LES TRACTEURS DE TROIE A WASHINGTON

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Beaucoup de choses ont été dites et écrites pour commenter la nouvelle politique du gouvernement des États-Unis qui a l’intention d’utiliser le secteur économique privé comme cheval de Troie contre le socialisme. En visite à La Havane, la secrétaire du commerce étasunien l’a réaffirmé : « les dernières mesures sont destinées à appuyer le secteur privé émergent de Cuba dans le but de concrétiser les objectifs historiques de la politique du président Obama ».

Le gouvernement cubain a pris au pied de la lettre le discours étasunien et mis à nu ses contradictions...

Toutes les mesures annoncées par le gouvernement des États-Unis obéissent à ces objectifs et même les voyages « de peuple à peuple » ne concernent que certaines catégories de personnes choisies par le gouvernement. Ces personnes doivent, de surcroit, voyager en groupe ce qui permet au pays qui se proclame le plus libre du monde de bien surveiller que ses citoyens ne font pas de tourisme à Cuba.

Une décision récente du gouvernement cubain a cependant placé le cheval au ventre creux - inventé par l’astucieux Ulysse et chanté par Homère - à l’intérieur même de la forteresse édifiée par les lois du blocus contre Cuba. En autorisant l’entreprise étasunienne CleBer LLC à construire une usine de petits tracteurs dans la zone économique spéciale de Mariel, le gouvernement cubain a pris au pied de la lettre le discours étasunien et mis à nu ses contradictions.

Les tracteurs fabriqués par CleBer à Mariel ne seraient pas destinés au secteur d’état mais aux petits agriculteurs privés et aux coopératives qui fournissent l’essentiel de la production de nombreux produits agricoles. Autoriser cette installation serait donc parfaitement cohérent avec les déclarations gouvernementales. Cela favoriserait les progrès du secteur privé et, comme rien n’est plus vital que la production d’aliments, cela améliorerait aussi les conditions de vie du peuple cubain, deux thèmes récurrents des déclarations d’Obama.

Ce très dangereux tracteur plonge Washington dans un abime d’’indécision.
L’autorisation cubaine n’a pas été relayée par sa contrepartie, l’autorisation de l’officine du département du trésor (OFAC) chargée d’autoriser les investissements étasuniens à Cuba. La doctrine de la libre entreprise que Washington préconise dans le monde entier ne compte plus quand il s’agit de Cuba. Dans ce cas, ce qui prévaut c’est un contrôle gouvernemental tatillon imposé à la bureaucratie étasunienne par les lois d’un blocus que le président des États-Unis pourrait modifier sans demander l’avis du Congrès.

Comme dans le conte du Coq qui s’en allait à la noce, « si je picore je me salis le bec, si je ne picore pas je perds ce petit grain », voici Washington devant l’alternative : autoriser CleBer à s’établir à Cuba porterait un coup au blocus car d’autres entreprises l’imiteraient et cela accélérerait les investissements sur l’ile. Dans le cas contraire, c’est le discours sur la promotion du secteur privé et l’aide au peuple cubain qui aurait du plomb dans l’aile.

Pendant que Washington effeuille la marguerite sur le projet de Cleber à Mariel, chaque heure qui passe entame la crédibilité d’Obama et les promesses de sa nouvelle politique se fanent comme autant de fleurs semées dans le désert.

Le cheval de Troie semble se dresser devant la Maison Blanche avec, dans son ventre, un parchemin qui porte ces mots de Fidel Castro : « Les théoriciens et prophètes de malheur de l’empire rêvent que la révolution - qui n’a pu être détruite par tant de crimes et de perfidies - pourrait succomber à cause de la séduction des méthodes baptisées « contact de peuple à peuple ».

Dont acte : nous relevons le défi mais qu’ils jouent à la loyale, qu’ils lèvent toutes conditions et suppriment la loi criminelle sur l’immigration des Cubains, les lois Torricelli et Helms-Burton, les dizaines d’amendements légaux mais immoraux qui truffent leur législation ; Qu’ils mettent fin au blocus génocide et à la guerre économique ; Qu’ils respectent le droit constitutionnel de leurs étudiants, travailleurs, intellectuels, hommes d’affaire et citoyens de visiter notre pays pour y réaliser des affaires, du commerce y investir s’ils le désirent, sans limitations ni craintes ridicules, de la même manière que nous-mêmes permettons à nos citoyens de voyager librement et de s’établir aux États-Unis.

Nous verrons alors si par ces moyens là ils parviennent à détruire la révolution cubaine, ce qui est en définitive leur seul objectif ».