Comportement de l’économie cubaine en 2015 et problème de la sécheresse ...

Réunion du Conseil des Ministres en décembre

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Une croissance économique de 4%

Le Produit intérieur brut (PIB) de Cuba a enregistré un taux de croissance de 4%, ceci en dépit des effets du blocus nord-américain et des restrictions financières, a annoncé le ministre de l’Économie Marino Murillo Jorge, à la réunion du Conseil des ministres qui, comme à l’accoutumée en cette période, a examiné le comportement de l’économie en 2015.

« Ce résultat a été possible parce que nous avons pu disposer des avances de liquidités, de contrats de crédits et de leur exécution, et en outre il y a eu une tendance à la baisse des prix des importations », a-t-il dit.

Concernant la production matérielle, il a signalé qu’elle a représenté une part de 61,1% du PIB cette année, contre 59,3% l’année dernière.

« Tous les secteurs productifs ont enregistré une croissance par rapport à l’année précédente, quoique l’agriculture, l’industrie sucrière, la construction, le transport, le stockage et les communications sont restés en deçà des prévisions », a-t-il affirmé.

Dans le cas particulier de l’agriculture, de l’élevage et de la sylviculture, ces secteurs ont affiché une croissance de 3,1%, mais ils sont restés 2% en deçà du plan, notamment en raison des difficultés rencontrées dans la production de légumes, de tabac, de lait et de riz.

L’industrie sucrière a enregistré quant à elle une croissance de 16,9%, mais elle a affiché un déficit de 5,3% par rapport aux prévisions, en raison des faibles rendements et de l’utilisation insuffisante de la capacité industrielle, attribuables, entre autres, à des problèmes organisationnels.

Le secteur de la construction a affiché un taux de croissance de 11,9%, avec un déficit de 8% par rapport au plan, imputable à la mauvaise préparation technique des investissements.

Le réunion du Conseil des ministres a également été marquée par l’adoption du Plan de l’économie pour l’année prochaine, qui prévoit de tirer un maximum de profit des réserves internes de l’économie, d’orienter les ressources vers les activités génératrices d’exportations et permettant une réduction des importations, de privilégier les investissements de suivi et ceux du secteur productif générateurs de revenus externes, ainsi que les investissements d’infrastructures et dans les secteurs stratégiques.

Pour 2016, tous les services de base (éducation, santé, etc.) seront assurés à des niveaux similaires à ceux des dernières années, et la priorité sera accordée au développement durable de la production d’électricité, ainsi qu’à l’optimisation des porteurs énergétiques.

Ce Plan sera soumis à la prochaine période de sessions de l’Assemblée national du Pouvoir populaire, convoquée le 29 décembre.

LE BUDGET DE L’ÉTAT

La ministre des Finances et des Prix, Lina Pedraza Rodriguez, a présenté un rapport sur le comportement de l’exercice fiscal durant l’année, dont le déficit est estimé à 5,7% du PIB, contre le 6,2% prévu par la Loi du budget pour 2015.

La ministre a souligné que les revenus et les dépenses ont répondu aux niveaux d’activité exigés par l’économie, non sans tensions budgétaires.

Le prélèvement fiscal a obtenu une réponse favorable parmi les entreprises et les personnes naturelles, même si, a-t-elle souligné, certaines indisciplines fiscales persistent.

Elle a signalé qu’en 2015 des changements ont été opérés dans les impôts associés à la commercialisation en gros, le financement du panier de la ménagère rationné et à la suppression des subventions aux intrants agricoles, avec une adaptation aux prix des centres de ramassage.

Les membres du Conseil des ministres ont également examiné l’avant-projet du Budget de l’État pour l’année 2016, qui sera également adopté par le Parlement dans les prochains jours.

FORMES DE PAIEMENT DANS LE SYSTÈME DES ENTREPRISES

Une évaluation sur l’application de nouvelles formes de paiement dans le système des entreprises a été présentée par la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Margarita Gonzalez Fernandez. Plus d’une année et demie après son entrée en vigueur, la Résolution No 17 a favorisé la hausse des salaires des travailleurs, associée à une croissance de l’efficience, une exploitation optimale de la journée de travail et la diminution des dépenses et des coûts.

Au terme des six premier mois de 2015, la productivité du travail avait augmenté de 30% par rapport aux prévisions, et de ce fait le salaire mensuel s’est élevé à 696 pesos, ce qui représente une croissance de 12% par rapport au plan.

Par ailleurs, les entreprises ayant des pertes, qui étaient au nombre de 245 à la fin de 2014, ont été réduites à 64 durant le premier semestre de cette année, et la tendance à la baisse des entreprises qui versent des salaires sans soutien productif se maintient, si l’on sait qu’elle sont passées de 238 en 2014 à 99 dans la première moitié de 2015.

La ministre a affirmé qu’à partir des informations recueillies à partir de certaines préoccupations concernant l’application des systèmes de paiement, notamment chez les travailleurs du tourisme, une étude a été réalisée auprès des organismes, organisations supérieures de direction des entreprises (OSDE) et des conseils d’administration concernés.

Le nouvel examen de la question a démontré que les problèmes ont principalement été associés au non respect des indicateurs directifs, aux insuffisances dans l’élaboration du plan, aux erreurs dans la planification du fonds de salaire, aux retards dans l’arrivée des matières premières, aux ruptures d’équipements et à la non application des dispositions en cas d’interruptions d’activité.

Sur ce point, Raul Castro a insisté sur la nécessité de mesurer avec exactitude l’impact que peuvent avoir des mesures à caractère stratégique, comme c’est le cas du salaire des travailleurs. Il faut tenir compte de la diversité des questions, car les mesures doivent être appliquées dans tout le pays et il ne se passe pas la même chose dans une région ou dans une autre.

« Les instructions ne doivent pas rester dans les ministères. Nous devons arriver jusqu’à la base, toucher du doigt les insatisfactions, écouter les opinions et ne pas attendre que les problèmes nous surprennent », a-t-il dit

Il a rappelé l’importance de la formation de tous ceux qui sont impliqués dans toute mesure qui est prise, c’est pourquoi, il faut y consacrer tout le temps nécessaire.

Le Conseil des ministres a ratifié le maintien de la dépense de salaire par peso de valeur ajoutée brute, en tant qu’indicateur limite maximum afin de lier le salaire aux résultats.

Entres autres changements, il a été approuvé de modifier la protection des travailleurs lorsque les indicateurs directifs ne sont pas respectés, jusqu’à la limite du salaire de base.

Dans le cas des entreprises qui, de façon exceptionnelle, sont autorisées dans le cadre du plan à travailler à perte, la formule de paiement au temps sera appliquée, excepté pour les travailleurs inclus dans le système de paiement à la tâche.

Par ailleurs, les entreprises ayant enregistré des pertes, alors qu’elles avaient planifié des bénéfices, appliqueront les déductions nécessaires jusqu’à la limite du salaire de base.

L’IMPACT DE LA SÉCHERESSE

Face à l’impact important de la sécheresse, un phénomène qui depuis 1960 est devenu plus fréquent, le Conseil des ministres a décidé de l’adoption d’une série de mesures visant à atténuer ses conséquences sur l’économie, la société et l’environnement.

Comme l’a expliqué la présidente de l’Institut national des ressources hydrauliques (INRH), Maria Inés Chapman Waugh, « contrairement à d’autres périodes, la sécheresse affecte de manière significative l’approvisionnement en eau de la population et le secteur agricole dans l’ensemble du pays ».

Au terme de la première quinzaine du mois de décembre, les données indiquent que dans 47% du territoire national de faibles niveaux de précipitations ont été enregistrés. Les provinces les plus touchées ont été Artemisa, Mayabeque et La Havane. À ce jour, 137 municipalités ont été déclarées en situation de sécheresse, dont 37 en sécheresse modérée, 50 en sécheresse grave et 50 en extrême sécheresse.

Les retenues d’eau accumulent 4,810 milliards de m3, ce qui représente 53 % de la capacité totale.

La présidente a souligné l’inefficacité de la distribution d’eau, dont les pertes annuelles sont estimées à 3,4 milliards de mètres cubes, dont 55% dans l’agriculture, 29% dans les réseaux de distribution (y compris les pertes dans les logements) et 15% dans les grosses canalisations.

Face à ces problèmes, des mesures à court terme ont été prises, notamment la mise à jour des ressources en eau utilisables et disponibles, à partir de l’impact du changement climatique ; la prévision d’un financement pour la campagne de pluie artificielle à partir d’avril 2016 ; l’installation de systèmes d’irrigation d’une efficacité de 85%, en commençant par les bassins qui se trouvent en état défavorable et critique ; la réorganisation du service de distribution d’eau potable par camions-citernes dans le respect de la qualité sanitaire.

Les mesures adoptées incluent de continuer à réduire les pertes de l’eau pompée par les canalisations, à partir de la réparation des conduites d’eau et des réseaux de distribution, et elles s’appliquent également aux particuliers et aux entreprises d’État.

En outre, il est prévu d’augmenter de façon progressive la couverture hydrométrique (mesure de l’eau consommée) et l’utilisation du paiement de la consommation d’eau dans le secteur d’État et le secteur résidentiel, en tant qu’outils pour réglementer l’usage efficace de cette ressource.

Maria Inés Chapman Waugh a indiqué que la construction de systèmes de transfert d’eau continuera ; des investissements sont prévus dans des usines de traitement d’eau ; l’eau de mer sera désalinisée à partir de sources d’énergie renouvelables et les eaux souterraines profondes seront exploitées, à partir d’études réalisées dans la Sierra de Cubitas dans la province de Camagüey ; à Los Arroyos, à Holguin ; dans la vallée du Cauto et dans la région de Maisi à Guantanamo.

À long terme (2017-2020), les investissements associés à la construction de nouveaux systèmes de transfert d’eau, barrages, réseaux et systèmes d’irrigation seront augmentés, ainsi que le forage et le jaugeage de puits destinés au secteur agricole.

Pour cette période, a déclaré la présidente de l’INRH, 29 retenues d’eau actuellement sous utilisées devront être prêtes, ainsi que 11 autres présentant des problèmes techniques.

Ces actions, a-t-elle conclu, font partie d’un plan hydraulique national, qui couvre les cinq prochaines années.