Le théâtre Terry, protagoniste des arts scéniques de Cienfuegos

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Les animateurs et les partenaires de notre association, qui participent, pour certains chaque année à notre traditionnelle mission du mois de novembre, connaissent bien ce magnifique édifice ! Cuba Coopération France, avec le soutien financier de plusieurs comités locaux a apporté sa contribution à d’importants travaux de restauration et à l’édition d’un document de présentation à l’intention des visiteurs.

Article publié sur le site "cienfuegospatrimonio" et traduit par Mireille Tixe Cobian

Lieu important de la vie culturelle et sociale de la ville de Cienfuegos ...

A la mort de Tomas Terry le 5 juillet 1886 à Paris, ses héritiers décidèrent de réaliser le souhait de leur père, ils créèrent alors une société civile dénommée Succession de Don Tomas Terry dont l’objectif était la création et l’administration d’un théâtre nommé Théâtre Tomas Terry.

Le capital initial de la Société était de 115000 dollars (équivalent or) dont la moitié provenait de Teresa Dortico de Leys, veuve de Terry et le reste du partage entre les six héritiers vivants de cette nombreuse famille.

Ils décidèrent de consacrer 100 000 dollars pour la construction du bâtiment et firent paraître, le 25 mai 1887, dans les principales publications du pays, un appel à concours pour le projet de construction du théâtre. Ainsi la famille fit de ce théâtre l’unique édifice de Cienfuegos du XIX° siècle dont l’exécution répond à un choix parmi plusieurs projets.

Le jury, formé à Paris, choisit parmi les trois projets présentés, celui réalisé par l’ingénieur militaire, né à Santiago de Cuba, Lino Sanchez Marmol à qui la famille confia la direction de son exécution.

Il faut ajouter que, ainsi que Tomas Terry l’avait proposé au gouverneur Pezuela, la succession estima opportun de consacrer les produits de l’activité qui aurait lieu dans le théâtre aux œuvres caritatives et à l’instruction publique locale.

Le 19 décembre 1890, Francisco Cruces, son épouse et José Emilio Terry arrivèrent à Cruces où ils furent accueillis chaleureusement. Ils se rendirent le même jour à Cienfuegos où ils reçurent le même accueil et de nombreuses activités sociales et artistiques eurent lieu dans leur propre résidence.

Le 12 février 1890 se déroula la soirée artistique inaugurale du théâtre lors de laquelle des artistes locaux montèrent sur scène. José Emilio Terry et Rafael Montoro, député à la Cour, prononcèrent des discours et José Pertierra, Président du Casino Espagnol remit à José Emilio Terry un livre de remerciements de 46 pages signées par des membres du gouvernement, des propriétaires, des journalistes et es personnes de toutes les classes sociales.

Le rideau de scène de velours rouge, bordé d’or et de soie colorée dont le coût se montait à 7000 dollars ainsi que le fond de scène, réalisé peint par le peintre Camilo Salaya Toro, chargé de la décoration du bâtiment furent mis en place.

Le colisée, lieu important de la vie culturelle et sociale de notre ville eut dès son inauguration un rôle important.

Le théâtre Tomas Terry est l’un des plus élégants édifices de la ville de Cienfuegos et constitue avec les théâtres Santo de Matanzas et La Charité de Santa Clara, la trilogie à Cuba des théâtres du XIX° siècle.

En 2008, l’institution reçut la distinction de L’Avant-Garde nationale et l’immeuble le Prix national de Conservation pour « la valeur du magnifique travail de restauration réalisé des années auparavant et la préservation intégrale de l’aspect, l’espace et fonctions originelles du lieu, riche en détails et matériaux divers et la conservation d’un bel exemple de l’architecture néoclassique civile de la ville en garantissant l’usage social et culturel . »

Description de l’immeuble

Son élégante structure est surmontée par un faux plafond de plâtre dans la salle principale, orné de peintures à l’huile où apparaît un motif central de 23 figures allégoriques de l’aurore, le rire, la tristesse, les portraits de la poétesse Gertrudis de Avellaneda, du musicien Gaspard de Villarte et de motifs floraux d’une grande valeur du point de vue pictographique.

La typographie utilisée est celle du théâtre à l’italienne, constituée d’une salle en forme de fer à cheval où le public trouve place sur 4 niveaux, toujours face au spectacle.
La scène mesure 24 mètres de long et 19 mètres de profondeur, surmontée d’un espace richement travaillé en relief où domine la couleur dorée et d’un mascaron expressif posé en 1965 par le sculpteur Mateo Torriente représentant une harpe.

L’avant-scène est encadrée par les loges. Les peintures murales qui ornent les murs et les plafonds sont dues à l’artiste philippin madrilène Camilo, établi à La Havane qui décora aussi le théâtre de La Charité à Santa Clara.

Le portique de la façade principale et surmonté par trois mosaïques de la maison vénitienne de Salviati, allégorie des muses de la tragédie, la comédie et la musique et constituent l’un des rares exemples dans le pays de l’influence de l’art byzantin.

Au milieu du vestibule, on trouve la statue de marbre de Tomas Terry Adans assis, avec un regard naturel comme s’il était en train de se reposer, satisfait qu’on ait réalisé son souhait.