Cuba : "LES MEDECINS CUBAINS ONT PARTAGE LES RISQUES AVEC NOUS"

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A propos de la participation des médecins cubains dans la lutte contre l’Ebola au Libéria une équipe de presse a interviewé le conseiller du Liberia Sr. Augustine Kpehe Ngafuan. Enrique Ubieta Gómez (Granma)
Traduction Françoise Lopez

Libéria.— "quand on raconte l’histoire de la façon dont nous avons réussi à vaincre cette maladie, un chapitre important est consacré à Cuba et au rôle des médecins cubains", a dit la chancelier du Libéria, Monsieur Kpehe Ngafuan, dans une interview exclusive accordée à l’équipe de presse qui a couvert pendant 3 semaines le travail de nos compatriotes en terre africaine. Le diplomate, qui a fait ces déclarations le 20 mars dernier, deux jours avant le départ de la Brigade cubaine qui a contribué à l’arrêt et à l’éventuel contrôle de l’épidémie d’ébola, a fait part de son espoir que, dans une prochaine étape de redressement post-ébola, Cuba soit également présente parce que la compétence de l’île en matière de santé, à son avis, "est phénoménale, elle est réellement ahurissante".

Le sol du Libéria a apporté les bases d’une coopération de haut niveau.

  • Comment considérez-vous la réponse de cuba à l’appel du Secrétaire Général de l’ONU et de la Directrice Exécutive de l’Organisation Mondiale de la Santé à affronter le virus de l’ébola et le travail fourni par les médecins cubains au Libéria ?
  • J’étais à New York quand eut lieu la réunion de haut niveau des leaders mondiaux convoqués par l’ONU sur l’ébola. Parmi eux se trouvait le ministre cubain des Relations Extérieures. Le secrétaire général, Ban Ki moon, a appelé à sauver l’humanité de cette terrible maladie et Cuba a été parmi les premiers à répondre à l’appel parce que c’est un ami du Libéria et de l’Afrique.

La présidente du Libéria, Ellen Johnson Silreaf et le peuple du Libéria ont été très contents de l’arrivée des médecins cubains. Quand ils sont arrivés, ils nous ont apporté l’espérance. La motivation des gens suite à la présence des médecins cubains fut énorme. En septembre et en octobre, le Libéria ressemblait à un enfer, c’était comme si le ciel nous était tombé sur la tête parce que les gens mourraient massivement et personne ne savait que faire pour survivre.

Cuba ne pouvait pas nous envoyer de l’argent comme d’autres le font, mais elle nous a envoyé son personnel médical et eux, ils ont partagé de risque avec nous, leurs vies pouvaient être en danger mais aux médecins cubains, peu importe le risque, ils disaient qu’ils étaient des frères qui venaient de l’autre côté de l’océan pour nous aider.

"Maintenant, ils rentrent à Cuba au moment où, depuis plus de 22 jours, nous n’avons enregistré aucun nouveau cas1. Si nous continuons ainsi, le Libéria sera le premier des 3 pays les plus touchés à être déclaré "libre d’ébola".

Mais quand on raconte l’histoire de la façon dont nous avons réussi à vaincre cette maladie, un chapitre important est consacré à Cuba et au rôle des médecins cubains. C’est ce qui restera dans l’histoire, ces actions de la part de Cuba sont celles qui nous ont fait nous sentir plus proches, les deux pays, et c’est ce qui nous fait éprouver cet amour pour l’île. Nous rappelons toujours qu’il n’y a pas de plus grand amour que quand un être humain est disposé à donner sa vie pour un autre être humain et c’est ce que nous avons vu chez les médecins cubains."

- Quelle opinion avez-vous de l’état des relations bilatérales entre le Libéria et Cuba ? Quelles actions pourraient être entreprises pour les renforcer ?

  • Tous les jours, elles sont plus fortes. il y a des preuves de développement. Nous travaillons avec l’Ambassadeur et le Chargé d’Affaires. L’épidémie d’ébola nous a permis de travailler de façon bilatérale et de profiter que le Chargé d’Affaires était établi de façon permanente au Libéria. nous avons discuté sur de nouvelles formes de coopération.

Nous avons un très bon Ambassadeur. Les relations bilatérales sont bonnes et nous travaillons pour les rendre plus solides, avec le temps, nous allons définir de nouveaux domaines de coopération. Nous sommes conscients que dans la "diplomatie médicale", Cuba occupe une place prépondérante.

"Le Libéria élabore aujourd’hui un plan de redressement pour l’étape post ébola. Comment pourrions-nous affronter les défis du développement après l’ébola ? Nous avions des problèmes avant l’apparition de l’ébola mais après son irruption, plus de problèmes sont apparus, par conséquent, nous sommes prêts à recevoir le soutien de nos associés dans une nouvelle phase de coopération normale, y compris de Cuba et nous voyons avec Cuba, en particulier la coopération dans le domaine de la santé parce que sa compétence dans ce domaine est phénoménale, elle est réellement ahurissante.

"Les Libériens ont vu le savoir-faire, le professionnalisme, l’amour déployé par les médecins cubains, ils l’ont ressenti comme quelque chose de bon mais à la fois avec tristesse parce qu’ils se retirent déjà.

La question que nous nous posons est : comment remplir ce vide ? Nous savons que cette présence est pour l’ébola qui est en train d’être éliminé mais nous avons d’autres problèmes, d’autres défis du point de vue de la santé comme la malaria, le typhus et d’autres maladies typiques du climat tropical. Vous avez l’expérience des maladies tropicales.

Nous avons des écoles de médecine qui ont besoin de ressources humaines, elles ont besoin de professeurs. Un des effets de l’ébola a été que presque 200 de nos médecins et travailleurs de la santé sont morts, nos meilleurs médecins s’en sont allés et ne reviendront jamais, nous avons ce manque.

"Cuba a coopéré avec le système de santé de Sierra Leone et d’autres pays avec des accords triangulaires financés par une des parties. nous, nous continuons ces discussions parce que le peuple libérien sera plus heureux si nous annonçons la nouvelle que les médecins cubains pourraient venir nous aider dans notre système général de santé et qu’aussi, nous pourrions décider que des médecins libériens pourraient recevoir une préparation aussi bien au Libéria qu’à Cuba. C’est un accord auquel nous pouvons arriver.

"Mais en plus du système de santé, nous avons de bonnes relations politiques aux Nations Unies et dans d’autres forums internationaux comme le Mouvement des Pays Non-Alignés (MNOAL).

Le Libéria et Cuba ont établi des relations diplomatiques dans les années 70. Les relations peuvent être plus fortes dans le domaine politique, économique, commercial et dans d’autres sphères d’action."

- Comment percevez-vous le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis d’Amérique ? Considérez-vous que c’est une occasion d’éliminer le blocus définitivement ?

  • Quand nous voyons la coopération dans n’importe quelle partie du monde, quand nous voyons le rapprochement dans n’importe quelle partie du monde, quand nous voyons les pays se rapprocher au lieu de se séparer, nous nous réjouissons parce que cela a un effet positif sur le monde entier, y compris dans notre région.

Au Libéria, nous avons eu des médecins cubains qui nous ont aidés dans l’Unité de Traitement de l’Ebola située dans des installations qui appartenaient au Ministère de la Défense, au Libéria, nous avons des médecins états-uniens qui nous aident, au Libéria, vous vous étiez d’accord et j’ai eu la grande nouvelle très vite. Par conséquent, nous pouvons dire que le sol du Libéria a apporté les bases d’une coopération de haut niveau.

"Je considère que le président Obama peut avoir comme référence que ce qu’on a vu ici, c’est une coopération dans le domaine de la santé qui était florissante. Nous soutenons fermement les nouveaux événements dans les relations entre Cuba et les Etats-Unis d’Amérique, nous vous souhaitons le meilleur.

"Nous avons des relations bilatérales étroites avec les Etats-Unis et nous avons des relations bilatérales étroites avec Cuba. Vous deux, vous êtes de grands amis à nous et nous espérons que nos grands amis seront aussi amis.

"Le Libéria est membre de plusieurs organisations politiques et économiques du continent. nous faisons partie de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (ECOWAS) et nous appartenons à l’Union Africaine où il existe une position solide au sujet du "blocus". Nous, nous soutenons aussi cette position de façon bilatérale et nous votons fermement. Nous espérons que cela ne devra pas être voté une nouvelle fois.

"Dans le contexte actuel des relations entre Cuba et les Etats-Unis, cela ne doit pas devenir un problème. A cause de cela, nous, nous sommes pleins d’espoir et nous y travaillons.

Nous, nous serions cohérents en assurant que nos relations avec Cuba restent solides et quoi que nous puissions faire pour l’exprimer, nous le ferons, aussi bien à l’ONU que dans n’importe quelle autre organisation comme le Mouvement des Non-alignés auquel nos, les deux pays appartenons, une organisation qui a été très forte dans le passé et qui est encore forte aujourd’hui.

A cause de cela, dans toute initiative que nous déciderions au MNOAL ou à l’intérieur de notre continent, à l’Union Africaine, nous, au niveau de l’ONU, nous ferons notre part. Mais nous tous, nous espérons que cela bouge dans la direction d’un rapprochement qui soit visible dans les relations entre Cuba et les Etats-Unis et qui ne soit pas un sujet de problème parce qu’il sera obtenu par un engagement bilatéral".

  • Nous espérons qu’il en soit ainsi. Merci beaucoup.

1Le jour même de cette interview, un nouveau cas d’ébola fut confirmé à Monrovia, capitale du Libéria.