Cuba et les États-Unis se connaissent mieux après ces entretiens présidentiels

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PANAMA.— À l’issue d’un entretien historique entre les présidents Raul Castro et Barack Obama, Cuba et les États-Unis connaissent mieux leurs intérêts et leurs différences, a déclaré en conférence de presse le ministre cubain des Relations extérieures Bruno Rodriguez Parrilla.

Les mesures adoptées par les Etats Unis représentent un pas dans la direction correcte, mais d’autres pas doivent être accomplis ...

Le ministre a donné des détails sur la rencontre qui s’est déroulée dans le cadre du 7e Sommet des Amériques, la première au niveau des chefs d’État depuis plus d’un demi-siècle. Il a signalé que les principaux progrès réalisés portent notamment sur la recherche d’un terrain commun pour le rétablissement des relations diplomatiques et l’ouverture d’ambassades.

Rodriguez Parrilla a précisé que cela pourrait être considéré comme la première étape de ce que le président Obama a appelé son « changement de politique », qui inclut la reconnaissance du Gouvernement révolutionnaire et la reprise des liens diplomatiques.

Cependant, des obstacles persistent comme l’inclusion injustifiée de Cuba dans la liste des pays soutenant le terrorisme international et l’absence de services pour notre mission diplomatique à Washington.

Concernant le premier point, il a souligné que le président Raul Castro a considéré comme un pas positif la promesse de Barack Obama de trancher dans les prochains jours sur l’opportunité de retirer ou non Cuba de cette liste.

« J’espère que sa décision sera adaptée à la réalité », a dit Rodriguez Parrilla. Le jeudi 9 avril, le Département a recommandé au président de retirer notre pays de cette liste unilatérale. Obama n’a pas encore notifié sa décision au Congrès, qui aura 45 jours pour émettre une opinion sur la question, sans qu’il puisse s’y opposer.

L’autre point en suspens pour la réouverture des ambassades a trait au comportement du personnel accrédité dans chacune des capitales, qui conformément à la législation internationale est tenu de respecter les lois du pays d’accréditation.

À ce sujet, le ministre cubain a signalé que les deux présidents ont mis l’accent sur l’importance de continuer d’œuvrer à apporter les éléments nécessaires « à la création d’un contexte adéquat » et ensuite fixer des dates et faire les annonces qui s’imposent.

« Une fois les processus en suspens menés à terme » et lorsqu’il existera un climat avenant dans les relations entre les États-Unis et tous les pays du continent, des dates pourront être proposées en vue d’un rétablissement, a déclaré le ministre.

« Ceci pourrait avoir lieu dans un avenir proche », a-t-il dit. À ce jour, deux rondes de conversations ont eu lieu pour traiter du rétablissement des relations diplomatiques : l’une à La Havane et l’autre à Washington, ainsi que plusieurs rencontres bilatérales sur des sujets spécifiques.

À une question de la presse, le ministre a signalé que la prochaine série de conversations aura lieu « aussi vite que possible ».

POSSIBILITÉS DE DIALOGUE ET DE COOPÉRATION

Les chefs d’État ont également exploré les possibilités de coopération dans divers domaines d’intérêt mutuel. Ils se sont accordés sur la nécessité d’une mise à profit des intérêts mutuels et de les étendre à d’autres domaines tels que la lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme, la cybersécurité, l’application et l’exécution de la loi, la protection de l’environnement, le changement climatique et la santé, y compris la prévention et la gestion des pandémies.

À cet égard, Rodriguez Parrilla a mis en exergue les résultats encourageants de la coopération entre les deux pays dans la lutte contre l’épidémie à virus Ébola en Afrique de l’Ouest.

Il a rappelé les propos du président Raul Castro réaffirmant la volonté cubaine d’aborder n’importe quel sujet sur des bases d’égalité souveraine et de réciprocité. Au cours de leur entretien, les deux chefs d’État ont également insisté sur la nécessité d’éviter des situations susceptibles de compromettre le changement de politique entrepris par les deux pays.

LA NORMALISATION, UN PROCESSUS LONG ET COMPLEXE

Le chef de la diplomatie cubaine a souligné qu’il existe une différence entre le processus de rétablissement des liens et celui d’une future normalisation des relations, qu’il a qualifié de « long et complexe ».

« Les deux présidents ont traité lors de l’entretien de samedi de questions qui doivent être préalablement réglées pour pouvoir avancer dans le processus de normalisation, l’une des principales étant la levée du blocus économique, financier et commercial exercé par les États-Unis contre Cuba depuis plus d’un demi-siècle.

Rodriguez Parrilla a affirmé qu’en plus du blocus, il existe d’autres aspects importants comme la restitution du territoire occupé par la Base navale de Guantanamo et la suppression totale des programmes qui « causent du tort au peuple cubain » et qui cherchent à provoquer un changement du système politique et social du pays.

Il a précisé qu’Obama et Raul ont aussi passé en revue les progrès accomplis depuis les annonces du 17 décembre dernier. Il a insisté sur l’importance de la décision du président des États-Unis de modifier la politique adoptée pendant plus de 50 ans par son pays vis-à-vis de Cuba, et le fait qu’il ait reconnu que le blocus cause des dommages à la population cubaine et l’isolement des États-Unis dans sa politique vis-à-vis de l’Île. Par ailleurs, Rodriguez Parrilla a souligné l’engagement du président nord-américain à lancer un débat sur le blocus au Congrès de son pays, en vue de sa levée complète.

« Les mesures adoptées par les États-Unis pour modifier certains aspects du blocus représentent un pas dans la direction correcte, mais nous espérons qu’elles seront élargies et que d’autres pas puissent être accomplis », a-t-il indiqué. Il a rappelé que le président Barack Obama jouit de larges prérogatives et de pouvoirs constitutionnels pour « continuer de modifier de manière substantielle divers aspects de l’application pratique » du blocus. La rencontre entre les présidents Cuba et des États-Unis a suscité un vif intérêt à l’échelle internationale.