La Chine fait un fort pari sur l’Amérique latine

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Article de AngelGuerra Cabrera, publié dans « la pupila insomne » le 15 janvier et traduit par Chantal Costerousse.

Le processus d’unité et d’intégration de l’Amérique Latine et des caraïbes (ALC) et son positionnement géopolitique dans le monde comme région avec une autonomie croissante a acquis une dimension et une vitesse sans précédent depuis que fut élu Hugo Chavez à la présidence du Vénezuela en décembre 1998.

De nombreux mécanismes d’échanges et d’action politique commune...

Comme l’affirme l’académicienne brésilienne Monica Bruckman :« jamais avant dans l’histoire, la région a eu une densité diplomatique si dynamique et un ensemble si grand et si divers de mécanismes d’échanges et d’action politique commune ». Au cours des 15 dernières années ont surgi l’Alba, Petrocaribe, Unasur et la Celac, espaces de dialogues, de coopération et de concertation politiques inexistantes avant, qui à la fois ont augmenté ou redirigé les efforts intégrationnistes antérieurs comme le Caricom et le Mercosur.

Cette situation explique qu’indépendamment de la diversité des positions politiques et idéologiques de leurs gouvernements, l’ALC a parlé d’’une seule voix sur de nombreux sujets dans les forums internationaux et, a récemment conservé comme bloc un dialogue très utile tant économique que politique et culturel lors du premier forum ministériel de la communauté des Etats latino-américains et caribéens (celac) avec la Chine.

Il est également dû aux actions entreprises en son temps par l’ex président Hu Jin Tao et l’attitude particulièrement généreuse avec notre région de l’actuelle orientation chinoise. Durant son cours mandat le président du géant asiatique, Xinping, a fait deux tournées en ALC. La dernière d’’entre elles comprenait le Brésil, l’Argentine, Cuba et le Venezuela, pays avec lesquels il a déclaré que son pays maintient une relation stratégique, et un lien qui va au delà de l’économique et entre dans la communauté de points de vue et des actions conjointes sur un nombre important de sujets de l’agenda international, qui est basé sur un accroissement des échanges commerciaux, la coopération, et les investissements chinois de grande envergure non seulement dans ces pays mais également dans beaucoup d’autres de l’ALC.

Tout cela s’est vu augmenté et renforcé lors de la réunion qui s’est tenue à Pékin ce mois ci et qui impactera sûrement le prochain sommet de la CELAC au Costa Rica à la fin de ce mois. On peut considérer que la Chine est sur le point de se convertir en la première puissance économique mondiale extraordinairement renforcée dans son projet de pouvoir mondial par l’approfondissement de son alliance à multiples facettes avec la Russie de Vladimir Poutine, qui inclut un transcendantal composant énergique et militaire, et aussi par l’élargissement conjoint de l’espace géopolitique et économique des deux dans la zone euro-asiatique. De la même manière, par son appartenance aux BRICS,(Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) toutes conditions qui questionnent chaque fois plus à fond l’ancienne hégémonie quasi unique des États Unis et constituent de solides bases de transition jusqu’à un monde pluri- polaire.

Dans son discours inaugural le président Xi a affirmé que la Chine, déjà premier partenaire commercial de l’ALC pour avoir dépassé les 12400 millions de dollars annuels de commerce avec la région en 2000 , et actuellement 240 millions, se propose de l’élever à 500 millions au cours des 10 prochaines années. Il a également annoncé que le pays oriental investira sur la même période 250 millions de dollars dans les pays de la CELAC.

Lors de cette réunion un plan de coopération Chine-Amérique Latine et les Caraïbes (2015-2019) a été élaboré. Selon le président du Costa Rica Luis Guillermo Solis, également président intérimaire de la CELAC « ce fut une rencontre historique »puisque c’est la première fois que la Chine et l’Amérique latine parviennent à établir un agenda stratégique à long terme.

Pour sa part, Rafaël Correa, chef de l’Etat de l’Équateur qui assumera la présidence de la CELAC à partir du sommet du Costa Rica a salué la déclaration de Xi Jin Ping lorsqu’il a affirmé que la relation de son pays avec L’ALC se fait « d’égal à égal ». Dans une entrevue avec le journal du peuple pékinois, Correa a déclaré que la Chine a la capacité de fournir les ressources financières et le transfert de technologie que requiert l’Amérique Latine pour compléter ses infrastructures des ports et aéroports jusqu’en 2020.

Une des décisions de la réunion de Pékin a été l’attribution d’une très grande ligne de financement à bas taux d’intérêts étendue pour le pays de la soie au Venezuela et à l’Equateur à un moment où ils sont frappés par la chute des prix du pétrole.

La Chine vient contribuer à un ingrédient fondamental dont a besoin l’ALC pour son développement indépendant, sans préoccupations impériales comme l’a souligné le président Maduro.