« Femmes et Période spéciale à Cuba »

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Conférence à Aubenas à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme le 8 Mars 2015
proposée par le Comité Ardèche Cuba Coopération

par Janice ARGAILLOT Maître de Conférences Université de Grenoble,
spécialiste de Cuba et de l’Amérique Latine, membre du Comité Ardèche

Merci à Janice, qui fait aussi partie de notre équipe de traducteurs !

Sauvegarder le système révolutionnaire après la chute de l’URSS.

Cette réflexion se centre sur les femmes cubaines dans la Période spéciale, ce qui constitue déjà un sujet assez vaste, mais nécessite bien sûr de regarder avec attention le passé.

Avant de parler des femmes au cours de la Période spéciale en temps de paix à Cuba, il convient bien sûr d’expliquer ce que l’on entend par « Période spéciale ». Cette période, dans laquelle l’Île entra au début des années 1990 (Ortiz, 2005 : 167) et qui fut officiellement décrétée par le gouvernement cubain à l’été 1991 (Fernández, 2008 : 238) –dont la fin n’a toujours pas été annoncée à ce jour, même si l’on peut considérer que le plus dur de la crise est derrière les Cubains– fut en réalité constituée d’une série de mesure d’austérité (Gay-Sylvestre et Estrade, 2006 : 28) visant à préserver l’économie de l’Île, afin de maintenir une cohésion sociale et se sauver, sinon sauvegarder le système révolutionnaire après la chute de l’URSS.

Il faut préciser que la Période spéciale a été marquée par la volonté accrue des États-Unis d’isoler Cuba : Ainsi, « En dépit des efforts considérables déployés par [les États-Unis] [le voisin du Nord] pour freiner son développement, le tourisme est […] devenu le secteur le plus dynamique de l’économie cubaine, avec un rythme de croissance moyen de 21% par an » (Cantón Navarro, 2006 : 325) (on estime que 2 millions 850 mille touristes internationaux ont visité Cuba en 2014). Bien sûr, les évolutions récentes et le rapprochement entre Washington et La Havane sont à prendre en compte, puisque les nouvelles coopérations envisagées devraient modifier la donne économique pour l’Île, mais il n’en reste pas moins que la Période spéciale a été un moment de crise économique sans précédent pour les Cubains, et que cette crise a bien évidemment eu des conséquences dans tous les domaines (relations sociales, vie quotidienne, transports…).

Nous souhaitons analyser, pour le moins à grands traits, les conséquences de cette Période si spéciale pour les femmes de Cuba. En effet, le gouvernement a, depuis les prémisses de la Révolution, appuyé une politique forte en faveur de la femme : « Pour que change la vie des femmes [il fallait d’abord] qu’elles étudient, qu’elles travaillent, qu’elles aient des opportunités, qu’on leur donne leur chance. Les garderies où l’on s’occupait des enfants de celles qui, pour la première fois, ouvraient la porte de leur maison et sortaient étudier ou travailler, furent la première pierre de la construction du changement. Les garderies commencèrent à se propager à travers l’île avant même que ne soit fondée la Fédération des femmes cubaines (FMC). Et lorsqu’en 1960 naquit [cette fédération], la tâche prioritaire dont la chargea Fidel Castro lui-même fut la promotion et la multiplication de ces [garderies – jardins d’enfants] désormais à la portée de tous [et toutes]. Des milliers de jeunes étudiantes quittèrent les villes pour aller alphabétiser les campagnes. Puis des milliers de jeunes paysannes quittèrent les campagnes pour aller étudier en ville […]. 59 % des 100 000 alphabétiseurs furent des femmes et en 1960-61, 55 % du million d’alphabétisés furent des femmes.

À la suite de la campagne d’alphabétisation vinrent des cours dans des écoles polytechniques et des universités pour les femmes les plus marginalisées : paysannes, femmes au foyer, domestiques et prostituées. Petit à petit les femmes prirent leur place dans tous les espaces de vie. […] Dans les vingt premières années de la révolution la force de travail féminine fit plus que se multiplier par deux et la fécondité se réduisit d’un peu plus de la moitié. Après l’augmentation de la natalité entre 1961-1964, une courbe descendante s’amorça à partir des années 70. En 1981, près de 60 % des femmes citadines entre 20 et 45 ans travaillaient hors de chez elles. Dans les campagnes cet indicateur pouvait aller au-delà, mais il présente un caractère relatif. Entre 1970 et 1981 la proportion de citadines en âge d’enfanter qui possédaient un niveau moyen d’instruction se multiplia par deux. De 30 elle était passée à 61 %. Dans les zones rurales elle se multiplia par trois et dépassa les 30 % ».

Mais, malgré toutes ces avancées, la crise qu’a connue l’Île a induit des bouleversements pour l’ensemble de la population, et a fortiori pour les femmes, dont elle a dans une certaine mesure modifié la place. Pour comprendre l’impact de la Période spéciale sur les femmes cubaines, nous aborderons dans un premier temps le lien entre Période spéciale, tourisme et jineterismo. Par suite, nous nous concentrerons sur les migrations provoquées par la crise économique des années 1990. Nous nous intéresserons alors à la recomposition des rôles entre hommes et femmes suite à la Période spéciale. Enfin, nous évoquerons la lutte contre les discriminations dans l’Île, en basant notre étude sur un cas très concret : celui de Mariela Castro.

I/ Période spéciale, tourisme et jineterismo

Pour revenir brièvement sur l’histoire du tourisme à Cuba, il convient de remarquer que l’Île fut tout d’abord longtemps considérée comme la maison close des États-Unis. En effet, après son indépendance vis-à-vis de l’Espagne, l’Île s’est convertie en un lieu de plaisirs pour les citoyens des États-Unis, état de fait que la Révolution devait venir bouleverser : « Le tourisme cubain a connu trois phases de développement […] : d’abord tourisme de « débauche » pour les riches nord-américains, il devient, avec le triomphe de la révolution de 1959, un tourisme plus restreint mais respectueux des valeurs culturelles et sociales du pays ; après 1970, et plus encore dans les tumultueuses années 80, le développement du tourisme international s’affirme de manière conséquente » (Michel, 2006 : 162).

Ainsi, après la victoire des troupes révolutionnaires, le tourisme national fut encouragé et le tourisme international délaissé (Michel, 2006 : 162), ce qui permit à l’Île non seulement de conserver ses valeurs et traditions culturelles, mais également de les redécouvrir. En effet, la première décennie de la Révolution cubaine, en ouvrant la voie au tourisme national, a encouragé les Cubains à rencontrer les différentes cultures de l’Île, permettant ainsi la consolidation d’un sentiment d’identité nationale ardemment défendu par les autorités, ainsi que la préservation des valeurs « morales » et « sociales » de la société.

Bien évidemment, la période consécutive à la chute du camp socialiste a renforcé la vocation touristique de Cuba. En effet, la disparition des principaux alliés économiques et politiques de l’Île l’obligea à trouver de nouvelles sources de devises. Ceci étant, il faut souligner que l’Île n’avait pas attendu la chute de l’allié soviétique pour commencer à s’ouvrir au tourisme, et que l’effondrement de l’URSS ne fit qu’accentuer un processus déjà en cours.

La Période spéciale a notamment signifié l’introduction de la double monnaie dans l’Île, liée au tourisme. Aujourd’hui, les Cubains travaillant au contact des touristes peuvent effectivement être payés en CUC, devise convertible indexée sur le dollar états unien, que le gouvernement de Raúl Castro cherche à éliminer depuis quelques mois, au profit d’une monnaie unique. Et le tourisme est à son tour lié à la prostitution (jineterismo) féminine et masculine, et à la criminalité : « Ainsi depuis quelques années, la prostitution que l’on croyait disparue commence-t-elle à réapparaître en force dans certaines grandes villes portuaires, à La Havane en particulier. Il ne s’agit plus d’un phénomène social, tel qu’il existait encore dans les premières années de la Révolution. Il résulte plutôt de la politique marquée de Cuba en faveur du tourisme international » (Gay-Sylvestre et Estrade, 2006 : 191).

Ainsi, si la crise économique a conduit certains cubains et certaines cubaines vers la prostitution, on constate que ce phénomène touche majoritairement la population féminine – chose que révèlent les données concernant les maladies vénériennes et sexuellement transmissibles, les statistiques concernant la prostitution étant fort rares.

On estime que les femmes prostituées étaient au nombre de 100000 en 1959, et « si la révolution de 1959 a d’abord amplement profité aux femmes, leur émancipation étant devenue effective tout comme dans une moindre mesure l’égalité des droits entre hommes et femmes, il n’empêche que depuis le début des années 1990 et l’avènement de la fameuse « période spéciale » sous embargo états-unien, la situation des femmes s’est rapidement dégradée, et cela, en lien étroit avec l’ingérence de la mondialisation et d’une économie de marché dans un pays-île enclavé pas vraiment préparé à cette brutale transformation » (Michel, 2006). Ainsi, la Période spéciale constitue une crise brutale, qui oblige l’Île à une réorganisation, à un nouvel établissement des priorités, et qui oblige surtout très concrètement les Cubains à chercher des moyens de subsister. En ce sens, l’arrivée des touristes au plus fort de la crise (n’oublions pas qu’en 1993-1994 une épidémie de neuropathie liée aux carences alimentaires frappe l’Île) n’a pas que des conséquences positives.

Pour un grand nombre d’observateurs, « le tourisme sexuel est indissociable, d’une part de la traite sexuelle existant à Cuba depuis des siècles par le biais notamment de l’esclavage, et d’autre part de la division sexuelle et raciale du travail et du pouvoir qui dépend désormais peu ou prou d’une économie capitaliste mondiale » (Michel, 2006). Mais les pouvoirs et médias cubains se sont élevés contre ce qui semble être un état de fait. Ainsi, « Juventud Rebelde [a stigmatisé à de nombreuses reprises dans les années 1990] l’image de la femme cubaine véhiculée à l’étranger : « A en juger par la presse étrangère, toutes les Cubaines se livrent à la prostitution. Les jineteras sont utilisées pour tenter de démontrer l’affaiblissement d’un système qui a réussi à extirper de la société le commerce du sexe. L’objectif est de faire perdre leurs illusions à tous ceux qui dans le monde admirent les acquis sociaux d’une révolution ».

Les clichés concernant Cuba sont nombreux, et touchent également les femmes. D’ailleurs, ces stéréotypes et images préconçues s’insinuent parfois par des canaux inattendus : « Le célèbre Guide du routard consacre par exemple [dans son édition de 2004] une section spéciale à l’Amor à Cuba. L’amour y est qualifié de « sport national, au bon sens du terme, une activité quasi vitale pour les Cubains, un loisir conjugué sous toutes ses formes ». Plus encore, Cuba y est considéré comme « probablement le pays le plus sensuel de la terre, pour ne pas dire sexuel » (Simoni, 2011 : 203). C’est ici « l’image persistante de la « femme mulâtre » (mulata) en tant que « fille de l’amour » (Simoni, 2011 : 203) qui est diffusée, en contrepoids de l’image de l’homme « viril », le « barbudo » pour qui le machisme serait presque une qualité. La « mulata », femme issue du métissage, s’impose dans l’imaginaire collectif comme la représentation à la fois de la société cubaine, qui semble être une expression de ce qu’est un « melting-pot », et comme l’image de la femme sensuelle, soumise uniquement aux désirs sexuels de l’homme étranger. Cette figure d’une femme cubaine provocante et provocatrice renvoie en outre une image négative de l’ensemble du peuple cubain, qui apparait comme langoureux, indolent, n’ayant d’autres sujets de préoccupation que la recherche du plaisir charnel.

On peut donc dire que le premier impact de la Période spéciale sur les femmes cubaines a été une recrudescence de la prostitution, mais également la diffusion sur la scène internationale de l’image d’une femme cubaine nécessairement prostituée. « La FMC, dans un premier temps inactive, réagit dans les années 2000 en exigeant l’interdiction des publicités d’agences de voyages jugées trop « sexuelles », et en menant une chasse aux réseaux Internet de prostitution et surtout de pédophilie. Mais s’il est possible de démanteler les réseaux organisés, la prostitution « indépendante » reste difficile à définir et à mesurer » (Peciña, 2009).

Et il faut encore ajouter les impacts du tourisme sur l’emploi des femmes : « Entre 1993 et 1994, en échange d’une taxe à payer à l’État, le gouvernement délivre des autorisations à un certain nombre de foyers, leur permettant d’offrir leurs services de logements ou de restauration aux touristes. En plus des paladares (restaurants chez l’habitant) et casas particulares (chambres chez l’habitant) pour les touristes, les commerces particuliers où l’on paie en pesos cubains se multiplient. Pizzerias, buvettes (proposant café, jus de fruits…) et alimentation rapide (sandwichs, croquettes et pâtisseries) font leur apparition à l’entrée des domiciles. Isabel Moya mentionne ce nouveau phénomène : « Certaines femmes décidèrent d’abandonner leur profession pour travailler à leur compte, même si ce ne fut pas majoritaire. » D’après la sociologue cubaine Elena Díaz, les femmes représentent, en 1998, 29 % du total des travailleurs à leur compte. Parmi les travailleuses à leur compte, une étude cubaine avance que 71,8 % des femmes de ce secteur étaient femmes au foyer. Elena Díaz soutient également cette idée mais avance d’autres statistiques : « Il faut souligner que beaucoup de ces femmes étaient déjà femmes au foyer (19 %). D’autres sont des retraitées qui reviennent à la vie active de la sorte ». […] Ce phénomène a des effets ambivalents. En regagnant la cellule économique familiale, les femmes limitent les possibilités d’accéder à un poste à responsabilité – ou même de devenir dirigeante – dans leur ancien secteur d’activité, et de réaliser ainsi une ascension sociale. Néanmoins, le travail à leur compte peut constituer une solution aux difficultés économiques. Les gains en devises (surtout lorsqu’il s’agit de paladares ou casas particulares pour les touristes) permettent de gagner plus d’argent que l’ancien emploi salarié dans la sphère publique. Les travailleuses indépendantes continuent ainsi à exercer une activité rémunérée et parviennent à échapper au chômage » (Peciña, 2009).

II/ Période spéciale et migrations

Mais la Période spéciale fut aussi synonyme de migrations ; d’après des statistiques du « Department of Homeland security », « en 2010, 422 Cubains avaient été interceptés en mer par les Gardes côtes [états-uniens dans leur tentative de quitter clandestinement l’Île], tandis que durant l’année 2011, 1000 Cubains ont été capturés. Par ailleurs, le nombre de Cubains qui ont effectivement atteint le rivage américain a augmenté de 70%, passant de 409 pour l’année 2010 à 696 en 2011 ». Il faut noter qu’une étude datant de 1991 relevait que les femmes cubaines migrant à Miami ou Los Angeles et travaillant dans l’industrie textile « n’aspiraient pas à l’indépendance financière, et que leurs maris leur demandaient de renoncer au travail salarié une fois l’économie du foyer stabilisée » (Fernández, García, 1990).
Le taux de migration, c’est-à-dire la différence entre le nombre de personnes entrant et quittant un pays pendant une année donnée, est de -3,64 pour mille en 2014 pour Cuba (ce taux négatif indique que plus de personnes quittent l’Île qu’elles n’y entrent).

On peut encore ajouter que la migration est sans doute un phénomène plus difficile à vivre pour les femmes seules. D’ailleurs, le trajet même vers le nouveau lieu de vie est bien souvent plus dangereux pour les femmes ; un témoignage évoque ainsi : « En Haïti et à Cuba, en 1996, certaines personnes nous avaient dit que lors [de la traversée pour les États-Unis], nombre de femmes qui avaient leurs règles étaient jetées à l’eau. Il semblerait que cela s’avérait nécessaire pour éviter que leurs menstrues (le sang des règles), en se répandant dans l’eau, n’attirent les requins qui peuvent alors attaquer l’embarcation. Pour éviter la mort de tout le monde, il était préférable de sacrifier la femme par qui le danger pouvait arriver. Bien que nous ayons des doutes sur l’authenticité de tels témoignages, ils nous troublent beaucoup » (Tchak 1999, 25).

Par ailleurs, la femme cubaine qui émigre seule tend le plus souvent à se départir d’une partie de son identité en abandonnant sa nationalité de naissance ; ainsi, les cubaines occupaient le premier rang des migrantes latino-américaines adoptant la nationalité espagnole dans les années 1980 et 1990. « Mais il y a des Cubaines qui ont épousé un Africain sans pour autant [avoir eu la chance de] quitter Cuba. Leur mari part sans elle et promet de leur envoyer un billet d’avion plus tard, quand il se sera installé chez lui ou dans un pays européen. Parfois, sa propre situation (chômage, pauvreté) dans son pays l’oblige à oublier sa femme cubaine » (Tchak 1999, 61).

Si, dans les années 1990, beaucoup de Cubains ont choisi de quitter l’Île, et de se diriger principalement vers les États-Unis, la légère amélioration de l’économie cubaine et l’assouplissement des conditions de voyages pour les Cubano-Américains sous la présidence de Barack Obama, associées à la crise économique occidentale, a signifié une nette diminution des départs. Mais cela est aussi vrai pour d’autres régions, puisque nous pouvons dire qu’« après une hausse conséquente durant les années 90, l’émigration depuis Cuba vers l’Europe est maintenant stabilisée. Cela est dû, en grande partie, à une meilleure situation économique cubaine mais également aux conditions très strictes d’émigration mises en place par l’Union Européenne. [Le point le plus important pour nous reste le suivant : 70% des migrants latino-américains qui arrivent en Europe sont des femmes]. [Pour beaucoup, cette prédominance féminine est à lier aux mariages blancs. Et il faut noter que] parmi les mariages mixtes impliquant une Cubaine, il y a moins de divorces qu’à Cuba même ».

III/ Recomposition des rôles : quelle égalité ?

Avec la crise, les Cubains se sont notamment tournés vers l’agriculture urbaine. Les hommes se sont largement engagés dans ce processus, alors qu’en général, ce sont les femmes qui en sont les principales actrices. Mais, avec le caractère à la fois global et spécifique de cette crise dans l’île, il semble que « les responsabilités domestiques des femmes [à tout le moins au début de la période spéciale en temps de paix] ne leur laissaient pas assez de temps pour faire du jardinage » (Moscow, 2000). En outre, le nombre de cubaines élues chuta considérablement lors des élections nationales, provinciales et municipales de 1991.
Et il faut encore dire qu’ « En 1981, 3% des individus d’âges actifs ne travaillaient pas. Ce taux est resté sensiblement le même jusqu’en 1989. En 1994 et 1995, le taux de chômage est passé à 8%. Il est retombé à 6.4% en 1996 (Roux, 1999, p.132). […] En 1997, 60% des chômeurs étaient des jeunes, dont une majorité de femmes ».

Cependant, il faut noter que l’ampleur et la durée de la crise a débouché sur une recomposition des rôles traditionnellement impartis aux hommes et aux femmes. En effet, la Période spéciale a poussé certaines femmes à travailler hors de la maison, parfois dans le secteur informel, ou à prendre en charge les personnes malades et en difficulté de leur entourage, et en conséquence, a mené les hommes à s’impliquer d’avantage dans la vie du foyer. « Après 1991, au cours de cette période très difficile appelée à Cuba « période spéciale », la modification des rôles traditionnels au sein de la famille a trouvé une nouvelle impulsion ; l’obligation de partager les tâches et les responsabilités pour garantir la survie quotidienne a battu en brèche des préjugés et des barrières que les progrès juridiques n’avaient pu éliminer : des hommes se sont chargés des courses alimentaires, des pères se sont occupés des enfants hospitalisés pour que leur épouse puisse travailler, ou encore des femmes ont accepté que leur mari s’occupe de la cuisine et entretienne le linge » (Hainard, Verschuur, 2005, 116). Ainsi, « la participation de l’homme a beaucoup augmenté pendant la période spéciale. Car il était difficile d’avoir un micro-ondes ou des équipements modernes pour alléger les tâches domestiques. Les femmes cubaines sont les héroïnes de la Période spéciale. Mais les hommes ont fait les réparations domestiques, les courses, sont allés au marché, ont cherché les enfants, etc. La valeur économique du travail domestique et la valeur sociale idéologique du travail éducatif des femmes ont été exposées » (Hainard, Verschuur, 2005, 116 ; citant César, 2004).

D’ailleurs, le besoin de trouver de nouvelles formes de subsistance et en premier lieu « la diversification agroécologique promue par le MACAC induit une diversification des rôles pour tous les membres de la famille. Ainsi, le travail agricole devient plus intéressant et plus agréable car il fait appel à l’imagination et offre des opportunités à tous les membres de la famille. Résultat : un plus grand nombre de jeunes restent à la campagne et des membres de la famille étendue rejoignent la ferme. Ceci, sans aucun doute, contribue à garantir le relais des jeunes générations et à réduire le pouvoir exclusif de l’homme au sein de l’unité familiale. Tout ceci est renforcé par l’ambitieuse stratégie de genre de l’ANAP, stratégie transversale à l’ensemble du Mouvement. Le MACAC [Mouvement de Campesino a Campesino] permet de générer des espaces pour la participation des femmes, comme promotrices, formatrices ou encore coordinatrices ».

Partant, on peut affirmer que « les codes de cohabitation familiale ont enrichi les relations et ont profondément modifié les fondements identitaires des hommes et des femmes, ouvrant par là de nouvelles perspectives. On peut donc dire que cette étape a eu des conséquences positives pour l’organisation de la famille, de la communauté et de la vie sociale en général ; néanmoins, « dans la première étape de la Période spéciale, la femme, à cause de problèmes domestiques, a dû renoncer à quelque chose et sa pleine participation dans la vie publique en a été affectée » (Hainard, Verschuur, 2005, 116).

Il faut encore dire que « bien qu’il existe à Cuba une politique réussie de garantie de l’emploi pour tous, il y a encore, pour différentes raisons et dans certains endroits, selon le diagnostic réalisé par l’organisation « Atelier de Transformation Intégrale », des femmes qui ne bénéficient pas de ces avancées » (Hainard, Verschuur, 2005) : « Bernadette, la belle-mère italienne d’une cubaine, en visitant cet été pour la première fois la demeure de sa belle-fille, dans le quartier de El Cerro, s’étonnait de la façon dont celle-ci se débrouillait à la maison : le fait de laver les sols à l’aide d’un couvre-lit, les légumes pleins de terre qu’elle ramenait de la petite place du marché et qu’elle devait laver et peler, l’absence de commodités pour cuire rapidement les aliments, les heures durant lesquelles il n’y avait pas d’eau courante à la maison… lui inspiraient des expressions de surprise, de curiosité » (« Maîtresses de maison cubaines », traduction de Janice Argaillot parue dans le bulletin de Cuba coopération).

En outre, les observateurs notent que la participation plus active des hommes aux tâches domestiques n’a pas été uniforme ; ainsi, « Les effets de la crise et des réformes ont transformé la famille de plusieurs manières. En particulier, elle est devenue un agent social [primordial dans la résolution des] problèmes [de la vie quotidienne]. L’appui traditionnellement apporté par l’État n’étant plus, la famille s’est mise à jouer un rôle [important pour les individus, mais également la société dans son ensemble], avec des ressources minimales et une grande créativité [mais la créativité est à mon sens une ressource indiscutable des Cubains]. Le renforcement du réseau familial dans et à l’extérieur du pays est devenu une réalité pour plusieurs familles. Les problèmes matériels [les pénuries] qui ont surgi durant la période spéciale ont augmenté considérablement la complexité et le temps nécessaire à l’accomplissement des tâches ménagères, fardeau qui incombe [toujours] essentiellement aux femmes. La diminution ou la fin de certains services autrefois offerts aux femmes qui travaillaient (garderies, lavage des vêtements et réparation des ustensiles domestiques) a aussi augmenté leurs tâches et parfois, réajusté les rôles des sexes ».

« L’économiste cubaine Victoria Perez-Izquierdo [2004] montre l’impact de la crise sur l’augmentation du temps consacré aux tâches domestiques, à cause de la pénurie de denrées alimentaires, de produits d’entretien et de combustibles, des coupures d’électricité et de la crise du transport. L’obtention d’aliments et de produits ménagers se transforme en parcours du combattant. Inventar (inventer, trouver des idées) resolver (résoudre, trouver, se procurer) : ces deux mots clés du vocabulaire cubain caractérisent le quotidien des femmes. Cari, une étudiante de La Havane, confirme cette idée de son expérience : « Je pense que les femmes sont plus touchées par la crise, car ce sont elles qui gèrent tout. Qui va s’occuper de parcourir la ville pour trouver les œufs les moins chers ? Et bien sûr, quand on doit inventer des stratégies par exemple pour cuisiner sans huile, ou faire la vaisselle sans savon, ça prend plus de temps » (Peciña, 2009).

« Au total, selon le Bureau National de Statistique et d’Information (Oficina Nacional de Estadística e Información -ONEI), en 2013, le nombre de femmes se consacrant totalement au travail domestique s’élevait à un million huit cent cinquante-quatre mille sept cent cinquante-trois, ce qui équivaut à 92% du total des personnes qui se dédient uniquement à cette activité non rémunérée. De leur côté, un très fort pourcentage du million huit cent trente-huit mille six cents femmes qui occupent un emploi hors de la maison consacrent aussi une bonne partie de leur temps et efforts aux tâches ménagères, vivant ainsi ce que l’on appelle une double journée. Le travail domestique non rémunéré fait partie des stratégies des familles cubaines, non seulement pour répondre à leurs besoins les plus urgents, comme l’alimentation ou l’hygiène, mais aussi pour garantir les soins aux enfants et personnes du troisième âge, palliant ainsi le déficit de services dans ce domaine. Malgré l’importance considérable de toutes ces tâches, ce phénomène social demeure peu étudié, et mérite réellement d’être abordé depuis des perspectives sociologiques et de genre » ((« Maîtresses de maison cubaines », traduction de Janice Argaillot parue dans le bulletin de Cuba coopération).

Malgré tout, de nombreux observateurs distinguent le bilan positif de l’Île en la matière : « Le développement culturel général de la société cubaine a favorisé l’égalité des chances pour la plupart. Le travail de la Fédération des femmes cubaines, ainsi que celui d’autres institutions sociales du pays, a promu l’émancipation de la femme, en essayant d’obtenir sa pleine participation aux différents aspects de la vie sociale, en particulier dans les fonctions de direction et de participation aux décisions » (Hainard, Verschuur, 2005). D’ailleurs, « le milieu communautaire à Cuba est surtout un espace féminin » (Hainard, Verschuur, 2005).

IV/ Lutte contre les discriminations : l’exemple de Mariela Castro

Rappelons que « la Chine et Cuba se sont tous deux occupés en premier lieu des origines idéologiques de la discrimination contre les femmes et ont introduit des programmes critiques visant à éradiquer ces croyances et habitudes. Ils ont popularisé l’idée d’une répartition équitable du travail domestique. Bien que ces programmes aient eu pour objectif d’élever le niveau de conscience et des hommes et des femmes, c’est l’acquisition par les femmes des rôles masculins qui a reçu le plus d’attention. Dans ces deux pays donc, le choix entre s’attaquer à ce problème ou aménager le travail domestique s’est effectué plus dans des termes idéologiques que concrets » (Croll 2011, 190).

Quoi qu’il en soit, « depuis le triomphe de la Révolution, l’égalité des sexes constitue l’une des priorités du pouvoir révolutionnaire et des organisations sociales […]. Ces priorités du gouvernement cubain ont été transcrites dans un ensemble de lois qui visent à garantir les droits des femmes :

  • Les deux lois de Réforme Agraire accordent le droit à la terre en égalité de conditions aux femmes et aux hommes. […]
  • Le Code de la Famille, [entré] en vigueur le 8 mars 1975, reconnaît entre autres l’égalité juridique absolue entre la femme et l’homme dans le mariage.
  • La Constitution de la République [de 1976] [accorde] la protection de l’Etat à la famille […]. L’article 43 de ce document spécifie que la femme bénéficie des mêmes droits que l’homme en matière économique, politique, sociale et familiale. De plus, l’Etat se dote de moyens pour garantir l’accès des femmes au travail social et crée des conditions propices pour le principe d’égalité.
  • La loi de la Maternité établit le droit à un congé maternité rémunéré pour les femmes enceintes qui travaillent afin de garantir et de faciliter le suivi médical durant la grossesse (autorisé et rémunéré), le repos avant et après l’accouchement, l’allaitement et le soin aux enfants jusqu’à ce qu’ils aient un an ».

Une Cubaine personnifie sans doute actuellement la lutte contre les discriminations dans l’Île : il s’agit de Mariela Castro. En effet, si son patronyme est un héritage direct de son père, qui peut se révéler être un avantage autant qu’un inconvénient, il faut également rappeler le legs de sa mère, Vilma Espín, qui créa et dirigea jusqu’à son décès la FMC (Federación de Mujeres Cubanas), unique organisation féminine de l’Île (Gay-Sylvestre, 2008, 33).

Mariela Castro est née le 27 juillet 1962 à La Havane. Elle est la fille de Raúl Castro – Premier Secrétaire du Parti communiste cubain et Président du Conseil d’État de la République de Cuba qu’on ne présente plus, bien que les qualificatifs dont il ait été affublé dans la presse française en 2008 lors de son élection (crétin alcoolique possédant le charisme d’une huître) montrent qu’on le connaît finalement peu– et de Vilma Espín –qui, pour sa part, est largement présentée comme une figure « héroïque » de la Révolution (Gay-Sylvestre, 2008, 33)–, décédée en 2007. Cette dernière s’est effectivement illustrée dans la lutte pour la Révolution, et pour la place des femmes en son sein (elle est l’auteur du Code de la Famille cubain, dans lequel est stipulé que « l’homme doit partager les tâches ménagères et l’éducation des enfants avec la femme »).

Mariela est donc la légataire d’un héritage conséquent : d’un côté, le combat de sa mère, de l’autre, le poids du nom de son père, mais également de son oncle Fidel, ce qu’elle perçoit comme une amère bénédiction, puisqu’à la question qui revient sans cesse dans les interviews concernant son patronyme, elle répond qu’il l’oblige à se faire un prénom et donc à se surpasser, mais qu’il a également été la raison de nombreuses attaques contre elle.

Mariela est sexologue, en plus d’être une activiste pour le droit des homosexuels à Cuba. Licenciée en psychologie-pédagogie, elle est aussi titulaire d’un Master en sexualité. Elle insiste néanmoins le plus souvent sur son rôle de présidente du CENESEX, ajoutant qu’elle n’agit pas en tant que « fille du président ». Le CENESEX, Centro Nacional de Educación Sexual, fut créé en 1979. Il se présente comme une « institution d’enseignement, de recherche et d’assistance dans le domaine de la sexualité ». D’après son site officiel, le but que s’est fixé le CENESEX est « la coordination du travail de la participation d’entités et organismes chargés de la communication sociale, du travail communautaire, de l’éducation, l’orientation et la thérapie sexuelle pour faire en sorte que l’être humain vive sa sexualité de manière saine, pleine, plaisante et responsable ».

Parmi toutes ses activités, il faut reconnaître que les nombreuses manifestations qu’elle a organisées ont permis à la population de mieux connaître le virus du SIDA et la façon dont il est transmis. En somme, elle a transformé un tabou en un thème de débat. Malgré tout, elle demeure peu connue à l’international, à tel point que l’on peut se demander si sa cause, son engagement n’intéressent pas, ou si elle est victime de l’ostracisme qui frappe Cuba dans les médias occidentaux dès lors qu’il ne s’agit pas d’évoquer le manque de liberté, l’oppression, la répression du peuple cubain.

Elle critique ouvertement la misogynie et l’homophobie de certains cubains, y compris de ceux qui s’identifient pleinement à la Révolution et à ses « valeurs ». Le combat de Mariela Castro peut sembler étonnant, dans un pays où l’identité nationale s’est construite à l’encontre de l’homosexualité, grâce à des images sexualisées telle celle de la « mulata ».

Les autorités cubaines ont néanmoins condamné « Le machisme, l’inégalité entre les hommes et les femmes et la violence domestique [qui] affectent la qualité de vie non seulement des femmes, mais de toute la famille ». A ce sujet, de nombreuses études ont montré que les femmes cubaines accédant à des postes à responsabilités n’ont pas nécessairement la possibilité d’exercer ces responsabilités, du fait que les hommes placés sous leurs ordres font régulièrement preuve d’irrespect. Et pourtant, « dans le contexte de Cuba socialiste, l’individu est subordonné au groupe et à la collectivité : la réalisation personnelle s’exprime dans les services auxquels l’État et la société ont droit. Le premier pas pour libérer les femmes de leur rôle traditionnel consiste à les rendre libres de servir la société, à travers leur participation dans les organisations de masse et leur intégration à la force de travail » (Gay-Sylvestre, 2008, 35). Ainsi, l’insertion des femmes dans le monde professionnel constitue une porte de sortie vers une nouvelle image de la femme, qui ne serait plus cantonnée au rôle d’épouse et de mère.

En outre, « le décret-loi du plan d’action national de la république de Cuba a été signé en 1997, suivant la quatrième Conférence International sur la Femme à Pékin ; il permet d’analyser et d’évaluer les points négatifs et de les solutionner par le biais d’objectifs en se projetant dans le futur. En 2000, [le principal point d’inquiétude était toujours] le machisme, [que le gouvernement tente de combattre en luttant notamment contre la diffusion de stéréotypes] ».

Arelys Santana Bello, députée à l’Assemblée nationale et deuxième secrétaire de la FMC, précise que « Cuba a d’ailleurs été le premier pays au monde à signer la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes. Pas étonnant, dès lors, que les Cubaines occupent des postes clé, que ce soit dans le domaine de la justice ou de la médecine. Elles représentent par ailleurs 65% des diplômés universitaires et 43% des députés au parlement. Au niveau des acquis sociaux, citons le congé maternité qui, depuis 2003, dure un an et peut être partagé entre le père et la mère » (Pasteur, 2010). Entre 1990 et 1997, 52% des 3500 personnes qui sont sorties diplômées du réseau éducatif cubain étaient des femmes (et la plupart ont suivi des formations dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des arts et du sport).

Il faut également noter l’évolution de la société cubaine, puisque les jeunes générations sont plus enclines à considérer les femmes comme les égales de l’homme. Mariela Castro a souvent fait l’éloge du cinéma cubain révolutionnaire, qui diffuse d’après elle de nouvelles valeurs, autres que celle de la virginité comme condition préalable sine qua non au mariage, « l’imposition » du couple pour la vie, la figure de l’homme chef de famille… (Del Sol Reyes, 2012).

Le gouvernement cubain s’est efforcé depuis plusieurs années de mettre en place des programmes visant à lutter contre toute discrimination raciale, de genre et sexuelle. De la sorte, « Pour ce qui est de la violence domestique, […] le Code Pénal puni sévèrement les coupables et le lien de parenté entre la victime et son agresseur est un facteur aggravant ». Notons encore que les opérations de changement de sexe –prises en charge financièrement par le système de santé national– ont été autorisées en 2008 (entre 2008 et 2012, quinze ont été réalisées), et cette même année, la FMC, avec le soutien plein et entier de Mariela Castro, a déposé une demande afin de faire inscrire dans la législation la possibilité de changer la civilité des personnes le désirant, sans que ces dernières n’aient à subir une intervention chirurgicale. Cette proposition de décret-loi est toujours en discussion aujourd’hui.

Conclusion

Pour conclure, on peut dire qu’« en ce qui concerne Cuba, l’œuvre émancipatrice déclenchée avec la révolution, le respect et les droits égaux d’être différents par leur sexe, leur race ou la couleur de leur peau, a créé un climat social favorable à la construction de nouvelles modalités d’existence et de cohabitation sociale. Tous les jours, dans leur communauté de travail ou de quartier, des hommes et des femmes s’efforcent de construire, sur un mode critique, des savoirs collectifs, et, ce faisant, ouvrent des perspectives et dégagent la dimension culturelle des rapports sociaux entre les hommes et les femmes. Ces rapports séculaires ne peuvent pas être modifiés de façon immédiate. L’expérience montre qu’il ne suffit pas de mettre en place les conditions matérielles d’un accès des femmes à toutes les sphères de la vie sociale, ni de modifier les lois (Code de la famille) qui régissent la conduite sociale et familiale en définissant les rôles, les devoirs et les droits des hommes et des femmes : les usages culturels traditionnels survivent et survivront encore longtemps dans les représentations » (Hainard, Verschuur).

Ainsi, si les progrès ont été nombreux, on ne peut que rappeler que les lois ne sont pas toujours suivies d’effet, et particulièrement en période de crise. Des questions demeurent alors : « Au milieu de [la Période spéciale], les femmes montrèrent d’abord leur soutien à la Révolution. […] À Cuba, les femmes ne sont pas restées les bras croisés. Les femmes n’ont pas dit “nous n’allons pas cuisiner”, elles n’ont pas dit “il n’y a pas d’uniforme, donc les enfants ne vont pas aller à l’école”. Non, au contraire, les femmes ont créé des forts réseaux de solidarité… Elles ont inventé le moyen de fabriquer des chaussures, elles ont trouvé la manière de faire des carnets scolaires avec des carnets usés. Elles ont fait du quotidien un bastion de défense de la Révolution. » […] Mais s’agit-il d’un choix ou d’une nécessité ? Ce rôle, cette responsabilité ne leur est-elle pas imposée ? En réalité, cette notion de sacrifice implique une inégalité au sein de la société : un groupe social subit plus durement la crise pour garantir la survie des autres » (Peciña, 2009).

Bibliographie succincte :

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Del Sol Reyes Aday, « Mariela Castro : “Al gobierno de EE.UU. le preocupa y ocupa el movimiento LGBT de Cuba” », 2012 ; disponible sur : http://www.cubasi.cu/index.php?option=com_k2&view=item&id=3467:mariela-castro-%E2%80%9Cal-gobierno-de-eeuu-le-preocupa-y-ocupa-el-movimiento-lgbt-de-cuba%E2%80%9D
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Gay-Sylvestre Dominique, « Entre utopie et réalité, Federación de Mujeres Cubanas (FMC) : itinéraire d’une fédération », in Moulin Civil, Cuba 1959-2006, Révolution dans la culture, culture dans la Révolution, 2008.
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Peciña Martha, « Les femmes cubaines à l’épreuve de la crise économique », Cahiers des Amériques Latines, n° 57-58, Cuba, un demi-siècle d’expérience révolutionnaire, 2009 ; disponible sur : http://cal.revues.org/1309#ftn21
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