CIA : projet Genesis et « nouveaux médias »

Partager cet article facebook linkedin email

Raúl Antonio Capote, né à Cuba en 1961, était à la tête d’un mouvement de jeunesse culturelle lorsqu’il a été approché par des agents infiltrés de la CIA. Un article dans Granma (5 avril 2011), section « Las Razones de Cuba » révèle son rôle d’agent double et le projet Genesis. D’après lui, la CIA utilise, dans les pays où elle espère déstabiliser le gouvernement, des manœuvres stratégiques assez similaires, qui commencent par la mise en place de mouvements contestataires au sein des universités et se développent via des manipulations médiatiques. Il s’agit là de tactiques de frappe « en douceur ».

Un projet particulièrement dangereux !

L’article qui suit met en garde contre le possible déploiement d’un tel projet à l’occasion de la réorganisation du gouvernement cubain lors du VII° Congrès du Parti communiste de Cuba, à l’aide de nouvelles technologies de communication pour en terminer avec Cuba socialiste.

Nous avons mentionné à plusieurs reprises, dans les pages de ce blog, dans les livres Enemigo y la Guerra qui nous est faite et des dizaines d’articles dans divers médias, principalement numériques, le projet Genesis de la CIA visant à provoquer ou du moins à soutenir l’échec de la Révolution cubaine. Sujet à débats, conférences, entretiens dans des universités cubaines et d’autres pays, c’est, pourrions-nous dire, notre thème récurrent.

Le danger de ce projet mérite de revenir dessus, autant de fois que nécessaire, de l’étudier, de l’approfondir et de le dénoncer, tâche devenue vitale et nécessaire, parce que, malgré la dénonciation de 2011 et son efficacité, l’ennemi, en imitant, en apprenant de sa défaite et en recherchant des variantes plus efficaces, poursuit son développement, et aujourd’hui ses tentacules apparaissent à plusieurs endroits et sous diverses formes.

C’est l’occasion de revenir sur Genesis parce que nous sommes en Janvier 2016, cela fait à peine quelques jours que nous avons célébré l’anniversaire du triomphe de la Révolution. 2016 sera une année clé dans l’histoire de la nation, je ne pense pas qu’il y ait de doute à ce sujet, année du VII° Congrès du Parti communiste de Cuba, de notre Parti.

Il est possible que le général d’armée Raul Castro, notre Président, membre de la direction historique de la Révolution, n’accepte pas de renouveler sa candidature pour être élu à la direction supérieure du pays, lors des prochaines élections générales, ses années de travail prendront fin, laissant place à d’autres collègues, il n’y aura alors pas en tête du gouvernement et peut-être du Parti quelqu’un, qui par ses propres mérites, a gagné par une vie de sacrifice et de dévouement à la patrie, son poste et la confiance de son peuple.

Les Cubains savent quoi il s’agit, nous ne vivons pas dans un pays de démocratie « représentative » de la bourgeoisie, nous ne vivons pas dans un État bourgeois, de jeux politiques et de subtilités électorales, notre État socialiste est né d’une profonde révolution, le peuple a pris le pouvoir, que celui qui a des doutes sur ce terme que j’utilise lise la Historia me Absolverá, Fidel y définit le concept de peuple pour nous les communistes cubains.

Nos meilleurs représentants sont les héros de la Révolution, élus par le peuple dans un système démocratique qui a aboli les campagnes électorales des partis politiques et qui a trouvé sa propre formule et un modèle plus juste, participatif et démocratique que le modèle bourgeois. Ils sont là par leur prestige, leur force morale, la confiance acquise au cours d’années de dévouement et parce que le peuple l’a souverainement décidé. Les prochains qui seront élus des nouvelles générations révolutionnaires, comme on dit en bon cubain, auront la barre bien haut placée.

Une nouvelle étape de la Révolution dans des conditions internationales complexes commence, la droite gagne du terrain en Amérique Latine et menace de reprendre le pouvoir dans les pays indispensables aux relations continentales. La stratégie de frappe en douceur vise à affaiblir l’intégration régionale et à isoler Cuba et le Venezuela.

2016 est l’année prévue par la CIA pour faire aboutir le Projet Genesis, un mois avant le Congrès du PCC devrait surgir à la lumière publique, une organisation non gouvernementale, composée d’étudiants, d’universitaires, d’intellectuels et d’artistes liés aux universités et aux centres culturels les plus importants de la capitale du pays. Genesis devrait être présenté en tant que projet alternatif, une avancée, créant de la confusion, divisant, brisant l’unité, ce sont les objectifs immédiats.

Un discours de gauche, de nouveaux visages, du glamour, de la joie, une construction de l’image, immédiatement la Fundación Génesis para la Libertad, le nom que prendrait l’organisation née de Genesis, recevrait un grand appui médiatique, les principaux médias du monde se chargeant de la présenter comme une alternative démocratique, jeune, viable, moderne, seraient les agents du changement à Cuba.

Une fois atteint l’espace virtuel des médias, il fallait gagner l’espace public, places, universités, institutions, peu à peu se produirait une grande mobilisation, la stratégie de frappe en douceur atteindrait, étape par étape, son objectif de prendre les espaces publics et de gagner les sympathies du peuple par un discours crédible et une propagande bien conçue, simple et efficace.

Un discours de la gauche, apparemment socialiste, proclamant protéger les intérêts de la majorité et suivre les principes de la révolution, devant répéter sans relâche, non pas détruire le travail, mais le « moderniser », le discours des « vieux » est obsolète, il fallait le renouveler, porter la révolution au monde d’aujourd’hui, ce serait les phrases clés dans ce « nouveau discours. »

Des messages simples, sans fond apparent, sans complications « théologales », beaucoup de symboles préfabriqués, facilement identifiables, dont certains ont déjà été testés sur le terrain, tels que les célèbres bracelets du « changement », de couleur blanche, etc.

Attendant la réaction des autorités, tout est prêt, selon leurs plans, le projet serait gagnant-gagnant, sans la direction historique au pouvoir, le nouveau gouvernement s’effondrerait après une offensive de rue bien agressive, une guerre médiatique intense, une série d’actions dans le domaine économique qui génèrerait le mécontentement des gens et surtout, une grande démobilisation populaire, fruit d’une guerre culturelle intense et, selon eux, des erreurs que pourraient commettre les nouveaux dirigeants, moins qualifiés et avec moins de force morale pour faire face à ce type de guerre. (disent-ils).

Ils avaient estimé que le discours de gauche serait beaucoup plus efficace dans les conditions actuelles, compte tenu de la tradition révolutionnaire et de la force de ces concepts dans l’imaginaire collectif cubain. C’est par conséquent ce discours là qui serait choisi, sous la bannière d’une supposée gauche, pour essayer d’en finir avec le socialisme à Cuba.

L’objectif principal était de provoquer l’ingouvernabilité, de produire des confrontations et de créer les conditions pour occuper militairement le pays, en déguisant le plus possible cette occupation, sous couverture d’aide humanitaire, par la collaboration inter-américaine, les « bons voisins de toujours » aidant un peuple dans le chaos.

Il existe aujourd’hui des alternatives à Genesis, la dénonciation de 2011 par Las Razones de Cuba a porté un coup dur à ces plans, mais des projets similaires créés par l’ennemi historique de la nation cubaine sont apparus partout, croyant que c’est le moyen le plus efficace, étant convaincus du possible succès d’un tel projet. Dans le contexte des tentatives pour maintenir des relations diplomatiques justes et égalitaires entre les deux pays, ils profiteront des avantages que présente ce nouveau scénario, pour gagner du terrain.
Les nouvelles conditions internationales et nationales ont permis des variantes tactiques, a perfectionné Genesis, mais la stratégie reste la même.

L’utilisation des nouvelles plateformes médiatiques, l’apparition de sites, portables, revues, apparemment inoffensifs, de sous-profil, beaucoup d’entre eux fermement ancrés dans des stéréotypes éprouvés de guerre culturelle, le paiement de journalistes utilisant des stratégies pour attirer des personnes de prestige dans le monde de la presse cubaine, avec des techniques commerciales testées qui permettent une diffusion rapide d’outils pour eux, des modalités de paiement supérieures avec beaucoup plus de possibilités que nos médias, masquant les réelles intentions de ces médias par une présumée position critique et pour la liberté d’expression, sont quelques-unes des nouvelles tactiques appliquées de variantes stratégiques connues, Ils ont toujours payé des mercenaires de la plume et de la parole, seulement maintenant, ils les paient un peu plus et cachent mieux leurs intentions pour engourdir l’éthique de quelques uns et pour donner les moyens d’auto-justifier le suicide éthique.

L’antidote idéale pour y faire face est toujours la conscience et nous faire poser la vieille question : d’où vient l’argent ?

Soyons alertes et vigilants, ne pêchons pas par naïveté et confiance devant un ennemi qui a juré de nous mettre à genoux. Cuba dispose de la force nécessaire pour vaincre, de nouveaux cadres révolutionnaires assumeront la direction supérieure, des fils du peuple, nés de ses entrailles et éduqués à l’école de Fidel et de Raul, avec une longue expérience sur plusieurs fronts, la sagesse du peuple saura choisir les meilleurs et les plus capables, comme elle a toujours fait, pour nous représenter, nous renforcerons notre démocratie, en la rendant plus participative, plus pratique et plus conséquente, nous l’élèverons aux niveaux rêvés, nous ferons de nos institutions un bastion de vertu, de dignité, d’honneur et d’efficacité, le socialisme cubain, prospère et durable, sera un bouclier difficile à affaiblir.

Auteur : Raúl Antonio Capote le 11 février 2016

Source : l’Adversaire

Traduction : Admin Site France-Cuba le 13 février 2016.