Padura qui dialogue sur Retour à Ithaque

Les mésaventures de « Retour à Ithaque » à Cuba

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Nouvel épisode : Leonardo Padura parle de dialogue avec les autorités concernées
Par Michel Porcheron
Quatre jours après la lettre ouverte de douze personnalités du monde du cinéma cubain considérant comme « un acte de censure » la déprogrammation de Regreso a Itaca (Retour à Ithaque) du récent Festival de La Havane, ce mauvais feuilleton (jusqu’ici) connait un nouvel épisode avec l’intercession de Leonardo Padura.
L’écrivain cubain, coscénariste du film, a déclaré qu’un dialogue a été établi avec les autorités culturelles concernées, dans la perspective d’une programmation du film dans les (des ?) salles du pays. Leonardo Padura a bon espoir.

Laurent Cantet de son côté a rompu le silence qu’il respectait depuis le début de l’affaire, en adressant via le web le 20 décembre une lettre ouverte adressée aux Douze. Il a expliqué qu’il n’avait pas réagi jusque là pour ne pas compromettre tout ce qui était en cours à Cuba en faveur de son film.

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Leonardo Padura a bon espoir que Retour à Ithaque soit vu en salles à Cuba

Par Michel Porcheron (source : EFE)

L'auteur cubain Leonardo Padura a bon espoir que soit trouvée rapidement « une solution satisfaisante » pour que le film « Retour à Ithaque » de Laurent Cantet puisse être vu dans le circuit cinématographique de Cuba.

Le film de Laurent Cantet (Regreso a Itaca) dont il est coscénariste, avait été exclu, sans explication, du récent Festival International du Nouveau cinéma latino-américain de La Havane (4-14 décembre 2014). Invité officiellement un temps par la direction du Festival, le film devait être présenté le 12 décembre dans la salle Chaplin de la capitale (Calle 23, e/10 y 12). Mais il fut désinvité.    

« Nous allons faire tout le possible pour que les Cubains puissent voir le film par des voies (cauce) normales, car c'est un film qui parle de beaucoup de problèmes essentiels contemporains de Cuba »  a déclaré mercredi 24/12 Leonardo Padura à l’agence EFE.

L'écrivain et journaliste a indiqué qu’un dialogue a été établi avec les autorités culturelles cubaines pour que le film soit projeté dans les salles de l'île, se référant à des conversations avec le Ministère la Culture et de l'Institut cubain d'Art et d'Industrie Cinématographiques (ICAIC).

L'ICAIC a été l'institution qui a décidé au dernier moment d’exclure « Retour à Ithaque » de la programmation du Festival de La Havane, en alléguant que la présidence de l'Institut n'avait pas pu visionner le long-métrage du réalisateur français. C’est la première fois qu’un début d’ « explication » est avancé.

« Retour à Ithaque», du producteur français Laurent Cantet, a pour base un épisode de « La novela de mi vida » de Leonardo Padura (2001, Le Palmier et l’Etoile, publié en 2005 chez Métailié). L’écrivain a ensuite coécrit le scénario du film avec Cantet, avec une adaptation de François Crozade. Le film aborde le retour définitif d’un Cubain dans son pays, après un exil de 16 ans en Espagne. Il retrouve quelques amis de sa génération, ayant tous vécu le « Periodo Especial » sur une terrasse d’un immeuble, près du Malecon.

« C'est un film fait avec le cœur, avec les tripes de tous ceux qui ont travaillé dans le film », a souligné  Padura.

Son exclusion de la programmation du Festival a été à l’origine d’une lettre ouverte, publiée le 20 décembre,  de douze personnalités du monde du cinéma cubain, dénonçant « un acte de censure » de la part du Ministère de la Culture et de l’ICAIC. Cette lettre dénonçait aussi la passivité de l’UNEAC (Union nationale des écrivains et artistes cubains). D’autres noms de personnalités cubaines comme les cinéastes Julio Garcia Espinosa et Juan Padron, les comédiennes Daysi Granados et Eslinda Nunez, le musicien Leo Brouwer figurent parmi de nouveaux signataires du texte dit des  Douze.    

Quelques heures plus tard, Laurent Cantet publiait à son tour le 20 décembre également sur le web un texte (en espagnol) de remerciement aux Douze et de solidarité avec tout ce qu’ils avaient tenté La discrétion de Cantet s’explique par le fait qu’il a encore l’espoir de voir son film projeté à Cuba et qu’il ne veut rien entreprendre qui puisse ruiner cet espoir. (mp)