De l’amitié et de la fermeté

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Article rédigé par Fernando M. Garcia Bielsa e’t publié par "la pupile insomne" et traduit par Chantal Costerousse. Merci à elle qui s’en va rejoindre son mari à La Havane, et qui continuera de nous apporter son soutien pour l’animation de la Maison Victor Hugo

Nous avons toujours su faire la différence entre le peuple et le gouvernement des États Unis.

Lorsque nous nous exprimons à propos des dangers de la nouvelle dynamique bilatérale et la nécessité d’être vigilants et préparés, nous le faisons sans perdre de vue ce qui est fondamental dans les faits récents : le virage du gouvernement Obama jusqu’au rétablissement de relations avec notre pays et la libération de nos héros, ce qui représente une victoire de notre résistance et de nos principes, et une avancée jusqu’à une progressive et mutuelle « normalisation » bénéfique à laquelle nous souhaitons la bienvenue.

Par ailleurs, il n’est pas nouveau que les objectifs subversifs de la politique étasunienne se formulent de manière mielleuse , comme s’ils nous tendaient la main et qu’ils continuent d’ annoncer qu’ils essayeront de « promouvoir la démocratie »à Cuba et organiser ou financer des programmes pour « aider le peuple » L’importance à laquelle nombre d’entre nous souscrivent réside dans la nécessité de connaître si de tels plans et les subterfuges d’approche de l’ennemi historique de notre nation sont bien pertinents.

Mais il est également très important ,en lien avec un tel positionnement, de ne pas tomber dans des attitudes défensives simplistes ou extrêmes,éloignés de notre approche. En aucune manière ni notre peuple ni nos institutions ne confondront celui qui nous rend visite – et que nous accueillons- , avec les plans de l’ennemi, que nous rejetons. Attentifs oui, mais sans alarmisme. Alors mieux informé, notre peuple sera plus en mesure de le faire.

Une défense effective ne doit pas nous changer, mais nous faire grandir et rester comme nous sommes naturellement : ouverts, chaleureux et amicaux, qualités que nous ont toujours reconnues ceux qui nous rendent visite et qui viennent démentir par notre imparfaite mais admirable réalité, les histoires horribles qui ont été racontées dans la presse à sensation, dominante dans de nombreux endroits.

Beaucoup aux États Unis, et dans le monde ont salué avec une légitime émotion l’annonce conjointe du 17 décembre. Nous avons toujours su faire la différence entre le peuple et le gouvernement des États Unis. Elle a été un concept et presque un principe qui se dégage de toutes les approches de Fidel et de notre révolution, depuis janvier 1959. Beaucoup d’entre nous à Cuba avons eu l’occasion de connaître de très amicaux citoyens des États Unis, originaires de milieux très divers, nombre d’entre eux ont adhéré à la solidarité.

Je suis convaincu que l’opinion très répandue dans la population nord américaine à propos de notre pays et de son système de gouvernement a une base très superficielle, épidermique. Quand quelqu’un balaie ces « critères », lorsque nous sortons de certains milieux de Washington et du sud de la Floride, le citoyen étasunien n’a pas, en général, une opinion formée mais seulement une image simpliste alimentée par les médias, qui disparaît quand il connaît et discute avec un « cubain de l’île » et, encore plus lorsqu’il visite Cuba.

C’est pour cela que nous accueillons les échanges et renforçons nos contenus dans ce que l’on appelle « contacts de peuple à peuple », en même temps que nous nous tenons informés et préparés pour affronter les projets visant à nous confondre et à « nous tuer avec amour » du gouvernement des États Unis.

Nous pouvons coexister avec le voisin du nord, mais il n’y a pas de raison pour que nous aimions un pays impérial et arrogant. Nous aimons comme le disait Marti, la patrie de Lincoln, mais pas celle de Cutting, ni celle du Ku Klux Klan, ni celle du macarthysme.

Nous nous rappelons et nous aimons, puisqu’ils font partie de ceux qui rendent possible l’objectif d’une véritable normalisation des relations, ceux qui entre autres, ont fait partie des contingents de la brigade « nous vaincrons », des 23 caravanes des pasteurs pour la paix qu’a dirigé le révérend Lucius Walker ; les millions qui appuyèrent le droit du petit Elian, de revenir avec son père à Cuba, et les autres, nombreux, qui dans ce pays, ont apporté leur solidarité à nos cinq héros.

C’est aussi la terre de Henry Reeve et Pete Seeger, de Martin Luther King et de Malcom X ; de Harry Belafonte, Angela Davis, Sandra Levinson et Danny Glover ; de Leonard Weinglass et de beaucoup d’ avocats solidaires ; de Saul Landauy, toute une gamme d’académiciens et d’intellectuels amis, parmi de nombreux autres.

C’est de plus la terre où réside un million de cubains qui, dans leur immense majorité maintiennent de forts liens familiaux et de tous types avec notre pays.

C’est cette nation où les femmes ont été à l’avant garde de la lutte pour leurs droits.

C’est la patrie, de millions de manifestants contre la guerre du Vietnam, contre les armes nucléaires et pour arrêter la fureur des attaques qui partent de chez eux, y compris celles qui se sont produites contre notre pays, lesquels se maintiendront sûrement actifs contre l’embargo et n’importe quelle nouvelle forme d’agression.

C’est pour cela qu’avec la nécessité de rester vigilants pour la défense de notre souveraineté et l’urgence de guérir les vulnérabilités et les failles, ces lignes directrices se font sans préjudice de l’amitié entre nos peuples.

Ces thèmes doivent être posés sur la table parce que le moment l’exige et parce que cette société est encore dominée par des structures et une logique impériales.

Mais avec la même emphase, je joins ma voix à celles de nombreux autres qui, sur ces questions essaient de voir les choses en multicolore, dans toutes leurs nuances, ce qui suppose que nous comprenions les complexités, que nous évitions les rigidités, ou une éventuelle paranoïa, improbable et étrangère à notre nature.

En tant que peuple cultivé, patriote et engagé dans cette révolution, nous nous positionnons et serons vigilants face à toute action irrespectueuse et hostile ; nous ne commettrons ni bévues, ni ingénuités devant les approches subtiles qui sont à l’ordre du jour et qui prétendent inoculer le poison.

Simultanément, nous continuerons d’être comme nous sommes, sûrs de nous mêmes, accueillants avec ceux qui viennent visiter notre pays, révolutionnaires avec la dose d’amour que mentionnait le Che et avec le concept de Marti « la Patrie est l’humanité ».