La magie intacte d’Omara Portuondo, sur scène comme sur disque

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Par Michel Porcheron

Vous n’avez pas pu être à Courbevoie, le 20 novembre, à l’Espace Carpeaux, ni à Barcelone la semaine dernière. Pour être à Paris, à l’Alhambra les 24 et 25, vous n’avez pas pu décommander, dites-vous, un rendez vous de longue date, à l’autre bout de l’Hexagone.

Pourtant vous étiez averti ! (Re) voir
http://s147752339.onlinehome.fr/cubacoop/spip.php?article1803

Vous avez une occasion de vous rattraper : le 30 novembre, Omara Portuondo chantera à Rouen, en Seine Maritime, à l’Opéra. http://www.operaderouen.fr/#infos_659.
S’il faut vous convaincre un peu plus, avant de confirmer votre réservation, lire en urgence ce que viennent d’écrire quelques privilégiés qui étaient au premier rang.

 

La magie intacte d’Omara Portuondo, sur scène comme sur disque  

Par Michel Porcheron

                            Abondance de liens ne nuit pas  

Sur le récital de Courbevoie (Espace Carpeaux), de François Xavier Gomez :   

« La diva cubaine de Buena Vista Social Club revient brillamment à ses premières amours jazz. Sur disque comme sur scène » (avec extraits audio, vidéos de Judy Garland, Frank Sinatra)

http://www.liberation.fr/culture/2014/11/22/la-magie-intacte-d-omara-portuondo_1148091

Omara Portuondo à Barcelone, par Patrick Labesse:

http://abonnes.lemonde.fr/musiques/article/2014/11/22/omara-portuondo-la-grande-dame-du-club_4527736_1654986.html (Cf.article complet en bas de page)

Ne pas manquer SVP de Kathleen Evin (jeudi 20 novembre, entretien de 44 mn avec Omara Portuondo, trois chansons de son dernier disque, les voix de Roberto Fonseca, Chucho Valdés, Ibrahim Ferrer) :

 

http://www.franceinter.fr/emission-lhumeur-vagabonde-omara-portuondo-chanteuse-grande-dame-de-la-musique-cubaine

Entretien avec Anne Berthod (24/11):

http://www.telerama.fr/sortir/omara-portuondo-la-tradition-du-son-cubain-est-immortelle,119436.php

On peut lire aussi (AFP du 22/11):

http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/omara-portuondo-l-ultima-diva-du-buena-vista-reinvente-son-passe-22-11-2014-4314075.php

                     

[Sites officiels :

http://www.robertofonseca.com/fr/ (car Fonseca a la bonne idée d’éditer son site aussi en français)

http://www.omaraportuondo.com/2014/index.html (espagnol, anglais)

http://www.montuno.com/discography/omara-portuondo/ (espagnol, anglais)]

                        Magia Negra de 1958 à 2014 

Trésor musical, la version originale de « Magia Negra » de 1958, éditée en 33 t par Velvet était présenté ainsi :

                                  Magia Negra

                    Orquesta : Julio Gutiérrez

                            con Omara Portuondo 

 Ce disque fut le premier de Omara Portuondo en solo, elle avait 28 ans. Elle y chantait notamment du Duke Ellington (et Juan Tizol, Caravan) et deux hits popularisés dans les années 40 par Judy Garland (dont That Old Black Magic devenu Magia Negra)   [Ancienne danseuse au Tropicana, elle était à cette époque connue pour être une des quatre chanteuses du groupe vocal (1952) Las D’Aida, alors composé de Elena Burke, Moraima Secada et Haidée Portuondo].  

                           Julio Gutiérrez, une pointure

Compositeur, pianiste et directeur d’orchestre, Julio Gutiérrez  (Manzanillo, 1918,  New York, 1990) avait fondé en 1948 son premier « jazz band », après été avoir été le pianiste du Casino de la Playa (1937), un des orchestres les plus célèbres du pays. Il fut un des maîtres de la descarga, genre cubain à part entière (littéralement « décharge », improvisation, jam-session, en français le bœuf) dont s’empara le label cubain Panart .En 1960, après un voyage à Mexico, Gutiérrez s’installe à New York, où il fonda le label J and G. Il eut une vie musicale  très active, comme arrangeur, chef d’orchestre, directeur de spectacles, compositeur…

 

Son nom est surtout associé à la série de disques « Cuba Jam Session », enregistrés à La Havane (studios Panart) en 1956 et édités à New York. Il y dirige une grande formation  de 12 musiciens, parmi les meilleurs travaillant en studio.

Si l’on en croit Luc Delannoy («Caliente », Denoël, 2000) les deux frères Ramon et Galo Panart étaient plutôt du genre requins de studios. Vu le succès des descargas ils demandent à Gutiérrez de former un big band pour animer une soirée. Les Panart évitent de dire que la session est enregistrée.  José Chombo Silva, saxophoniste ténor de l’orchestre ne conserve pas un très bon souvenir de cet évènement. Panart n'a jamais parlé d'une séance d'enregistrement mais dans la salle il y avait un micro et un magnétophone. Nous nous sommes plaints. Oh, pas de problèmes nous a-t-on assuré, c'est pour capter l'ambiance du moment. » .

« Six mois après cette soirée, Silva se promène sur la 116 e rue à Manhattan et est attiré par une musique familière diffusée par d'énormes enceintes sur le trottoir.

« Tiens, se dit-il, on dirait le thème de Perfidia et ce type, ce saxophoniste qui joue, il joue comme moi ! » Il se dirige donc vers le magasin, et là, surprise, en vitrine les pochettes de plusieurs disques : Cuban Jam Sessions, Vol. 1 à 5. Il s'agissait bel et bien de l'enregistrement de la descarga à laquelle Chombo avait participé dans les studios de Panart. Cet enregistrement fut une véritable mine d'or, il se vendit à plus d'un million d'exemplaires, il fit le tour du monde et servit de modèles pour de nombreux musiciens »

                    56 ans plus tard : la magie intacte et mieux encore 

Le Magia Negra, version 1958, existe depuis quelques années en  CD (avec diverses éditions. L‘édition de « Essential Media Group » ne fournit aucune indication sur le studio d’enregistrement ni sur la composition de l’orchestre de J. Gutiérrez). 

La version 2014 The Beginning, qui reprend les 12 morceaux originaux, à une exception près (Bésame Mucho, de la Mexicaine Consuelo Velazquez  remplace Andalucia) n’est en rien un remake-marketing, une simple « bonne idée » d’un label, mais une authentique (re) création, avec des arrangements de Juan Manuel Ceruto, également producteur musical, sax ténor et flûtiste.

Enregistrée dans les Estudios Abdala de La Havane, Omara Portuondo est accompagnée de sept musiciens et sept « special guests » sur certains titres.  

« Le feu originel de la première production est remplacé par un jazz mûr (…).Il ne faut pas demander à l'héroïne du Buena Vista Social Club de recréer artificiellement la manière fougueuse de ses vertes années (…) » (Loïc Picaud, Music Story).

56 ans plus tard, sa voix n’est en effet plus tout à fait la même. Elle est bien meilleure, peut être comme jamais.

Tous les albums de Omara Portuondo sont splendides. Le dernier en date« Magia Negra » un peu moins que le prochain. (mp)