6 ha de vignes. Pour les levures, par exemple, je ne rajoute rien. Celles issues de l’environnement sont très actives".

Kris French est, elle, américaine. Membre de la coopérative d’activités de l’agriculture biologique, Terracoopa, à Clapiers, elle développe la cueillette de légumes bio et de plantes aromatiques. "A Cuba, ils ont des pratiques culturales respectueuses de la nature. Et très créatives. Pour ma part, je laisse déjà beaucoup d’espaces sauvages pour les insectes auxiliaires. On laisse faire. C’est comme une vie qui explose".

Luis Vasquez Moreno a visiblement professé devant un auditoire conquis par ses pratiques respectueuses de l’environnement.