Agenda USA/CUBA N°2 "Etablir des relations civilisées de coexistence"

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Nous publions le communiqué de presse de la délégation cubaine, suivi de la déclaration de Josefina Vidal, sa responsable, et les réponses qu’elle a apportées au cours de la conférence de presse. De même l’opinion de la responsable des Etats Unis http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2015/03/cuba-etats-unis-roberta-jacobson-nous-avons-progresse.html
Merci à Françoise Lopez pour la traduction.
Toute la presse a en général fait référence à cette importante rencontre. Vous trouverez ci-après le lien pour l’article publié par le quotidien LA CROIX : http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Les-Etats-Unis-comptent-rouvrir-bientot-leur-ambassade-a-Cuba-2015-02-28-1285928

COMMUNIQUE DE PRESSE DE LA DELEGATION CUBAINE A LA 2° RONDE DE CONVERSATIONS SUR LE RETABLISSEMENT DES RELATIONS DIPLOMATIQUES

traduction Françoise Lopez

Le 27 février 2015 s’est déroulée à Washington une nouvelle ronde de conversations entre les délégations de Cuba et des Etats-Unis sur le processus d’officialisation du rétablissement des relations diplomatiques et l’ouverture d’Ambassades annoncé par les présidents Raúl Castro Ruz et Barack Obama, le 17 de décembre 2014.

La délégation cubaine était présidée par la directrice générale pour les Etats-Unis du Ministère des Relations Extérieures, Josefina Vidal Ferreiro, er la délégation étasunienne par la secrétaire assistante pour les Affaires de l’Hémisphère Occidental du Département d’Etat, Roberta S. Jacobson. La réunion s’est déroulée dans un climat professionnel, respectueux et constructif.

Les représentants cubains ont réaffirmé l’importance de résoudre un groupe de problèmes qui permettent de créer le contexte favorable au rétablissement des relations diplomatiques et à l’ouverture d’Ambassades dans les deux capitales, en particulier, l’exclusion de Cuba de la liste des "Etats qui patronnent le terrorisme international" et le prestation de services financiers à la Section des Intérêts de Cuba à Washington qui, pendant plus d’un an, n’a pas eu de banque pour réaliser ses opérations à cause du blocus et de a désignation de Cuba comme pays soutenant le terrorisme international.

De même, la délégation cubaine a insisté sur la nécessité de garantir l’observation des principes du Droit International et des Conventions de Vienne sur les Relations Diplomatiques et Consulaires qui devront être la base des futures relations diplomatiques et du fonctionnement des Ambassades respectives. En particulier, on a mis l’accent sur le respect des normes concernant les fonctions des missions diplomatiques, le comportement de leur personnel, du respect des lois nationales et la non intervention dans les affaires intérieures des Etats.

D’autre part, des détails ont été précisés concernant les visites et les rencontres techniques bilatérales qui auront lieu dans les semaines qui viennent sur des sujets comme l’aviation civile, la traite de personnes, les télécommunications, la prévention de la fraude migratoire et les changements dans les règles qui modifient l’application du blocus.

Lors de cet échange, la partie cubaine a affirmé sa disposition à continuer le dialogue et à avancer dans les relations entre Cuba et les Etats-Unis sur la base du respect, de l’égalité souveraine et de la réciprocité.

Source en espagnol :
http://www.granma.cu/mundo/2015-02-27/comunicado-de-prensa-de-la-delegacion-cubana-sobre-el-restablecimiento-de-las-relaciones-diplomaticas-con-eeuu,
URL de cet article :
http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2015/02/cuba-communique-de-presse-de-la-delegation-cubaine-a-la-2-ronde-de-conversations-sur-le-retablissement-des-relations-diplomatiques.html,


Cuba/Etats-Unis : Josefina Vidal : "NOUS AVONS EU UNE BONNE REUNION"

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Cubadebate
traduction Françoise Lopez

Déclarations de Josefina Vidal à la conférence de presse à la fin de la seconde ronde de conversations sur le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis, au Département d’Etat, Washington.

Nous remercions, au nom de la délégation de Cuba, le Département d’Etat à Washington pour son accueil pour cette nouvelle ronde de conversations sur le rétablissement des relations diplomatiques et l’ouverture d’ambassades. Nous avons assisté à cette réunion dans un esprit constructif, je peux affirmer que cette réunion s’est déroulée dans un climat respectueux et professionnel.

Nous avons eu une bonne réunion. Nous avons fait certains progrès. Pour la seconde fois, nous, les délégations des deux pays, nous nous sommes assis à la table de négociations, comme des égaux, pour discuter les termes du rétablissement des relations diplomatiques et de l’ouverture des ambassades.

Nous avons réaffirmé, lors de cette rondes, l’importance de trouver une solution à un groupe de problèmes qui permettent de créer le contexte approprié pour rétablir les relations et de ouvrir des ambassades dans les deux capitales.

En particulier, la délégation cubaine a évoqué le thème de l’exclusion de Cuba de la liste des états qui patronnent le terrorisme international et de la fourniture de services financiers à la Section des Intérêts de Cuba à Washington qui, pendant plus d’un an, n’a pas eu de cadre pour réaliser ses opérations. Nous sommes optimistes sur le fait que dans les prochaines semaines, nous pourrons voir des résultats en ce qui concerne ces sujets, qui nous permettent d’avancer vers rétablissement des relations et l’ouverture des ambassades.

La délégation nord-américaine nous a informé qu’elle travaille sur les deux sujets. Nous exprimons toute notre disposition à maintenir une communication permanente dans les prochains jours et les prochaines semaines sur les sujets dont nous avons discutés.

D’autre part, nous avons discuté des visites et des rencontres techniques bilatérales qui auront lieu dans les prochaines semaines sur des sujets comme la traite des personnes, l’aviation civile, les télécommunications, les droits de l’homme, les zones maritimes protégées, la prévention de la fraude migratoire et les changements réalisés dans les règles concernant l’application du blocus aux Etats-Unis.

Lors de cette réunion, la délégation de Cuba a affirmé sa disposition à continuer le dialogue et à avancer dans les relations entre Cuba et les Etats-Unis sur la base du respect, de l’égalité souveraine et de la réciprocité. Nous sommes confiants dans le fait que nos 2 pays peuvent établir des relations civilisées de coexistence et que nous soyons capables de reconnaître et de respecter nos différences pour, en tant que voisins, identifier des domaines d’intérêt mutuel pour coopérer au bénéfice de nos pays de la région et du monde.

Merci beaucoup.

Questions des journalistes :

NBC News : Le Secrétaire d’Etat John Kerry a dit il y a quelques temps que le sujet de l’élimination de Cuba de la liste des pays qui patronnent le terrorisme est un sujet séparé de celui l’ouverture des ambassades. Vous voyez l’ élimination de Cuba de la liste des pays qui patronnent le terrorisme comme une condition préalable à l’établissement ou à l’ouverture des ambassades ? Et Cuba serait-elle disposée à rendre Assata Shakur, ce qui est une des demandes du Congrès pour la normalisation ?

Josefina : Nous n’avons établi ni relation ni lien entre le fait d’ouvrir des ambassades et nous éliminer de la liste des pays terrorismes. Nous avons dit que pour Cuba, il est important que ce problème soit résolu, dans un processus dirigé vers le rétablissement des relations diplomatiques et non en particulier pour ouvrir les ambassades.

Nous nous sommes réunis l’année dernière à La Havane et nous avons expliqué que pour nous, il serait difficile d’expliquer que Cuba et les Etats-Unis ont rétabli des relations normales alors que Cuba figure toujours sur la liste des pays qui patronnent le terrorisme, sur laquelle nous pensons que jamais ils ne devraient nous avoir mis. ils nous ont dit qu’ils étaient disposés à résoudre ce problème. En ce qui concerne l’autre sujet, nous en avons souvent parlé dans le passé, je peux vous donner une information, nous avons eu un traité d’extradition entre les Etats-Unis et Cuba, qui a été signé au début du XX° siècle, en 1906.

Ce traité d’extradition n’a pas été respecté depuis 1959, quand Cuba a demandé aux Etats-Unis d’extrader des membres de la dictature cubaine qui étaient responsables de terribles crimes à Cuba. Depuis le début de la Révolution, ce traité en fonctionne plus parce qu’il n’a plus été honoré par les Etats-Unis. Il est encore en vigueur mais il ne fonctionne plus. Ce traité contient une clause qui dit qu’il ne s’applique à aucun activité politique.

C’est pourquoi Cuba, de façon légitime, a accordé l’asile politique à un petit groupe de citoyens étasuniens parce que nous avons des raisons de penser qu’ils le méritent et c’est à quoi nous sommes arrivés et quand on accorde l’asile politique, alors, on ne peut pas entrer dans cette sorte de discussions. Peut-être y a-t-il beaucoup d’autres choses à expliquer en termes de respect des droits des autres mais je vais m’arrêter là, merci.

Telesur : Pour résumer en deux questions : quel serait le titre de cette réunion ? Et quel est le prochain pas et à quelle date ?

Josefina : je dirais que le titre est... en anglais : We have made progress ou en espagnol : Hemos tenido progresos (nous avons fait des progrès), dans la réunion d’aujourd’hui. Jepeux affirmer que nous arrivons à rapprocher les positions des deux pays au sujet des thèmes qu’il faut discuter pour ce double processus de rétablissement des relations et d’ouverture des ambassades.

Ainsi, je peux dire que je suis optimiste sur le fait que dans les semaines à venir, nous puissions obtenir certains résultats qui nous permette de nous rapprocher de ce moment pour lequel nous n’avons pas encore de date, pour accomplir le pas déjà définitif de rétablissement des relations et fixer une date pour l’ouverture des ambassades.

Nous n’avons pas spécialement fixé de nouvelle réunion mais nous avons décidé de maintenir une communication permanente dans les prochains jours et les prochaines semaines pour continuer à discuter des sujets dont nous avons discuté aujourd’hui, dans les prochains jours. C’est tout ce que je peux dire.

BBC : Vous dites que l’élimination de la liste des pays terroristes n’était pas une condition préalable pour ouvrir des ambassades. Voyez-vous ces deux choses comme "différentes" ? Peut-on ouvrir une ambassade avant d’avoir obtenu cela ?

Josefina : Non, mais je peux dire que ce sont deux sujets différents. D’abord, on rétablit les relations et ensuite, on ouvre les ambassades. C’est notre façon de voir. D’abord, nous rétablissons les relations et ensuite nous passons au pas suivant d’ouvrir les ambassades, alors, ce que nous disons n’est pas une condition préalable mais ce que nous disons, c’est que c’est un sujet extrêmement important pour Cuba. Je peux dire que c’est un sujet prioritaire et nous nous espérons qu’on l’aborde et qu’on le résolve dans le processus engagé vers le rétablissement des relations diplomatiques. Parce que, comme je l’ai dit, il serait très difficile de dire que nous avons établi des relations alors que notre pays est toujours sur une liste sur laquelle nous croyons très fermement qu’il n’aurait jamais dû être mis.

AP : Bonsoir, merci pour cette occasion. Je voudrais vous demander si ces réunions techniques que vous avez mentionnées, comprenant les droits de l’homme et les zones protégées vont être encore menées à bien quand il n’y pas d’accord définitif sur la normalisation et si la réponse est OUI, je voudrais vous demander si une date a été fixée pour la réunion sur les Droits de l’Homme. Etje voudrais vous demander aussi pourquoi il est si important pour cuba de ne pas être sur la liste des pays qui patronnent le terrorisme. si nous voyons le cas du soudan, par exemple, qui est sur cette liste, il y a des relations diplomatiques et les Etats-Unis ont une ambassade qui fonctionne à Khartoum.

Josefina : Merci pour vos questions.Regardez, la réponse à la première question est que oui, il est possible d’avoir des réunions techniques indépendamment du processus parallèle que nous menons à bien pour rétablir des relations diplomatiques. En fait, je peux dire que nous avons cette sorte de réunions techniques depuis quelques temps.

Ce n’est pas un processus de réunions qui va commencer maintenant. Déjà, je dirais, depuis approximativement, je dirais 3 ans, nous avons organisé des réunions techniques, par exemple, sur la sécurité aérienne, sur la prévention d’écoulements de pétrole dans les opérations de forage en eaux profondes, sur le courrier postal et ce que nous faisons, c’est de continuer certaines de ces réunions.

Par exemple, dans les prochaines semaines, nous allons avoir une réunion sur la prévention de la fraude migratoire. C’est quelque chose que nous avons fait auparavant mais aussi, nous allons élargir un peu l’éventail des sujets sur lesquels nous allons parler au niveau technique. Et par exemple, dans les semaines qui viennent, nous allons avoir certaines de ces réunions qui vont être nouvelles, que nous n’avons pas eues auparavant.

Par exemple, nous allons parler de "l’information et des télécommunications", officiellement, entre des représentants du Département d’Etat et des représentants de différentes agences gouvernementales cubaines. Nous allons parler pour la première fois des "zones maritimes protégées", un sujet d’une importance capitale pour Cuba et pour les Etats-Unis à cause de notre intérêt à la préservation et à la conservation du milieu ambiant que nous partageons. Nous allons parler pour la première fois des Droits de l’Homme.

Cuba avait déjà proposé au gouvernement des Etats-Unis, en juillet de l’année dernière, de commencer à avoir une conversation civilisée, respectueuse, réciproque sur les Droits de l’Homme. Nous avons reçu avec satisfaction l’acceptation de cette réunion de la part du Département d’Etat. Nous n’avons pas encore de date spécifique, nous sommes en train d’échanger des idées mais les deux parties doivent vérifier les agendas des hauts fonctionnaires de Cuba et des Etats-Unis qui vont y participer. C’est tout ce que je peux dire.

Ah, regarde, je sais qu’il y a d’autres pays qui ont des relations diplomatiques avec les Etats-Unis indépendamment du fait qu’ils sont sur la liste des Etats qui patronnent le terrorisme mais pour Cuba, c’est une question, je dirais, de justice. Ou, comme Cuba est tellement convaincue qu’elle ne devrait jamais faire partie de cette liste limitée, petite, réduite, de pays et qu’aujourd’hui, maintenir notre pays dans cette lste ne repose sur rien. pour nous, il s’agit de se conformer à la réalité et de faire justice.

Par conséquent, je dirais que pour nous, d’un point de vue moral, éthique, il est très important d’aborder ce sujet de façon que quand nous rétablirons des relations, nous entrions dans une véritable nouvelle étape, une nouvelle étape dans les relations entre Cuba et les Etats-Unis, sur des bases différentes, sur des bases solides, qui représentent véritablement un changement qualitatif dans la sorte de relation dont nous sommes en train de discuter pour commencer à construire, il s’agit plus de cela.

La Opinión : Josefina, vous avez dit que Cuba ressent comme une injustice son inclusion dans cette liste depuis 1982 et c’est un sujet qui est sur le tapis. Je voudrais savoir si dans cette discussion d’aujourd’hui, les autorités des Etats-Unis vous ont expliqué , à vous, les Cubains, quelles sont les conditions que vous devez réunir pour sortir de cette liste une bonne fois pour toutes.

Josefina : nous avons évoqué ce sujet, évidemment, pas seulement maintenant. Je crois que nous passons plus de temps à parler de ce sujet parce que c’est un sujet que, quand nous avons commencé à parler il y a déjà quelques années, Cuba a toujours mis sur la table.

J’ai dit un sujet, je dirais un thème récurrent dans l’ordre du jour du côté de Cuba et même, dans une étape supérieure, quand on n’avait pas encore pris cette décision historique de modifier nos relations. Nous avons parlé de ce sujet mais bon, comme c’est un sujet qui concerne uniquement les autorités des Etats-Unis parce c’est une loi des Etats-Unis, c’est un exercice qui est réalisé par le gouvernement des Etats-Unis, je préfère laisser ce sujet aux mains des représentants des Etats-Unis pour qu’ils décident s’ils souhaitent l’aborder et quels détails donner.

Merci beaucoup à tous, cela a été un grand plaisir d’être avec vous et j’espère que nous nous reverrons, dans de meilleures conditions. Merci beaucoup, au revoir.

(Version réalisée par Cubadebate)

Source en espagnol :
http://www.cubadebate.cu/?p=538655,
URL de cet article :
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