Le Président Hollande à La Havane et le dialogue Bruxelles-La Havane reprend sur fond de rapprochement Cuba-Etats-Unis

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Le mouvement s’accélère ! D’une part la mission officielle cette semaine, de notre Secrétaire d’Etat au commerce extérieur, M. Fekl, la reprise des négociations Cuba/Union Européenne et maintenant l’annonce de la visite du chef de l’Etat français, François Hollande ... On ne peut que s’en féliciter.


Le dialogue Bruxelles-La Havane reprend sur fond de rapprochement Cuba-Etats-Unis

Le président cubain Raul Castro à son arrivée à Santiago du Chili pour participer au sommet entre la Communauté d’États latino-américains et des Caraïbes (Celac) avec l’Union Européenne, le 26 janvier 2013 © AFP/Archives - Claudio Santana

L’Union européenne et Cuba reprennent mercredi leurs négociations en vue de la normalisation de leurs relations, avec en toile de fond le rapprochement historique amorcé entre La Havane et Washington.

Signe de la volonté des Européens de ne pas se laisser distancer, la présidence française à annoncé mardi soir que François Hollande se rendrait en visite officielle à Cuba le 11 mai, ce qui constituera la première visite d’un chef de l’Etat français dans le pays.

Prévue sur deux jours à La Havane, la troisième session du dialogue UE-Cuba entamé en mai 2014 doit aborder à huis-clos les questions sensibles des droits de l’Homme et de l’ouverture politique. Les parties ont pour objectif de conclure un "Accord de dialogue politique et de coopération" censé tourner la page d’une décennie de brouille.

"Nous avons un programme focalisé sur le thème de la coopération avec l’ambition de commencer à évoquer les deux autres points (dialogue politique et commerce) pour poser les bases des prochaines étapes", a expliqué à l’AFP un diplomate européen.

Alors que les relations entre l’UE et Cuba sont officiellement suspendues depuis 2003, leurs représentants ont rouvert le dialogue à l’initiative des 28 de l’UE, décidés à changer de politique afin d’encourager La Havane à effectuer des réformes dans le domaine des droits de l’Homme.

La proposition a été acceptée par Cuba souhaitant que l’UE abandonne sa "position commune", en vigueur depuis 1996, et qui conditionne la coopération européenne avec le régime communiste à des avancées démocratiques, notamment en matière de droits civiques et politiques.

Pour rassurer la partie cubaine les Européens assurent "ne pas négocier de mesures spécifiques dans ces domaines".

"Ce que nous sommes en train de négocier, c’est un cadre pour l’accord (...), un cadre légal du dialogue, la coopération et les échanges, y compris dans les domaines de la gouvernance et des droits de l’Homme (...) Nous négocions un cadre pour parler de cela", a précisé le diplomate européen.

"La partie cubaine est consciente depuis le début du fait que cela va devoir être intégré dans l’accord", a-t-il encore assuré sous couvert de l’anonymat.

  • Droits de l’Homme et commerce -

Les conversations sont menées par le chef négociateur européen Christian Leffler et le vice-ministre cubain des Affaires étrangères Abelardo Moreno. Les deux hommes avaient déjà dirigé les débats en avril et août 2014 à La Havane puis à Bruxelles.

Initialement prévue en janvier, cette session avait été reportée en décembre à la demande de la partie cubaine peu avant l’annonce du dégel avec les Etats-Unis.

L’UE avait alors salué un "tournant historique" et sa chef de la diplomatie, Federica Mogherini, avait dit espérer nouer des relations "avec l’ensemble de la société cubaine, en soulignant que "les droits de l’Homme demeurent au coeur de la politique de l’UE envers Cuba".

De son côté, l’Espagne avait en janvier appelé l’UE à accélérer le processus de normalisation avec La Havane, pour ne pas perdre du terrain face à Washington notamment en matière d’échanges commerciaux.

Le chef de la diplomatie espagnole Jose Manuel Garcia Margallo avait ainsi exhorté à "donner la possibilité aux entreprises de l’UE de concurrencer les entreprises américaines".

Pour Cuba, la signature d’un accord de coopération avec l’UE libèrerait l’aide européenne ainsi que de nouveaux débouchés alors que son économie bat de l’aile, sous l’effet d’une croissance en berne (1,3% en 2014) et de l’embargo américain, toujours en vigueur.

Les cigares cubains, un des principaux produits d’exportation de l’île, sont taxés à 26% à l’entrée dans l’UE, pénalisant les ventes du monopole Habanos S.A. par rapport aux concurrents centre-américains et dominicains, exempts de droits de douane.

Ces dernières années, le commerce entre Cuba et le bloc européen a gagné en volume, faisant de l’UE le deuxième partenaire de l’île après le Venezuela, avec 3,7 milliards d’échanges en 2012, selon les derniers chiffres officiels publiés.

Depuis la reprise de contact entre l’UE et Cuba en 2008, les Européens ont consacré 110 millions de dollars à des programmes d’aide au développement sur l’île communiste.

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