Nouvelle rencontre de Wilfredo Lam et d’ André Masson

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Publié le 15 octobre 2015 dans Culture, nouvelles,José Raul Conception LLanes.

L’exposition a déjà eu lieu à La Havane, mais malgré le retard que nous avons pris à publier cet article traduit par notre amie Suzanne Dejours, nous pensons que son contenu reste totalement d’actualité, pour tous ceux qui s’intéressent aux oeuvres picturales en général et à ces des artistes exceptionnels.

Du 19 octobre au 20 novembre : exposition des oeuvres de Wilfredo Lam et d’André Masson au Centre qui porte le nom de l’artiste cubain.

C’était en 1941 et la seconde guerre mondiale obligeait à l’exode .Il fallait quitter l’Europe

La France était l’épicentre culturel de l’époque, mais l’armée nazie ne connaissait rien à l’art ou peu de chose.Lors d’une des nombreuses expéditions d’intellectuels vers l’Amérique, les peintres W Lam,un Cubain qui revenait des Caraîbes et André masson, un Franco-Belge à la recherche de la paix de l’autre côté de l ‘Atlantique se rencontreront.

Tous les deux, quarantenaires, déjà présents dans les circuits artistiques européens, furent compagnons de voyage vers une destination surréaliste:la Martinique, au centre de l’arc des Antilles.

Ayant des points communs, le mulâtre de Villaclara et le bruxellois- parisien ont du parler pendant le voyage et leur séjour.Mais on sait peu de choses de cette amitié, et de ces conversations.

74 ans après cette traversée, les conservateurs José Manuel Noceda et Gilbert Brownstone, tentent de révéler le mystère avec : Masson-Lam dialogues imaginaires, une exposition dans laquelle 44 gravures d’André Masson et 37 de Wilfredo Lam dialogueront pendant un mois.

«  je n’étais pas en Martinique en 1941 mais je peux imaginer les échanges de Lam et Masson.

Le premier thème était certainement la poésie parce qu’elle les enchantait tous les deux.L’autre était le paysage et la végétation de cette île ,source

d’inspiration de l’ oeuvre maitresse,de Lam La jungle, muse pour Masson dans diverses pièces importantes » commenta le galeriste newyorkais Gilbert Brownstone ,lors d’une conférence de presse donnée au Centre Wilfredo Lam .

Les murs de la dite institution accueilleront l’exposition qui ouvrira lundi prochain 19 octobre à 17 heures jusqu’au 20 novembre. Les vingt ans de la biennale de La Havane ayant nécessité d’importants travaux, , le Centre n’a pas pu accueillir des expositions pendant les quatre derniers mois ; Maintenant le centre ouvre ses portes avec ces Dialogues avec cette histoire énigmatique, et surtout avec des dizaines de gravures spectaculaires.

La majorité des oeuvres de Masson qui seront présentées datent de la période 1951/1972. Mais comme « raretés »de l’exposition , il y a deux dessins « automatiques », originaux, des années 1921 et 1923 , période pure de l’automatisme psychique,technique qui propose d’accroitre la créativité de l’artiste à partir de l’expression directe du subconscient, qui on suppose devrait maitriser l’irrationnel et les pensées sans barrières sociales .Idées proposées par le poète français, André Breton, dans le premier manifeste surréaliste et fortement influencées par les théories psychanalytiques de l’autrichien Sigmund Freud.

Masson comme Lam ont appartenu au mouvement surréaliste mais dans des perspectives et à des époques différentes.L’européen integra le noyau central de ce courant, il en a été le fondateur et a occupé des charges dans plusieurs institutions créées dans les années 20.Le Cubain s’est rapproché du mouvement longtemps après vers 1940.

Le specialiste de l’oeuvre W Lam,conservateur de l’exposition aux côtés de Gilbert Brownstone, ,José Manuel Noceda expliqua que Lam n’a jamais été un militant actif, il était plutôt dans l’orbite de ce courant artistique .Il appartenait à ce qu’on appelle « le surréalisme périphérique »qui englobe les influences du mouvement dans des pays comme L’Espagne,Le Portugal, les pays latino-américains et Les Caraîbes.

L’adhésion de Lam à l’avant -garde ajouté à un changement radical de ses oeuvres à partir des années 20 font penser à un lien proche entre son oeuvre et celle de Masson qui transcende la brève amitié de 1941. « Après une oeuvre plutôt académique avec des influences postimpressionnistes il y a eu une coupure abrupte dans la peinture de Lam en 1929, année pendant laquelle il se consacra à un surréalisme mimétique et orthodoxe. Différents spécialistes de l’oeuvre du Cubain considèrent que Masson a notablement influencé Lam, ajouta Noceda.

La majeure partie des oeuvres de Lam qui seront exposées ont été réalisées entre 1951 et 1974 et la série de gravures :Images (1962) , Apostroph’ apocalypse (1966),Visible-invisible (1971) et pleine lune (1974).

Il y aura aussi des oeuvres indépendantes dont deux particulières : une qui a été utilisée comme affiche du Salon de Mai de 1967 et une autre pour l’affiche d’une de ses expositions personnelles à Hanovre, en Allemagne en 1966.

Ainsi après plus de 70 ans André masson et Wilfredo Lam se rencontrent à nouveau par pures coincidences du destin aux Caraïbes .Mais à Cuba, pas en Martinique.Et à partir de ce 19 octobre ils parleront de surréalisme, de végétation et de poésie, pas eux mais leurs oeuvres.

Les pièces d’André Masson appartiennent au peuple Cubain

Gilbert Brownstone a été conservateur du Musée d’art moderne de Paris, du Centre Georges Pompidou, du Musée d’Israel à Jérusalem et directeur du Musée Picasso à Antibes.

En plus de cette brillante carrière dans le monde de l’art, Brownstone est un activiste politique qui a reçu la médaille de l’amitié du Conseil d’état de la république de Cuba.
Ami de Cuba, l’américain a donné au peuple cubain 120 oeuvres d’artistes comme Pablo Picasso, Joan Miro et Andy Warhol. A cette occasion il remettra 32 pièces de Masson,qui seront exposées au Musée des Beaux arts à côté de 12 offertes par le Comité Masson.

Brownstone est admiré pour son action en faveur de la libération des 5 héros .Il fut même une des rares personnes qui a pu rendre visite à Gerardo Hernandez pendant sa détention injuste.

Présentation du livre :interview de Brownstone

Lors de la conférence de presse le livre :André Masson,vagabond du surréalisme, conversations de Gilbert et André en 1968 a été présenté. La directrice des Editions d’art Cubain,Isabelle Perez Pérez,précisa que le texte a été traduit à Cuba, il est imprimé, elle ajouta que « c’est un document unique sur le « interiorités du surréalisme, transmises par un de ses plus importants protagonistes contradictoires.Il sera illustré par de nombreuses images qui figurent dans l’exposition,qui s’avèrent utiles pour comprendre cet artiste, peu visible aujourd’hui mais qui fut très important dans les avant-gardes du siècle passé »

« C’est un texte qui recueille toute la pensée d’André Masson, mais il est plutôt court, parce que Gilbert comme les poètes dit beaucoup en peu de mots. « conclut le directeur du Centre Wilfredo Lam, Jorge Fernandez.

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