LA NOUVELLE POLITIQUE DES ETATS UNIS ENVERS CUBA

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Article de Elier Ramirez Canedo dans le journal digital de Juventud rebelde et traduit par Mireille Tixe Cobian

Quelle que soit l’analyse que l’on fait des facteurs qui ont stimulé l’annonce du 17 septembre, il faut mettre en évidence en premier lieu l’héroïque résistance du peuple cubain depuis plus de 50 ans et la fermeté et sagesse de son leader historique.
Bien que ce soit un pas historique, l’essentiel n’est pas résolu comme l’a dit Raul Castro.

Mobiliser la véritable société civile cubaine ...

Le blocus se poursuit et le chemin vers la normalisation semble être un processus long et complexe. « Notre peuple doit comprendre que dans les conditions annoncées , ce sera une lutte longue et difficile qui nécessite que la mobilisation internationale et de la société américaine se poursuive pour réclamer la levée du blocus. »a affirmé Raul Castro.

Je crois qu’il faut insister sur ce point. Sinon, nous perdrions l’appui décisif que Cuba a toujours eu dans sa lutte contre le blocus. Si dans les prochaines années, on n’obtient pas sa levée définitive, il faudra continuer à porter ce thème aux Nations Unies et les forums internationaux. La lutte contre le blocus ne doit pas cesser et même s’il disparaissait, nous devrons nous mobiliser. Il ne faut pas lire entre les lignes pour déduire les buts de la « nouvelle approche » que Obama veut introduire dans la politique vers Cuba.

L’histoire des 55 dernières années a fait de nous un peuple aguerri dans l’affrontement avec les multiples politiques agressives des Etats Unis, mais nous n’avons pas le même entraînement pour affronter une politique agressive dissimulée, qui a les mêmes objectifs par les voies du rapprochement et l’échange culturel, académique, économique et politique entre les deux sociétés, avec moins de restrictions.

Cependant, en même temps, nous considérons que Cuba a suffisamment de talent, d’intelligence et de caractère pour nous unir plus encore, nous ajuster aux nouveaux défis et profiter des opportunités que peut nous offrir la nouvelle conjoncture.

Voici ce que disait Fidel en 1992 lors d’une entrevue avec Tomas Borge
« Peut-être sommes- nous plus préparés à affronter une politique d’agression qu’une politique de paix ; mais nous n’avons pas peur d’une politique de paix. Par principe, nous ne nous opposerions pas à une politique de paix , ou à une politique de coexistence pacifique entre les Etats Unis et nous ;, nous ne pourrions pas refuser une politique de paix sous prétexte qu’elle serait un instrument des Etats Unis pour tenter de neutraliser la Révolution , essayer de l’affaiblir et éradiquer les idées révolutionnaires à Cuba.

Selon moi, nous devrions être satisfaits d’y être parvenus sans abandonner aucun de nos principes , mais personne ne peut penser que le conflit ancestral avec les Etats Unis est arrivé à sa fin.

Ce serait suicidaire en ce moment de nous désarmer idéologiquement, quand, s’agissant d’un conflit systémique , nous nous dirigeons vers un modus vivendi entre adversaires idéologiques.

Cuba et les Etats Unis n’ont jamais eu de relations normales, ni au XIX° siècle, ni non plus au XX°, et tant que l’essence même du conflit sera entre l’hégémonie et la souveraineté , il sera impossible de parler de normalité des relations. Utiliser aujourd’hui ce concept dans son acceptation classique, peut se révéler trompeur et confus.

Cuba a toujours défendu une normalisation, qui ne peut correspondre à la vision étatsunienne du terme. Les gouvernements des Etats Unis l’ont toujours compris sur la base de la domination, ce qui implique que l’île cède du terrain sur sa souveraineté en matière de politique extérieure ou intérieure.

D’autre part, rien n’indique jusqu’à maintenant, que les piliers basiques de cette politique , la subversion sous ses diverses formes , vont cesser. Au contraire, il semble qu’elle s’amplifiera avec le temps à travers des voies plus créatives et artificielles qui promeuvent les valeurs et intérêts nordaméricains. « L’administration , a dit le président nordaméricain, continuera à appliquer les programmes de Etats Unis pour promouvoir le changement positif à Cuba. »

Le Département d’état a lancé convocation le 22 décembre, cinq jours après les annonces de la Maison Blanche, pour financer des programmes de 11 millions de dollars qui « promeuvent les droits civils, politiques et des travailleurs à Cuba. »Il est certain que la politique des Etats Unis sera davantage caractérisée par la guerre culturelle et la subversion politico-idéologique que par l’idée d’amener l’île au collapsus économique.

Ainsi, quand l’administration étatsunienne signale qu’elle continuera à appuyer la société civile cubaine, nous savons à quoi elle se référe : ce n’est rien d’autre qu’à l’activité des mercenaires qui a nourri la contre révolution fabriquée et financée depuis les Etats Unis.

Le communiqué de la Maison Blanche dit clairement que cette administration continuera à mener les idées suivantes dans sa stratégie subversive et d’ingérence : « faire que les citoyens obtiennent plus d’indépendance économique de l’Etat », « les cubanoaméricains seront nos principaux ambassadeurs de la liberté », « rompre le blocus informatif, « appuyer la société civile à Cuba en matière de droits humains et démocratie ».

La principale cible de la « nouvelle politique » continuera à être la jeunesse et parmi elle, les femmes, les noirs, le secteur privé, artistique et intellectuel.

Deux jours après l’annonce du 17 décembre, dans une conférence de presse, Obama a été emphatique et clair dans ses intentions envers la Grande île :
« le sens que les sens de la normalisation des relations est que cela nous donne davantage d’opportunités d’exercer une influence sur ce gouvernement. Mais ce qui est certain, c’est que nous allons être dans de meilleures conditions , je crois, pour exercer réellement une influence ».

Ce que nous notons aujourd’hui, c’est que les Etats Unis ont déplacé le centre de leur attention sur la réalité interne cubaine sur laquelle ils prétendent agir plus ouvertement.

La nouvelle conjoncture doit s’affronter non seulement au plan du discours et de la réflexion, mais surtout dans la transformation réelle et concrète de la vie quotidienne tant sur le plan spirituel que matériel. Je crois que nous devons affronter la transformation de notre pays de manière organique, l’économique à côté de l’idéologie et la culture. Une guerre plus rigoureuse et effective s’impose contre ces maux et ces insuffisances d’ordre interne qui peuvent se révéler plus subversives que le travail de nos ennemis et leur faciliter la tâche. Particulièrement, il faut mener une offensive forte contre la bureaucratie, l’inefficacité, la corruption, l’insensibilité, la négligence et la double morale.

Il faudra mobiliser la véritable société civile cubaine pour articuler une réponse cohérente à la nouvelle étape de confrontation afin que toute entière elle devienne notre principal et puissant noyau de résistance culturelle.

Nous devons travailler à la formation d’un esprit critique chez nos jeunes , les doter d’un désir de débattre et développer chez eux un regard antiimpérialiste et anticolonialiste. Ainsi ils pourront accomplir la prophétie de Fidel, qui dit, s’adressant à l’empire, en 2000 : « Je dois vous avertir que la révolution cubaine ne pourra être détruite ni par laforce ni par la séduction."