MA GENERATION

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Article de Yasel Toledo Garnache traduit par Pascale Hébert

Confiance en la nouvelle génération ...

…Dans le bus une dame répétait que « la jeunesse d’aujourd’hui est perdue ». Un homme à côté d’elle l’approuvait. Et d’autres passagers se sont joints au chœur en donnant des exemples des « turpitudes » de ceux qui comme moi ont moins d’années au compteur.

Mon amie m’a pris par le bras et m’a emmené dans le fond du bus. « C’est ça qui m’énerve. Ils nous mettent tous dans le même sac, à cause de quelques uns seulement » m’a-t-elle dit avec irritation.

Plus tard, dans un parc de Bayamo, trois hommes critiquaient deux jeunes gens à cause de leur coiffure extravagante et de leurs anneaux aux oreilles qui, d’après eux, leur ôtaient une part de masculinité.

Nombreux sont ceux qui sont fréquemment la cible de critiques, à cause de leur look vestimentaire et de leurs comportements dans les lieux publics parce qu’ils ne travaillent pas autant qu’on travaillait avant, parce qu’ils sont mal-élevés ou parce qu’ils bougent et parlent sur fond de reggaeton.

Le phénomène est-il si simple ? Est-ce que par hasard il se transmet par osmose ? Est-ce que c’est dû à un souffle d’air différent ? Les moins âgés vivent-ils dans une bulle, isolés de tout contexte ? Sont-ils si différents en réalité ? Quelles en sont les raisons ?

La relecture de phrases et de documents écrits il y a des siècles révèle que l’affaire n’est pas nouvelle. Par exemple le philosophe Socrate (470 – 399 a. J.C.) a déclaré « notre jeunesse aime le luxe et elle est mal-élevée, elle n’écoute pas les autorités (…) Elle ne se lève pas quand une personne âgée entre et elle répond à ses parents ». Pour Hésiode (720 a. J.C.), elle était également « insupportable, débridée et tout simplement horrible ».

Sur un vase en terre cuite découvert dans les ruines de Babylone et vieux de plus de 4000 ans, on peut lire : « les jeunes sont des malfaisants et des oisifs ».

Le passage de toutes ces années a balayé des édifices et même des empires qui s’illustraient à coup de conquêtes. Cependant, les expressions sont toujours là, inchangées dans leur essence.

Chaque génération essuie des critiques, et comme dans une revanche inconsciente, elle s’en prend ensuite à la génération suivante.

Notre contexte est trop complexe pour seulement le montrer du doigt et la perte des valeurs dans une partie de la société ne se limite pas aux plus jeunes.

Que gagnons-nous à dire « tu es mauvais », à tourner le dos et à nous en aller ? L’éducation n’est-elle pas par hasard l’affaire de tous : famille, école, voisins, collègues de travail et même de la dame dans le bus.

Ceux qui nous traitent d’irresponsables adhèrent généralement à un idéalisme sans consistance pratique « de mon temps, ça n’était pas comme ça » répètent-ils désappointés. Et, après cela, ils font allusion au développement. Puis, ils rajustent leur nœud de cravate inexistant.

J’éprouve de la fierté pour ces jeunes gens qui ont des valeurs admirables dans les bureaux, dans les champs, dans les ateliers et même pour ceux qui ne travaillent pas.. Certains occupent des postes de direction.

La pluralité des comportements a toujours existé, de même que l’avant-garde responsable. Les piercings et les piques étaient naguère des coiffures afro et des pantalons style Beatles. C’est pourquoi Andrés Vazquez Mestre, professeur avec trente ans d’expérience derrière lui, me dit : « Si j’avais 16 ans, peut-être que je porterais des anneaux aux oreilles, les cheveux dressés en pic avec du gel et même des tatouages ».

La solution n’est pas simple et elle ne dépend ni de manuels scolaires ni d‘exposés théoriques. Les comparaisons ne sont pas non plus positives.

J’ai confiance en ma génération, confrontée à d’autres défis que les précédentes, mais fidèle à notre pays et à son histoire.

Il est vrai que, parfois, elle râle trop et elle croit tout savoir. D’où l’importance de l’expérience des plus âgés, conscients qu’il s’agit d’une course de relais et de confiance. Le résultat final nous appartiendra à tous.