Une rénovation nécessaire.

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Un article de notre ami Eduardo Canciano, traduit par Claudio.

On ne fait pas d’omelette sans casser d’oeuf ! Les gigantesques travaux entrepris, particulièrement visibles dans la capitale cubaine, provoquent de nombreux inconvénients, mais ils sont indispensables et demandent d’énormes investissements. C’est le sens de cet article

Gérer correctement les problèmes d’eau et d’assainissement !

Les promenades dans les rues de la Vieille Havane sont devenues un cauchemar pour nous, qui habitons cette ville belle et historique. Les passants peuvent constater partout la présence des ouvriers qui, munis d’un moderne équipement, ouvrent des tranchées dans les anciennes chaussées pour en extraire les tuyaux et les câbles faisant partie des réseaux qui ont assuré les services de base locaux pendant des décennies.

Qu’est-ce qui se passe ? En voici un bref historique.

Pendant les années 1960, il y a juste 52 ans, le gouvernement populaire, installé au pouvoir depuis peu, a compris que l’un des problèmes les plus graves du pays concernait le manque d’eau potable destinée à la consommation humaine, à l’agriculture et à l’industrie.

C’est ainsi que la décision a été prise de fonder l’Institut national des ressources hydrauliques (INRH), qui vient de commémorer son 52e anniversaire, pour gérer tout ce qui se rapportait à l’utilisation, la protection, la distribution et l’économie de l’eau. Cette institution est à la base de ce que l’on a dénommé « conscience hydraulique ». Un an plus tard, un ouragan dévastateur a provoqué un millier de morts et des modifications permanentes dans la géographie des provinces orientales du pays. Le leader historique de la Révolution cubaine a alors postulé un nouveau principe, celui de « volonté hydraulique ». Il ne suffisait pas de connaître le problème, il fallait de la volonté politique pour mettre la force de la nature au service de la société.

En substance, il s’agissait de faire un effort constructif énorme pour endiguer les plus grands volumes possibles d’eau du pays et éviter, d’une part, les inondations qui avaient provoqué tant de pertes humaines et matérielles ; d’autre part, le pays disposerait de millions de mètres cubes d’eau pour le développement agricole et industriel.

Le reste, c’est connu. Cuba a entamé un plan gigantesque de construction de retenues d’eau qui a permis quelques années plus tard à l’INRH de gérer environ 230 barrages avec une capacité totale de 9 milliards de mètres cubes du précieux liquide.

Nous ne saurons jamais avec précision combien de désastres naturels ont été évités ni le nombre de vies et de ressources matérielles qui ont été épargnées grâce au principe de « volonté hydraulique ».

Des réservoirs, des aqueducs et des stations de potabilisation ont été construits et pour la première fois, après des dizaines d’années, des millions de cubains ont reçu de l’eau directement dans leurs domiciles. La promesse que des hommes politiques opportunistes et corrompus n’avaient jamais tenues, le rêve de nombreux cubains s’est finalement matérialisé.

Cependant, un nouveau problème de grande envergure se posait : les vieux tuyaux ne résistaient pas la pression de l’eau et les fractures des réseaux obsolètes n’ont pas tardé à provoquer la perte de 50% de l’eau pompée. Et les pertes ne concernaient pas seulement l’eau mais aussi le pétrole utilisé pour le pompage, les salaires payés aux ouvriers et d’autres dépenses non négligeables.

Que faire ?

Le gouvernement cubain a entrepris le projet de réhabilitation hydraulique le plus ambitieux dans les annales de la nation. Les investissements à court, moyen et long termes ont atteint des chiffres millionnaires. Le pays a acheté de l’équipement, des moyens de transport et de l’outillage modernes ; des usines ont été importées pour fabriquer des centaines de kilomètres de tuyaux de différents diamètres ; la présence d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers qualifiés est assurée dans les chantiers.

Pour illustrer la magnitude des investissements, il suffit de dire qu’en 2014 le budget de l’INRH pour les travaux du secteur dépasse les 300 millions de pesos, dont une bonne partie en devises.

Selon des estimations, le pays perd chaque année un volume d’eau similaire à celui du plus grand barrage de l’île, Zaza, construit dans la région centrale, qui contient 1,200 millions de mètres cubes.

De l’avis de plusieurs spécialistes, dans les années à venir, l’eau sera plus précieuse que le pétrole ; il y en a qui vaticinent des guerres pour le contrôle de l’eau. Cuba continue à travailler pour le présent et pour l’avenir.

Le blocus américain oblige Cuba à payer très cher les produits importés et les frais de transport. Sans accès aux crédits des organismes internationaux, sans sources énergétiques importantes, sans grandes fleuves facilitant la génération électrique, le pays tient son cap vers le bien-être de la nation.

Combien de pays du Tiers Monde peuvent affirmer que presque 100 % de la population accède à l’eau potable ?

C’est pour cela que les habitants des villes cubaines qui bénéficient de la rénovation des réseaux comprennent que les dérangements sont provisoires et que ceux-ci seront compensés par la qualité ultérieure des services.

L’accès à l’eau, tout comme la santé, l’éducation, la culture, le sport, le logement, est un droit respecté à Cuba.