« Chocolat » : Une plaque en hommage à celui qui fut un jeune esclave cubain, dévoilée à Paris

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Hommage à Paris au clown Chocolat, né esclave à La Havane
Par Michel Porcheron
En plein centre de Paris. Une plaque a été dévoilée en hommage à la mémoire (et aux combats) du clown Chocolat (vers 1868-1917). Il tomba du ciel à Paris, avant de devenir le premier artiste noir de la scène française, avec à son actif de longues années de triomphe, sans et avec Foottit, le clown blanc.
Le ciel de Chocolat fut des plus sombres. Il venait de Bilbao où l’avait transporté un marchand espagnol, après une traversée La Havane-Bilbao. Dans la capitale de Cuba, il fut un très jeune esclave, orphelin de plus et sans état civil. Il parvint à s’enfuir de la ville espagnole.
Toute sa vie, il n’eut aucune identité, sauf celle de Chocolat. Qu’il revendiqua. La plaque lui attribue un patronyme, Padilla, qu’il n’eut jamais de son vivant.

Totalement oublié, ignoré, depuis le jour de sa mort à Bordeaux en 1917, il a été « ressuscité » par l’historien Gérard Noiriel

Très jeune esclave, né à La Havane, qui ne connut pas ses parents, Rafael, acheté par un marchand espagnol qui le mit dans ses bagages jusqu’à Bilbao, allait devenir plus tard le clown Chocolat (il aurait pu s’appeler Bamboula), le premier artiste noir de la scène française, à Paris.

Totalement oublié, ignoré, depuis le jour de sa mort à Bordeaux en 1917, il a été « ressuscité » par l’historien Gérard Noiriel surtout dans un premier livre paru en 2012.

Pendant près de vingt ans, au Nouveau Cirque à Paris, Chocolat connut un immense succès .Il était l’auguste du duo qu’il forma avec le clown blanc britannique Foottit. On parlait d’eux bien sûr en disant « Foottit et Chocolat », honneur au blanc.

Une plaque en hommage à sa mémoire a été dévoilée au centre de Paris, là où se trouvait le Nouveau Cirque. Ce jour-là, on pouvait difficilement faire mieux comme « casting » : Omar Sy, qui dans le film très attendu « Chocolat » a son premier rôle (en France) dramatique, Roschdy Zem, le réalisateur, James Thierrée (Foottit) t Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris, mais aussi les descendants des deux clowns et …du marchand espagnol étaient là au moment où a été dévoilée cette plaque au 251, rue Saint-Honoré dans le 1er arrondissement de la capitale. Tous ont pris la parole.
On peut y lire sur la plaque :

« Ici, au Nouveau Cirque, Rafael Padilla dit le "Clown Chocolat" (vers 1868-1917), né esclave à Cuba, et Georges Foottit (1864-1921) ont inventé la comédie clownesque associant le Clown Blanc et l’Auguste ».

« Ces deux artistes ont bouleversé l’ordre établi, participant à l’histoire universelle pour la cause de l’anti-racisme et à un moment où on est tous interrogés à nouveau sur le vivre ensemble » a déclaré Anne Hidalgo.
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Omar Sy s’est quant à lui déclaré « très ému et fier de raconter cette histoire oubliée pour renouer les liens et envisager notre avenir un peu plus confortable »
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Le nom de Chocolat restera aussi associé notamment à Toulouse-Lautrec, mais aussi aux frères Lumière qui filmèrent le duo. Film qui a résisté au temps et qui est accessible sur le web.

« Chocolat" : l’incroyable destin du premier artiste noir en France », lit-on justement un peu partout. Mais cet homme – qui toute sa vie vécut sans papiers officiels sur son identité et son origine- vint de Cuba, Rafael-Chocolat est de toute évidence un Cubain, qui eut la pire des petites enfances par sa condition de fils d’esclaves et d’orphelin.

Mais, sur cette plaque, figure un patronyme qui ne fut jamais celui de Rafael-Chocolat (on y reviendra) de son vivant, « Padilla ». C’est une fois enterré que le préposé d’état civil du cimetière de Bordeaux coucha ce nom sur ses registres, après avoir entendu deux témoins qui avaient connu le clown nègre, dans sa belle époque.

Par ailleurs, interrogés sur l’affaire du boycott des Oscars, Omar Sy et Roschdy Zem ont manifesté leur soutien à ceux qui se sont indignés. « Il faut se manifester quand on se sent exclu...Ce boycott des Américains je le trouve légitime, au même titre que le boycott des dessinateurs à Angoulême, parce qu’il n’y avait pas de femmes en compétition" a expliqué le réalisateur.
(mp)

Portfolio

La plaque du clown Chocolat