Ce que nous avons fait en 4 mois peut être considéré comme un progrès

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Article rédigé par l’équipe de presse cubaine (Granma) et traduit par Françoise Lopez.

A la fin de la conférence de presse au Foreign Press Center de Washington, où ont été abordés brièvement les résultats de la troisième ronde de conversations, la chef de la délégation cubaine, Joséfina Vidal, a répondu pendant environ une demi-heure aux questions de la presse cubaine.

Nous traitons d’égal à égal et sur des bases de respect et de totale réciprocité

  • Quelles ont été les principales avancées ces derniers mois ?

J.V. : Ce que nous avons fait en 4 mois, pour 2 pays qui n’ont pas eu de relations diplomatiques pendant plus de 50 ans, peut être considéré comme un progrès.

"De fait, selon les résultats que vous avez vus et qui ont été obtenus peu à peu depuis que nous avons commencé ces conversations en janvier, on a pu toucher du doigt ces avancées. Quand nous avons commencé à discuter à Cuba en janvier, la gamme de sujets que nous avons discutés était plus large.

"Depuis cette semaine, notre Bureau des Intérêts à Washington possède des services bancaires et à la fin de cette semaine, finalement, va survenir l’exclusion de Cuba de la Liste des Etats Terroristes, dont j’ai compris qu’elle serait effective quand cette décision serait publiée au Registre Fédéral, au début de la semaine prochaine.

"Par conséquent, 2 des sujets que nous avons débattus pendant un certain temps sont déjà derrière nous.

"Il y a d’autres choses dont nous devons continuer de parler. Depuis la première ronde, nous parlons d’autres sujets qui ont à voir avec l’application et l’observance de la Convention de Vienne. En particulier, je pense au comportement, à la conduite des diplomates. Mais aussi aux fonctions d’une mission diplomatique.

"Nous avons parlé parallèlement à la fois du fonctionnement en tant que tel, de la vie pratique d’une ambassade. nous sommes maintenant sur le point de continuer à discuter des idées et des aspects voisins qui sont restés en suspens en ce qui concerne le fonctionnement."

- Pourquoi reste-t-il une certaine rhétorique agressive contre Cuba ?

J.V. : Changer la rhétorique est quelque chose qui prend du temps : peaufiner, améliorer, modifier. Moi, réellement, cela ne m’étonne pas de voir, de temps en temps, qu’encore au niveau des déclarations, sur le plan des déclarations officielles, certains fonctionnaires utilisent des phrases qui nous rappellent d’où nous venons, la politique qui est encore en vigueur, mais qu’on suppose qui est censé changer dans le cadre du processus de normalisation des relations.

"Je trouve curieux, à la fin du VII° Sommet des amériques à Panama, à la conférence de presse du Président Obama, de l’entendre dire que le but de la politique des Etats-Unis, dans le cas de Cuba, n’était plus le changement de régime.

"Par conséquent, nous, nous espérons que dans la mesure où nous avançons dans le processus vers la normalisation des relations, voir une plus grande correspondance entre ce type de déclarations et la vie réelle.

"La vie réelle nous dit que des financements de plusieurs millions sont encore demandés pour soutenir ce type de programmes que Cuba considère comme illégaux en tant que programmes destinés à provoquer des changements à l’intérieur de notre pays et qu’ à leur avis, il s’agit de mettre en place sans aucune sorte de consentement des autorités et du gouvernement cubains."

- L’argent continue d’affluer pour les plans contre Cuba ?

J.V. : Le cingrès continue à la fois, en réponse à ces demandes du Gouvernement, à approuver des sommes importantes d’argent. De fait, nous savons déjà que pour l’année fiscale 2016, qui commencera le 1° octobre de cette année, 20 millions de dollars ont été demandés, que c’est le même chiffre qu’a établi le gouvernement actuel. Nous, nous avons pris note de ces déclarations qui ont été faites et j’ai entendu, la semaine dernière, deux fois, madame Roberta Jacobson faire allusion au fait qu’elle n’écarte pas la possibilité que cette sorte de programmes puissent être revus ou adaptés aux nouvelles circonstances.

"Alors, nous espérons réellement que, dans le cadre de ce processus, on s’occupe de ça et que nous voyons une plus grande concordance entre ce qui est dit et les faits. Il sera très important pour nous de vérifier que réellement, un changement est intervenu dans la politique des Etats-Unis envers Cuba."

- Après 3 rondes, quel est le climat dans les conversations ?

J.V. : Je dois reconnaître que, depuis un certain temps, même avant ces rondes centrées sur les sujets du rétablissement des relations et l’ouverture des ambassades, il y a eu une communication sur un plan beaucoup plus professionnel que dans les époques antérieures. Et je dois dire que cela s’est maintenu pendant les réunions.

"Lors des réunions, l’interaction, les échanges, sont respectueux, professionnels. Réellement, je n’ai pas discerné cette sorte de manifestations que nous voyons encore peut-être sur le plan rhétorique. Je crois qu’il faut le reconnaître. Je crois qu’il ne peut en être autrement. Nous sommes arrivés à ce point après les annonces du 17 décembre dernier précisément parce que nous traitons d’égal à égal et sur des bases de respect et de totale réciprocité."

"Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de différences, il y en a. Sur certains sujets, les différences sont profondes. Il ne peut en être autrement mais nous parlons et nous avons appris à parler des différences avec respect, qui est quelque chose qui nous a manqué pendant plus de 50 ans, au moment où nous aurions pu avoir al possibilité d’échanges officiels."

- Quelle importance ont ces rondes de conversations ?

J.V. : Les présidents ont pris une décision que seuls ils pouvaient prendre, une décision politique, de faire un pas pour rétablir les relations diplomatiques et ouvrir des ambassades pour la première fois depuis 54 ans. Mais ensuite, il faut passer à la pratique et par conséquent, cela demande des discussions sur la base des principes de la Charte des Nations Unies, de la Convention de Vienne. Il faut réviser tous ces aspects.

"Il faut parler de combien de personnel, de quelle sorte de personnel. Parce que dans les ambassades, il y a plusieurs catégories. Il y a des diplomates, du personnel technique, administratif..."

"tout cela, il faut le discuter. Quel rang vont avoir ces fonctionnaires une fois que les relations seront rétablies. Quels vont être leurs privilèges et leurs immunités. Regardez tout ce dont il faut discuter ! Comment vont travailler les ambassades ? Comment allons-nous échanger les documents pour faire ces pas d’officialisation et de rétablissement et d’ouverture des ambassades ? A quel moment allons-nous communiquer au gouvernement de Suisse qui nous a représentés dans les capitales respectives la fin de l’accord que nous avons avec la Suisse ?

"Il y a peut-être des gens qui pensent que cela peut être rapide. je crois que l’intention des deux parties a été de la faire rapidement. En fait, je le répète : l’impression que j’ai, c’est qu’en 4 mois, chaque fois que nous snous sommes réunis, nous avons avancé un peu vers cet objectif qu’il faut que nous arrivions à concrétiser la décision politique prise par nos présidents."

- Comment marchent les rencontres techniques parallèles aux rondes de dialogue ?

J.V. : Je crois qu’elles marchent comme il faut. Ce type de conversations au niveau technique pour aborder des sujets d’intérêt commun n’a pas commencé en janvier de cette année quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois pour parler des relations et de l’ouverture des ambassades mais avait commencé il y a environ 2 ans.

"Ce qui est arrivé de janvier à maintenant est qu’elles se sont dynamisées dans les domaines dans lesquels nous avions discuté et que de nouvelles sphères se sont ouvertes.

"Je crois que cela marche bien et que chacun est sur des voies différentes qui avancent à la fois parallèlement, chacune avec ses dynamiques propres.

"Le nombre de sujets sur lesquels nous discutons entre Cuba et les Etats-Unis est important et les autres dont nous savons que potentiellement nous allons aborder prochainement (...) pour, en définitive travailler sur des sujets qui bénéficieront mutuellement à Cuba, aux Etats-Unis et aux peuples de Cuba et des Etats-Unis et à la région parce que beaucoup d’entre eux irradient au delà de la relation bilatérale et même certains pourraient avoir un impact au niveau mondial.

- Comment se développent en particulier les échanges sur la santé, l’accomplissement et l’application de la loi ?

J.V. : Le sujet que nous avons choisi pour commencer cette conversation en matière de santé, qui me semble pouvoir être illimité selon les expériences et les développements que nous avons eux dans nos pays respectifs dans ce secteur, est celui des maladies infectieuses. Je crois que c’est un sujet très ancré dans l’actualité en tant que résultat de la globalisation, du changement climatique, de tout ce que nous connaissons.

"Cuba a une énorme expérience en matière de prévention et en matière de combat et d’affrontement de ces maladies quand elles se présentent. Nous l’avons fait à Cuba et même nous l’avons appliqué et nous avons aidé d’autres pays du monde.

"Les Etats-Unis aussi ont des expériences similaires, ils ont un haut développement scientifique, un haut développement technologique et aussi leurs propres expériences de combat contre ces maladies ici et dans d’autres endroits du monde.

"Je crois que c’est un bon sujet, d’une très grande actualité pour commencer ces conversations qui doivent avoir lieu au mois de juin.

"Nous allons commencer à parler aussi d’un sujet d’une importance capitale, surtout maintenant, qui est l’application et le respect de la loi. Et pourquoi est-ce que je dis qu’il est d’une importance capitale maintenant ? Suite à la décision d’augmenter les voyages et les échanges entre Cuba et les Etats-Unis, il y a un plus fort mouvement de personnes entre les deux pays et des problèmes se posent, malheureusement, des délits sont commis et nous n’avons pas de mécanisme établi entre les deuxpays pour les combattre ensemble.

"Cette sorte de collaboration en matière judiciaire ou en matière d’application de la loi, Cuba et les Etats-Unis l’ont avec de très nombreux pays.

"Ni les Etats-Unis ni cuba ne sommes intéressés par le fait que les délits se développent et encore moins les délits de caractère transnational à cause des inquiétudes qu’ils peuvent provoquer et des problèmes pour al sécurité des citoyens de nos pays mais aussi pour la sécurité nationale des deux nations. Par conséquent, c’est un domaine très important.

Nous n’avons pas encore commencé, nous n’avons même pas encore défini une date mais nous sommes arrivés à la conclusion que c’est un domaiine que nous devons ouvrir et qui bénéficiera aux deux pays.

- Une fois les relations rétablies, comment s’engagera un dialogue sur la normalisation ?

J.V. : A Cuba, nous avons fait une liste préliminaire sur laquelle, une fois cette première phase terminée, nous devons commencer à discuter pour avancer vers la normalisation des relations.

"De notre côté, nous avons envisagé les sujets dont vous avez eu connaissance - une liste préliminaire, d’autres sujets peuvent surgir des discussions - : la levée du blocus, la restitution du territoire illégalement occupé par la Base Navale à Guantánamo et l’arrêt des transmissions illégales de Radio et Television Marti qui, en plus d’être préjudiciables à la souveraineté de Cuba violent les normes et les règles de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Evidemment, c’est la fin de ces programmes qui ont été conçus à l’origine pour promouvoir "un changement de régime" - comme on dit là-bas, aux Etats-Unis - qui, dans notre lexique, sont des programmes subversifs pour promouvoir des changements dans notre pays et des situations de déstabilisation à l’intérieur de Cuba.

"Bien sûr, du côté de Cuba, nous avons parlé des compensations envers notre pays et envers notre peuple pour les dégâts occasionnés par les politiques des Etats-Unis mises en place pendant ces plus de 50 ans.

"Les Etats-Unis ont avancé au moins un des sujets qu’ils veulent voir discuter dans cette seconde phase : les compensations pour les propriétés qui ont été natioanlisées à Cuba au début de la Révolution.

Par conséquent, nous avons encore une gamme, au moins, pour commencer, de sujets bien identifiés. Mais ce processus va durer. Il faut être réalistes. Il faut savoir de quoi nous parlons et ce qui est important, c’est la volonté de commencer à nous impliquer dans cette sorte de discussions."

Nous n’avons pas défini comment nous allons faire, si on va créer un mécanisme, si n va créer des commissions, des groupes, si nous verrons tout ensemble ou chacun séparément, rien de tout cela.

- Y aura-t-il une nouvelle ronde sur le rétablissement des relations ?

J.V. : On ne peut pas penser que nous, nous discutons seulement quand nous nous voyons dans ces réunions. entre l’une et l’autre, nous maintenons une communication fluide par l’intermédiaire du chef de notre Bureau des Intérêts à Washington et du chef du Bureau des Intérêts des Etats-Unis à La Havane.

"Par ces voies, nous avons échangé des idées, avancé des opinions, des positions, des points de vue. En principe, c’est ce que nous allons continuer à faire ces prochains jours et ces prochaines semaines. Dans la mesure dans laquelle nous avançons dans cette communication, nous arriverons à la conclusion que nous pouvons résoudre par cette voie (le rétablissement des relations et l’ouverture des ambassades) ou qu’il manque une nouvelle ronde de conversations.

Source en espagnol :

http://www.granma.cu/mundo/2015-05-22/josefina-vidal-lo-que-hemos-hecho-en-cuatro-meses-se-puede-considerar-progreso

URL de cet article :

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