Cuba-USA : négociations migratoires dans un esprit constructif

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Un article publié par GRANMA INTERNATIONAL édition en français.

Discussions productives et dans un esprit de coopération

Les chefs de délégations qui ont pris part hier à la 28e ronde de conversations migratoires entre Cuba et les États-Unis ont qualifié le dialogue de respectueux et constructif, et ont reconnu avoir accomplis des progrès dans des domaines spécifiques.

La directrice générale du Département chargé des États-Unis au ministère des Relations extérieures (Minrex), Josefina Vidal Ferreiro, a annoncé que la première journée a été consacrée à l’évaluation de plusieurs aspects des relations migratoires, y compris l’exécution des accords en vigueur depuis 1994 et 1995, ainsi que les octrois de visas d’immigration et pour les visites temporaires.

Selon la responsable de la délégation cubaine qui participe à ces deux jours de conversations visant à baliser le terrain en vue du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, il a également été question des résultats des actions menées par les deux parties pour faire face à l’émigration illégale, le trafic de personnes et la falsification de documents.

Pour sa part, le sous-secrétaire d’État adjoint pour les Amériques, Edward Alex Lee, a indiqué qu’au cours des discussions Cuba et les États-Unis ont souligné leur engagement en faveur « du maintien d’une migration sûre, légale et ordonnée entre les deux pays ».

Il a rappelé qu’il s’agit des premières négociations entre les deux parties depuis les changements annoncées le 17 décembre par les présidents Barack Obama et Raul Castro, affirmant que cette rencontre a témoigné de ce nouvel esprit de dialogue et de participation conjointe.

« Le fait que les discussions aient été productives et se soient déroulées dans un esprit de coopération prouve qu’en dépit de leurs divergences, les États-Unis et Cuba peuvent trouver des occasions pour continuer à travailler sur des questions d’intérêt mutuel, et poursuivre un dialogue respectueux et profond », a-t-il dit.

En plus d’avoir discuté de l’application bilatérale des accords, M. Lee a signalé que les deux parties ont eu des échanges de vues sur d’autres questions comme le retour de personnes d’origine cubaine qui se trouvent sur le territoire de ce pays et que les autorités jugent « expulsables », c’est à dire inadaptables, incompatibles avec le système de vie aux États-Unis, le Cuban Family Reunification Parole Program, un programme d’admission sous condition aux fins de la réunification des familles cubaines, ainsi que le suivi des citoyens rapatriés.

Au Palais des Conventions de La Havane, la directrice générale du Département chargé des États-Unis au Minrex a souligné que Cuba reconnaît que le gouvernement de ce pays a respecté les engagements contractés quant à l’octroi de pas moins de 20 000 visas par an à des émigrants cubains et également l’augmentation du nombre de visas accordés à des citoyens cubains pour des visites temporaires aux États-Unis.

Par ailleurs, elle a signalé que Cuba a fourni des informations qui prouvent le déroulement satisfaisant des nouvelles procédures migratoires mises à jour en 2013.

« Nous avons reconnu l’augmentation de la coopération et de la communication entre les agences compétentes des deux pays pour faire face à l’émigration illégale, au trafic de personnes et à la fraude migratoire », a-t-elle ajouté.

La délégation cubaine a proposé la tenue, dans les prochains mois, d’une rencontre technique entre experts sur la fraude de documents migratoires.

« Les deux parties ont salué les résultats favorables des échanges techniques et professionnels qui ont eu lieu récemment entre le Service de la Garde côtière des États-Unis et les Troupes garde-frontières de Cuba, notamment en vue d’élargir la coopération », a affirmé la fonctionnaire cubaine.

Le sous-secrétaire d’État pour les Amériques Edward Alex Lee a déclaré quant à lui que son pays maintiendra la Loi d’ajustement cubain et la politique dite des « pieds secs-pieds mouillés ».

Lee a affirmé que l’actuelle administration nord-américaine est engagée dans le maintien de ces normes qui continuent de régir la politique migratoire des USA à l’égard de Cuba.

La partie cubaine a regretté la persistance de la politique des « pieds secs-pieds mouillés » et de la Loi d’ajustement cubain, deux normes incompatibles avec la lettre et l’esprit des Accords migratoires, malgré les mesures adoptées par les deux parties.

« Cuba aspire à une relation normale avec les États-Unis dans le domaine migratoire », a déclaré Josefina Vidal Ferreiro, après avoir affirmé que ces deux instruments juridiques constituent le principal stimulant de l’émigration illégale vers le territoire nord-américain, ainsi que pour les entrées clandestines dans ce pays de citoyens cubains s’étant rendus légalement dans des pays tiers.

À cet égard, elle a rappelé que tous les émigrants cubains interceptés en haute mer ne sont pas restitués à Cuba, ce qui est contraire aux Accords migratoires en vigueur.

« Il s’agit d’une politique et d’une loi qui n’accordent un traitement préférentiel, exclusif et unique qu’aux citoyens cubains, un traitement dont ne bénéficie aucune autre nationalité du monde, ce qui nous amène à la conclusion que c’est l’élément essentiel qui incite et continue d’encourager ces départs illégaux », a souligné la diplomate en réponse à une question de la presse.

« Les “pieds secs-pieds mouillés” relèvent d’une politique, si bien que le gouvernement et le pouvoir exécutif sont parfaitement habilités à décider de son application. En ce qui concerne la loi, il est vrai que seul le Congrès des USA est habilité à la modifier, mais le président peut se prononcer sur son mode d’application », a-t-elle dit.

Plus loin, la responsable de la délégation cubaine a renouvelé l’opposition de son pays à la poursuite de la politique visant à encourager des professionnels et des techniciens cubains de la santé à abandonner leurs missions dans des pays tiers.

Elle a signalé que cette pratique blâmable de vol de cerveaux, qui a également pour but de priver de ressources humaines essentielles beaucoup de pays bénéficiant de la coopération cubaine, ne convient nullement au contexte bilatéral actuel.

Ce jeudi ont également lieu au Palais des Conventions de La Havane les conversations pour l’analyse du processus de rétablissement des relations diplomatiques, et pour traiter d’autres questions bilatérales.

La délégation nord-américaine sera conduite par la Secrétaire d’État adjointe pour l’Amérique latine, Roberta Jacobson, et celle de Cuba par Josefina Vidal.

Source : Granma International