Cuba a conclu un accord "historique" sur d’anciennes dettes avec ses créanciers

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Dette cubaine : accord historique – Michel Sapin a qualifié « d’historique » l’accord qui vient d’être conclu avec Cuba et ses créanciers samedi 12 décembre, sur un « réaménagement de la dette » qui s’élèverait à 11,1 milliards de dollars, dont 4 milliards (3,64 milliards d’euros) pour les seuls intérêts de retard.

Un article d’Annie Arroyo pour le site de l’association FRANCE CUBA.

Dette cubaine : accord historique

En 1985, Nicolaï Gorbatchev devient chef du parti communiste de l’URSS. L’immense empire soviétique, engagé dans une course spéciale ruineuse contre les États-Unis, va mal. Des coupes sombres doivent être faites dans le budget. Trois ans plus tard, le mur de Berlin tombera. Six ans plus tard, ce sera l’URSS elle-même qui implosera.

C’est dans ce contexte que Cuba, en 1986, a –comme le disent les financiers – « fait défaut », c’est-à-dire a cessé de rembourser la dette que lui imposent ses créanciers occidentaux, réunis dans ce qu’on appelle « le Club de Paris », en fait une association d’usuriers (mais dit comme ça c’est moins chic !) qui regroupe l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. Le principal créancier de ce club de gentlemen n’est autre que la France…

L’accord qui vient d’être conclu et publié officiellement le 12 décembre 2015 a été qualifié « d’historique » par le ministre français des Finances, Michel Sapin. Cet accord porte sur un « réaménagement de la dette » qui s’élèverait à 11,1 milliards de dollars, dont 4 milliards (3,64 milliards d’euros) pour les seuls intérêts de retard. De pharamineux agios bancaires !!

L’accord, intervenu après deux ans de discussions, prévoit que les intérêts de retards seront intégralement annulés, mais que les arriérés, qui s’élèvent à environ 2,6 milliards de dollars, et les emprunts initiaux, soit un total de 4,5 milliards d’euros, seront, eux, remboursés par Cuba sur une période de dix-huit ans, « afin de tenir compte de sa situation économique » a expliqué le ministre français.En échange de cet engagement, les créanciers publics de Cuba renoncent à 10 milliards d’euros correspondant aux intérêts accumulés et aux pénalités.

La France va donc, elle aussi, généreusement annuler les intérêts de retard et se contentera d’encaisser le capital prêté à l’île plus les intérêts originels (que les non-spécialistes de la finance fassent un effort !), ce qui correspondant quand même à la coquette somme de 470 millions de dollars. Le reste (230 millions de dollars) sera converti « en projets de développement à Cuba à titre d’effort bilatéral additionnel ».
Il y a des moments où on regrette de ne pas avoir fait HEC ou Polytechnique pour savourer le langage des politiques et des économistes de haut vol !

En bref, cet accord avec les pays du Club de Paris, qui vient après une restructuration de la dette cubaine à l’égard du Japon, du Mexique, de la Russie et de la Chine, règle définitivement le problème de la dette de Cuba. Avec, à chaque fois, de très importantes remises de dette.

A quoi attribuer cet accès de générosité mondial envers La Havane ? Peut-être au fait que les créanciers s’intéressent de plus en plus au potentiel du marché cubain, dans le climat actuel de détente avec les États-Unis ?
Ou alors parce que les capitalistes sont devenus humains.
C’est sans doute ça.

Auteur : Annie Arroyo, le 13 décembre 2015.

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