DE JEUNES JOURNALISTES SE PRONONCENT POUR UN CHANGEMENT CULTUREL DANS LA PRESSE CUBAINE

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Durant les deux journées du 4 et du 5 décembre 2015, nous, les participants à la Rencontre des Jeunes Journalistes, invités par l’UPEC, nous avons vécu deux journées d’intéressants débats au cours desquels nous avons dépeint notre réalité, problématisé et fait des propositions autour de 3 axes fondamentaux qui traversent l’expérience de notre profession : la participation aux media et l’UPEC, le leadership et l’éthique journalistique.

(Extrait de Cubaperiodistas) Traduit par Pascale Hebert.

Compte-rendu de la Rencontre Nationale des Jeunes Journalistes

Les sujets analysés répondent à la volonté de la corporation de stimuler de l’intérieur un changement structurel et culturel dans les modes de gestion de la presse à Cuba aujourd’hui.

La sous-commission sur la PARTICIPATION est tombée d’accord sur le fait que transformer en mieux le travail des moyens de communication et la gestion de l’UPEC requiert une contribution et un engagement constant des jeunes générations de gens de la profession. Ses membres ont considéré que les jeunes ne sont pas des agents du changement dans toutes les rédactions, ce qui s’avère indispensable pour promouvoir les transformations désirées.

Considérer la participation des jeunes comme un axe substantiel pour avancer vers le changement dans la presse, ainsi que l’importance de compter sur des lecteurs, des auditeurs et des téléspectateurs pour construire nos agendas garantissent en partie cette transformation et le défi que ce mot place devant nous.

Dans l’analyse, on a reconnu que parfois certaines pratiques dans l’organisation des routines productives de nos médias, entre autres la secteurialisation, font obstacle aux propositions créatives et rénovatrices pour enrichir les agendas médiatiques, mais on a aussi confirmé que le bon travail quotidien est le meilleur moyen de prendre confiance et d’augmenter l’influence de la prise de décisions au sein des médias.

De même, ils ont attiré l’attention sur le fait que les nouvelles technologies sont un scénario idéal pour participer au-delà des rédactions, ainsi que pour donner la parole aux usagers depuis une communication plus axée sur le dialogue, mais que la quotidienneté de notre occupation comme espace où proposer et créer s’impose également.

Quant à l’UPEC, nous, les jeunes, nous appelons à revoir les conditions et les modalités d’admission dans l’organisation.

Si quelque chose a été mis en évidence lors des débats de la sous-commission sur le LEADERSHIP des jeunes, c’est que dans nos médias, il y a des jeunes journalistes qui ont des aptitudes pour la direction.

Nous sommes tombés d’accord sur le fait que le leadership n’est pas une question directement liée à l’âge mais qu’il se conquiert grâce à la pratique quotidienne.

Que tous les chefs ne sont pas des leaders et tous les leaders ne sont pas chefs a été une autre de nos réflexions. Bien que la seconde affirmation ne soit pas un problème car, depuis n’importe quelle position, on peut proposer des changements positifs, il s’avère presque toujours négatif que les dirigeants ne soient pas perçus comme des leaders. Pour cette raison, nous avons souligné la nécessité de renforcer le rôle des collectifs et de l’UPEC.

Il est important pour le succès d’un média et d’un jeune qui prétendrait conduire ou diriger son équipe, d’apprendre à travailler en groupe et de comprendre les caractéristiques et les potentialités de chacun, de telle sorte que l’on puisse tirer profit de ses vertus.

On a remis en question le leadership chez les jeunes journalistes cubains et face aux différents publics.

Nous avons insisté sur la nécessité que l’avant-garde soit présente au sein de nos propres médias et non dans des projets privés qui ne sont pas en conformité avec le projet de pays que nous avons lancé.

La sous-commission sur l’ETHIQUE a abordé en profondeur ce sujet qui concerne tous les professionnels du secteur et qui, avec l’apparition des nouvelles technologies, lance d’autres défis, comme l’actualisation des normes établies dans le Code d’Ethique.

La principale idée qui a prévalu dans les échanges a été que, pour parvenir à la cohérence éthique, au-delà de l’existence de directives qui régulent l’éthique des journalistes cubains, il est indispensable que prévale la morale individuelle. Il y a eu un consensus sur l’idée que les normes éthiques ne sont pas un bâillon, mais un rempart de défense de la corporation.

La contribution fondamentale de cette sous-commission a été de proposer 32 modifications à l’actuel Code d’Ethique qui soient en conformité avec le nouveau scénario du système de communication publique cubain.

Nous, les jeunes réunis dans cette sous-commission, nous avons plaidé pour que soit renforcé l’enseignement du Code d’Ethique à l’université et que dans les médias, il soit objet de débat, d’étude et d’assimilation de la part des nouveaux journalistes qui rejoindront l’organisation journalistique.

Nous avons insisté sur la nécessité de disposer d’une norme juridique qui protège la production du pays en matière de communication, parce qu’il y a des comportements qui échappent aux limites des régulations de la corporation.

PROPOSITIONS

  • Garder vivant sur Facebook le site Rencontre de Jeunes Journalistes comme espace permanent de socialisation et d’échange et le transformer en un réseau collaboratif.
  • Intégrer directement à l’UPEC les diplômés des études de journalisme, avec la liberté d’en sortir s’ils le souhaitent. Reconnaître de cette façon lors de la remise des diplômes des jeunes ayant un lien notable avec les médias.
  • Augmenter les actions de socialisation des meilleures expériences entre nos moyens de communication et le système académique.
  • Réviser les statuts de l’UPEC et articuler des stratégies dans le but d’augmenter la participation des jeunes au sein de l’organisation.
  • Actualiser les stratégies de formation de la profession et encourager l’interdisciplinarité en fonction des besoins de l’exercice du journalisme aujourd’hui.
  • Evaluer l’étendue des expériences positives dans la gestion des moyens de communication
  • Réviser et actualiser le Code d’Ethique de l’UPEC et dans le même temps renforcer son enseignement à l’université et les débats à son sujet dans les médias.
  • Encourager la formation des jeunes directeurs depuis l’UPEC par le biais de cours de leadership et d’espaces d’échanges d’expériences entre moyens de communication, pour résoudre des difficultés en partageant de bonnes pratiques.
  • Renforcer le rôle de l’UPEC comme représentante des journalistes avec un leadership pour défendre leurs droits ainsi que pour stimuler beaucoup plus le changement dans la presse, que la plus haute direction du pays a appelé de ses vœux.
  • Réitérer la nécessité de changer le système salarial de la presse (vers un système qui récompense le talent et les efforts) et améliorer ses conditions matérielles, à cause de l’incidence qu’elles ont sur la qualité du travail réalisé et à cause de leur impact –bien au-delà de nos souhaits- sur la participation, le leadership et l’éthique.

Convaincus que le changement est entre nos mains et que nous sommes tous responsables, le résultat le plus important que puisse avoir cette rencontre est que, sans attendre, nous apportions, de retour de ces débats, le changement dans nos espaces.

Voici un résumé des sentiments des jeunes journalistes cubains, stimulés par l’idée de regarder Cuba depuis une optique rajeunie, mais surtout engagée auprès d’un pays qui a un besoin urgent d’une presse sagace, révolutionnaire, opportune et profondément nôtre.