Cuba, un patrimoine naturel et culturel majeur, socles de développement durable.

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Cuba est la plus grande île des Caraïbes. Sa situation géographique, sa diversité topographique et climatique, ainsi que son histoire humaine en font un pôle majeur de biodiversité d’Amérique et un centre d’intérêt culturel unique dans le contexte antillais.

Le patrimoine naturel cubain est remarquable, comme souvent dans un contexte insulaire (nombreuses espèces animales et végétales endémiques qui se sont différenciées sur l’île). Mais Cuba a su préserver, bien plus que ses voisines des grandes Antilles, ses paysages et sa biodiversité.

Le développement touristique (du littoral notamment) est encore spatialement très limité et l’agriculture vivrière n’a pas entraîné de déforestation majeure ou d’assèchement des principales zones humides. Nous touchons là peut-être les seuls effets induits positifs du blocus économique... La République Dominicaine ou malheureusement plus encore Haïti constituent de tristes exemples inverses dans ces domaines.

Les espèces endémiques de Cuba (plus de 20 espèces d’oiseaux par exemple mais aussi des mammifères, des reptiles, des oiseaux, ...) profitent de milieux naturels souvent encore relativement bien préservés et diversifiés. La forêt tropicale humide est encore bien présente sur le piémont des Sierras notamment, mais on trouve également à Cuba des forêts des nuages de montagne, des forêts sèches, des savanes, des marais doux ou saumâtres, des lagunes, des végétations sèches ou steppiques, et des milieux littoraux variés (côtes rocheuses, côtes de sable, lagons, mangroves)...

Quelques espèces animales sont emblématiques telles que le Trogon de Cuba (emblème national avec ses couleurs rouge, blanc et bleu), le Colibri d’Hélène (le plus petit oiseau du mondeavec ses 6 cm !), le Crocodile de Cuba (malheureusement en danger d’extinction), les escargots forestiers Polimitas vivement colorés ou encore la minuscule grenouille ranita de Cuba dont la taille ne dépasse le centimètre...

Si cette diversité biologique découle de la géographie et de la topographie de Cuba, elle n’est pas non plus étrangère aux efforts réalisés pour la préservation de l’environnement et des milieux naturels. Plus de 263 aires protégées ont été créées dans l’île et représentent environ 22% de la superficie du pays... On en est très loin dans nos pays soi-disant développés (moyenne mondiale de 13%) et cette proportion rapproche Cuba des champions en la matière tels que le Costa-Rica (34%) ou l’Australie (18%) !

Le patrimoine biologique de Cuba est reconnu internationalement et Cuba est intégré dans toutes les politiques et conventions internationales importantes pour la préservation des milieux naturels et des espèces. Ainsi on compte 6 sites inscrits à la Convention de Ramsar pour la préservation des zones humides dont le Parc national de Ciénaga de Zapata, 6 réserves Man and Biosphère de l’UNESCO (visant à assurer la conciliation de la préservation de la biodiversité avec le développement humain) dont la Sierra del Rosario au nord-ouest de la Havane et deux sites inscrits au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO (Parcs nationaux Desembarco del Granma et Alejandro de Humboldt).

Le patrimoine culturel est également un des fondamentaux des atouts de l’île. Ainsi, 7 sites culturels sont inscrits au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO dont naturellement la vieille ville de la Havane, la vallée de Viñales ou les villes de Cienfuegos et Camagüey. Neuf sites au patrimoine mondial de l’UNESCO alors que les Etats-Unis en comptent à peine plus du double avec une superficie 86 plus importante que Cuba... Et comment ne pas évoquer le patrimoine culturel cubain par la musique, l’architecture, la fabrication des cigares, les vieilles américaines, etc...

Comme nous le constatons, le potentiel attractif de Cuba est très important et encore très nettement sous-valorisé. Le tourisme n’est qu’à ses débuts et s’est essentiellement concentré sur l’attractivité des plages cubaines et sur l’accueil en all-inclusive dans des hôtels fermés sur eux-mêmes. Mais Cuba ne se résumé pas aux plages de Varadero et à un mojito à la Bodeguita del medio ! Le tourisme culturel et écologique ne demande qu’à se développer sur l’unique île des Caraïbes encore préservée dans ces domaines. C’est une chance inouïe car ce type de tourisme « durable », voire « équitable » est le meilleur rempart contre les excès qui caractérisent souvent les autres pays caraïbéens colonisés par des chaînes internationales d’hôtels très éloignés des us et coutumes locales. C’est aussi un gage de meilleure redistribution à long terme des revenus du tourisme aux populations locales et au maintien des modes de vie assurant la pérennité de ce patrimoine. Les autorités cubaines doivent pouvoir promouvoir un tourisme différent et durable par une politique ambitieuse de développement raisonné de l’accueil du public mieux réparti sur le territoire et par la mise en réseau des sites remarquables culturels et naturels du pays. L’accueil chaleureux et simple du peuple cubain, le soleil, la musique et les couleurs des paysages uniques feront le reste !

  • Stéphan Arnassant Géographe
  • Le 30 janvier 2011.

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Trogon de Cuba
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