Cérémonie de remise des Prix Víctor Hugo 2015 à La Havane

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Merci à Renée Clémentine Lucien pour ce "coup de phare" sur la remise des récompenses pour le Prix 2015. Clémentine a dignement représenté notre association, organisatrice avec la Maison Victor Hugo de cette nouvelle aventure et de cette belle cérémonie. Elle faisait partie du Jury qui, après un travail de plusieurs jours (et de soirées) a permis de sélectionner les travaux qui semblaient les plus méritants. Qu’elle en soit doublement remerciée.
RG
Nous ne manquerons pas de publier les photographies de cet évènement.

Lever le voile sur un pan presque méconnu de nos histoires connectées

Cette année, la remise des Prix décernés par le Jury du Prix Victor Hugo, le 17 novembre 2015, à La Casa Víctor Hugo de La Havane, sise dans la Calle O’Reilly, s’est déroulée dans une atmosphère singulière, marquée par les effets des attentats perpétrés le vendredi 13 novembre dans divers lieux de la capitale française.

À l’heure où « un événement monstre », au sens où l’entend Pierre Nora, ce type d’événement qui signe de manière paroxystique un avant et un après dans la vie d’une communauté, d’une nation, frappait de sidération et de douleur la France, manifestation d’un acharnement à séparer notre humanité, à l’inverse, on célébrait, à La Havane, la volonté de mettre en valeur les traces, toujours vivantes, de la rencontre séculaire entre Cuba et notre pays.

Cette cérémonie qui s’est déroulée, après le respect de la minute de silence dû aux victimes, fut empreinte de gravité et d’une extrême dignité, en présence de personnalités cubaines et françaises, entre autres, de Roger Grévoul, fondateur de l’Association Cuba-France Coopération, de l’actuel Président, Victor Fernandez, de Philippe Bonnet, l’un des piliers du Prix Victor Hugo, toutes soucieuses de veiller à la permanence de liens multidimensionnels, solides et indispensables entre Cuba et la France.

La présence de Roberto Fernández Retamar, poète, essayiste, directeur de l’UNEAC, phare intellectuel de Cuba, du directeur de l’Alliance Française, et le rappel de l’appui fervent apporté à ce projet par de brillants intellectuels, Nancy Morejón, poétesse, académicienne de la langue et essayiste, traductrice de poètes francophones de grande envergure, tels qu’Aimé Césaire et Edouard Glissant, Eusebio Leal, Historien officiel de la Ville de La Havane et Miguel Barnet, ont démontré, une fois encore, l’importance qu’attachent Cuba et la France à l’existence et à la pérennisation de ce Prix Victor Hugo, né sous la tutelle de deux figures emblématiques des identités française et cubaine et porteuses de valeurs et de principes universels, Victor Hugo et José Martí, dont l’ombre planait, sensiblement, sur ces heures solennelles de la remise de prix.

Cette troisième édition du Prix Victor Hugo, dont le sujet portait sur l’humanisme, le progrès et la protection de l’homme, en relation avec les valeurs partagées par la France et Cuba, fut éminemment fructueuse.

Le jury, composé d’éminents spécialistes cubains et français, a été sensible au nombre élevé de participants proposant des essais dans les diverses catégories, ceux rédigeant en langue française, critère hautement discriminant car exigeant la maîtrise d’une langue étrangère, ceux concourant dans la modalité Hernani réservée aux chercheurs déjà chevronnés et aguerris, et ceux, très méritants, faisant leurs preuves dans la catégorie Esmeralda, censée être moins exigeante mais productrice de travaux d’un très bon niveau.

À son sens, cet montée en puissance quantitative prouve l’audience croissante du Prix et son cheminement vers une étape de maturation de bon augure pour la collaboration culturelle entre Cuba et la France.

Cet intérêt envers le Prix met également en lumière, par les thèmes abordés par les concurrents, la profuse richesse des interrelations entre les deux sociétés, au plan de l’histoire des mondes et des espaces géographiques, de l’histoire des idées, de la philosophie politique, de la littérature, de tous les arts- musique, théâtre, arts visuels, peinture, affiches, photographie- architecture, économie, tourisme, sciences –médecine, hygiénisme- archéologie, droit.

Aussi, les prix sont-ils allés à des candidats provenant de presque toute la géographie de la grande Île ( La Havane, Cienfuegos, Remedios, Matanzas, Santiago de Cuba) ayant traité des sujets très divers, relevant de l’histoire, de la littérature, de l’architecture, du droit, de l’archéologie.

Les bienheureux primés tireront le meilleur bénéfice du voyage qui leur ouvrira la porte à un approfondissement de leur connaissance d’un pays identitairement proche et ami. Mais il serait injuste de négliger les mérites des autres, et de ne pas faire mention de nombreux autres travaux méritoires. La publication des essais consécutive à la remise des prix tente de leur rendre justice. Car il ne fait aucun doute que ce précieux corpus de connaissances réuni lors des précédentes sessions et de cette troisième organisation du Prix Victor Hugo vient lever le voile sur un pan presque méconnu de nos histoires connectées, celle de la France et de Cuba, depuis le XVIIIème siècle jusqu’à nos jours.

Renée Clémentine Lucien, Agrégée d’espagnol, Docteure en Etudes Romanes de l’Université Paris Sorbonne, MCF Université Paris Sorbonne, Membre français du Prix du Jury Victor Hugo 2015