Bouteilles en verre et canettes d’aluminium...Cuba cherche à recréer les chaînons manquants de son industrie

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La Havane, Cuba | AFP | mercredi 05/11/2014

Contraint d’importer les bouteilles en verre de son fameux rhum ou les canettes d’aluminium de sa bière locale, Cuba cherche aujourd’hui à combler les failles de sa chaîne productive en faisant appel aux capitaux étrangers.

Mise en pratique de la nouvelle loi sur les investissements étrangers ....

Contraint d’importer les bouteilles en verre de son fameux rhum ou les canettes d’aluminium de sa bière locale, Cuba cherche aujourd’hui à combler les failles de sa chaîne productive en faisant appel aux capitaux étrangers.

L’île communiste, qui importe plus de 70% de sa consommation, doit relancer son industrie. Et la 32e Foire internationale de La Havane (Fihav, jusqu’au 8 novembre) est l’occasion pour elle de présenter 246 projets visant à attirer jusqu’à 8,71 milliards de dollars (7 milliards d’euros) d’investissements extérieurs.

Le vice-président cubain Marino Murillo, en charge des réformes économiques lancées en 2011 par le président Raul Castro, a récemment estimé que le pays avait besoin "de 2 à 2,5 milliards de dollars par an en investissements étrangers directs" pour faire rebondir son économie.

"Parmi les problèmes que nous rencontrons figure le manque de chaînes productives, à tel point que les garanties pour les exportations échappent parfois à notre contrôle", admettait lundi à l’ouverture de la Foire le ministre de l’Investissement étranger et du Commerce extérieur Rodrigo Malmierca.

Les difficultés les plus criantes concernent les bouteilles du célèbre rhum cubain et des canettes de bière et de soda prisées des touristes, qui doivent être importées de l’étranger faute de production locale.

Pour tenter de combler ces manques, les autorités cubaines proposent un partenariat pour une usine de fabrication de bouteilles en verre dans la zone de développement du mégaport de Mariel (45 km à l’ouest de La Havane). Evaluée à 70 millions de dollars, cette unité doit produire 210 millions de récipients chaque année, soit 95% des besoins nationaux.

Il s’agirait d’un pas décisif pour Havana Club International, entreprise mixte créée en 1993 avec le groupe Pernod Ricard. Depuis 20 ans, HCI a multiplié par 10 sa production, qui atteint 120 millions de caisses annuelles exportées dans 120 pays, mais ces bouteilles cubaines lui permettraient de contrôler la totalité de sa chaîne de production.

Cette usine pourrait en outre insuffler un peu d’air à l’industrie pharmaceutique cubaine, dont les exportations sont évaluées à 900 millions de dollars annuels, soit le deuxième poste de vente de biens à l’étranger après le nickel.

- Des canettes ’pleines d’air’ -

Un autre projet d’usine de canettes d’aluminium, évalué à 40 millions de dollars, est proposé aux investisseurs de la Foire. Egalement basée à Mariel, cette unité de production pourrait produire à terme 600 millions de cannettes par an et permettrait de ne plus "importer des canettes pleines d’air", selon l’expression de M. Malmierca.

Une façon également de valoriser davantage les nombreux sodas et bières du cru dont la production en partenariat avec des entreprises étrangères a explosé depuis l’avènement du tourisme de masse dans les années 1990.

A Cuba, le manque patent de récipients contraint notamment les locaux à présenter leurs propres bouteilles pour recevoir les dotations en huile de la "libreta", le carnet d’approvisionnement local. Il en est de même pour les sacs de toile nécessaires à la récupération de riz et sucre.

Les investissements sont un des points faibles de l’économie cubaine : au premier semestre, ils ont chuté de 1,8% sur un an, et la croissance, sur la même période, n’a été que de 0,6%, un chiffre inférieur aux performances de ces dernières années.

Depuis juin, une nouvelle loi sur les investissements étrangers est en vigueur, pour donner de l’air aux finances publiques et relancer une économie au point mort malgré la libéralisation partielle de l’initiative privée impulsée par le président Raul Castro depuis 2008.

Selon les autorités, les 246 projets présentés à la Foire portent sur des secteurs "décisifs" comme l’agroalimentaire, la construction, l’industrie pharmaceutique et biotechnologique, le tourisme, l’industrie minière et pétrolière, le commerce de gros et les énergies renouvelables.