« L’Histoire avance pas à pas » déclare le Cardinal Ortega.

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Un article de Léon Chabaneau,pour La Tribune de Genève.

Photo Logo : Le cardinal Jaime Ortega, le patron de l’église catholique à Cuba.Image : L.Chabaneau

Un commentaire : contrairement à ce que proclame pas mal de gens mal intentionnés, le Cardinal note "qu’il y avait plus de réticences de la part des Etats Unis..." et que "les conditions politiques étaient réunies... aux Etats Unis" ce qui signifie très clairement qu’elles l’étaient bien avant du coté cubain.

Cuba-USA

Pour le cardinal Jaime Ortega, le patron de l’église catholique à Cuba, l’accord avec les Etats-Unis est l’aboutissement d’efforts diplomatiques du Vatican entamés sous Jean Paul II.

Le cardinal Jaime Ortega, le patron de l’église catholique à Cuba.
Le cardinal Jaime Ortega, le patron de l’église catholique à Cuba.Image : L.Chabaneau

Est-ce grâce à vous que les Etats-Unis et Cuba se parlent ?

Les Etats-Unis et Cuba se parlent grâce à l’Eglise, grâce au pape François. Il a eu un rôle très important. Avant lui, Jean Paul II et Benoît XVI se sont aussi beaucoup investis pour parvenir à de meilleures relations entre Cuba et les Etats-Unis et contourner les obstacles comme l’emprisonnement des trois Cubains aux Etats-Unis et celle de l’Américain Alan Gross à Cuba. Cela a été une médiation diplomatique très bien faite. Le Saint Père l’a dit à un groupe de diplomates au Vatican : « Voyez ce que peuvent faire le dialogue et la diplomatie pour empêcher des conflits. Ce n’est pas par le chemin de la violence qu’on y arrive. C’est par le dialogue. » Et c’est ce que nous fêtons aujourd’hui.

Les négociations devaient-elles être discrètes ?

La discrétion de l’Eglise, du pape, du gouvernement cubain et de tous les autres acteurs a facilité cette négociation. C’était nécessaire. Comme il était nécessaire que peu de monde soit impliqué dans ce processus. Grâce à cela, on a pu obtenir quelque chose de profond.

Est-ce que cet accord va changer la vie à Cuba ?

Oui, je le pense. Ça change lentement et progressivement. Comme l’a dit Raoul Castro (ndlr : dans son discours au parlement cubain samedi), l’économie est fondamentale à Cuba. Il faut lever ce blocus économique et financier, car nous en souffrons tous. Même l’Eglise. Il nous est difficile de recevoir les dons de l’étranger. Mais je pense que ça va aller mieux.

Cuba et les Etats-Unis sont-ils amis désormais ?

L’Histoire n’avance pas à grands pas. Elle avance pas à pas et on arrive à son but en faisant des petits pas. Je pense que c’est un projet et le début d’une nouvelle relation. Il me semble que les deux côtés font preuve de bonne volonté.

Quels sont les prochains pas ?

L’ouverture de l’ambassade américaine à la Havane et celle de l’ambassade cubaine aux Etats-Unis. Ainsi que la probable visite du Secrétaire d’Etat à Cuba. John Kerry, lequel souhaite être le premier Secrétaire d’Etat américain à visiter Cuba en 56 ans.

L’engagement dans ce processus d’un pape d’origine latino-américaine a-t-il facilité les discussions ?

Le pape a joué son rôle pontifical. Les autres papes avaient déjà essayé d’intervenir, mais il y avait plus de réticences de la part des Etats-Unis. Mais nous sommes finalement arrivés à un accord, car les conditions politiques étaient réunies aux Etats-Unis et tout a été très bien été mené. (TDG)