Histoire de Cuba : L’explosion du Maine et l’intervention nord-américaine

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par Israel Valdés Rodriguez Article tiré du Blog « Cuba pour toujours »

(San Antonio de los baños, 1952), Professeur et historien, membre du secrétariat permanent de l’Union des historiens de Cuba.

Traduit par Gonzalo DORADO pour notre site.

Un prétexte au déclenchement de l’intervention et de la déclaration de guerre à l’Espagne

Vers la fin de 1897, l’initiative combattante de l’armée de Libération était évidente, la balance du conflit penchant toujours plus du côté des mambis. L’envoi par l’armée espagnole d’au moins 200 000 hommes ajouté au regroupement de la population ne parvinrent pas à obtenir la pacification souhaitée. L’offensive du général Ramon Blanco contre le légendaire chef mambi Calixto Garcia s’est également conclue par un échec retentissant.

Le 6 décembre 1897, le Président des Etats-Unis, William McKinley, dans son discours annuel sur l’état de l’Union devant le Congrès, fit une allusion appuyée sur la situation à Cuba et fit part de ses idées d’ingérence.

Le 1er janvier 1898, Blanco instaura à Cuba un régime autonome ce qui permit une certaine mais limitée liberté de la presse. Alors, le journal de La Havane « El Reconcentrado » (Le Reconcentré) publia un éditorial intitulé « Fuite de voyous » qui attisa le courage d’une foule réactionnaire, pro-espagnole et anti-autonomiste, qui assailli les locaux du journal et provoqua une petite manifestation de rue au cours de laquelle on entendit des vivas pour Weyler et des huées contre Blanco. Cet incident fut suffisant pour que le Consul Nord-américain, Fitzhugh Lee, de façon opportuniste, amplifiant les faits, envoya un câble aux Etats-Unis sollicitant l’envoi de bateaux de guerre dans la capitale cubaine en prévision de possibles attaques contre les résidents états-uniens sur l’île ou de leurs propriétés.

Le 24 janvier, le Président des Etats-Unis décida l’envoi d’un navire de guerre, invoquant les bonnes relations entre les deux pays, comme un geste d’amitié mais ce qui est sûr, c’est que cela constitua le début d’un plan d’intimidation dont McKinley prétendait faire une démonstration de force et qui marquait ses projets futurs d’ingérence.

Le 25 janvier 1898, à 11 heures du matin, le cuirassé de deuxième classe Maine faisait son entrée dans la Baie de La Havane. Le 15 février à 9 heures 40 du soir, il explosa mystérieusement. Son équipage qui comptait 266 hommes dont une grande partie de noirs, périt. L’explosion eut lieu à la proue où se situaient les dortoirs des marins et de suite, le feu s’étendait en un spectacle tragique de mort et d’horreur.
L’Espagne et les Etats-Unis s’accusèrent mutuellement de cette destruction. Elle a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs enquêtes pendant plus d’un siècle, d’abord pour déterminer les causes de l’explosion et plus tard pour établir le lien qui conduisit les Etats-Unis à déclarer la guerre à l’Espagne.

Ce triste épisode et la forme qu’utilisa la presse nord-américaine pour enhardir les velléités de la population furent des signes évidents de la rupture des relations diplomatiques et le déchaînement des hostilités. Ce fut le prétexte au déclenchement de l’intervention et de la déclaration de guerre à l’Espagne.

L’intervention armée nord-américaine.

Après un processus de démarches diplomatiques et une intense campagne de propagande destinée à préparer les conditions nécessaires pour l’intervention armée à Cuba, suivit une période de mobilisation et de tension de toutes les forces militaires et navales des Etats-Unis.

La supériorité navale nord-américaine leur permit de détruire l’escadre à Manille et celle de Cervera en face de Santiago de Cuba en un véritable tir sur cible. Cependant, à terre, les troupes nord-américaines firent la démonstration de significatives faiblesses dans leur instruction et dans la conduite des actions de combat. Grâce à l’appui et à la coopération des forces mambis, elles purent obtenir la victoire.

Alors, la façon dont seraient traités les cubains fut immédiatement et manifestement évidente en empêchant le général mambi Calixto Garcia et ses compagnons d’entrer dans la capitale orientale au prétexte de « possibles représailles » de la part des cubains. La dignité et l’élégance du patriote de Holguín fut exprimée dans sa réponse retentissante écrite au général William Shafter, commandant suprême du corps expéditionnaire nord-américain à Cuba.

En résumé, la politique mise en œuvre fut un accord avec les Etats-Unis. Leurs projets et démarches marquèrent la déroute de leurs prévisions incluses dans leur plan d’ingérence. L’explosion du Maine, la guerre avec l’Espagne, l’occupation de ses colonies, parmi elles Cuba, faisaient partie de l’objectif de rapines de l’impérialisme. Le plan complet supposait l’exportation de capitaux pour assurer l’esclavage économique de l’Amérique latine et de sa transformation en un marché de produits industriels et en source de matières premières.