Cuba Inattendue (New Left Review)

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Examiné sans a priori, le cas cubain suggère qu’après tout, une autre voie est peut être possible.

Quel est le verdict sur l’économie cubaine, près d’un quart de siècle après l’effondrement du bloc soviétique ?

Une longue mais fort intéressante et utile analyse d’Emily MORRIS publiée par LE GRAND SOIR le 29 novembre 2014.

L’examen du cas cubain...

L’histoire que l’on raconte en général est simple, avec un message clair. C’est celle d’une alternance cyclique de la politique gouvernementale entre des moments de capitulation pragmatique devant les forces du marché, qui représentent le progrès, et des périodes de rigidité idéologique et de ré-affirmation du contrôle de l’État, qui représentent toutes les difficultés économiques. [1]

Après la dissolution du bloc commercial Comecon, les observateurs de Cuba étaient persuadés que l’économie socialiste étatique faisait face à un effondrement imminent. « Cuba a besoin d’une thérapie de choc, une évolution rapide vers la libéralisation des marchés », déclarèrent-ils. La restauration du capitalisme dans l’île était « inévitable » ; tout retard non seulement nuirait à la performance économique, mais infligerait des coûts humains graves et discréditerait les réalisations sociales de Cuba. Compte tenu de son refus obstiné de se lancer dans la voie de la libéralisation et des privatisations, la « dernière heure » de Fidel Castro avait enfin sonné. [2]

Le problème avec cette version est que la réalité a manifestement refusé de se plier aux prédictions. Bien que Cuba faisait face à des conditions exceptionnellement difficiles – en subissant le pire choc exogène de tous les pays membres du bloc soviétique et, grâce à l’embargo commercial américain de longue date, confrontée à un environnement international unique en son genre - son économie a eu des performances similaires aux autres pays de l’ex-Comecon, se classant13ème sur 27 pour lesquelles la Banque Mondiale dispose de données complètes. Comme montre la figure 1, sa courbe de croissance a suivi la tendance générale des « économies en transition » : une profonde récession au début des années 1990, suivie d’une reprise qui a mis une dizaine d’années pour retrouver le niveau de revenu national réel par habitant de 1990, avec une augmentation d’environ 40 pour cent jusqu’en 2013. [3]

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