Cuba : la terre du meilleur cigare du monde

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Le Héros national cubain, José Marti, disait que le tabac est « …feuille indienne, réconfort des méditatifs, délice des rêveurs, architectes de l’air, sein parfumé de l’opale-aile… »

Ce fut à Cuba, en 1492, que l’expédition espagnole conduite par Christophe Colomb découvrit pour la première fois le tabac sur la terre du Nouveau Monde. Selon les historiens, les Tainos (aborigènes cubains) enroulaient et allumaient des feuilles mystérieuses qu’ils appelaient « Cohiba », au cours de cérémonies qui étonnèrent les colonisateurs.

La nature du sol et le climat de Cuba, un don qui les rend uniques !

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Depuis cette découverte à Cuba, il y a plus de 500 ans, le tabac a été planté et commercialisé sur toute la planète. Toutefois, depuis les débuts de cette découverte, le tabac noir cubain a été considéré le meilleur du monde en raison des conditions uniques rencontrées dans certaines parties de l’Île pour sa culture, une distinction qu’il détient sans aucun doute depuis plus de 5 siècles.

Quatre facteurs définissent un havane authentique : le climat (soleil, pluie peu abondante, température de 25˚C et 79% environ d’humidité relative), compte tenu du fait que la culture et la cueillette ont lieu pendant les mois les moins pluvieux ; le sol approprié pour cultiver les meilleures variétés et obtenir les feuilles qui complètent le mélange ; le facteur humain, autrement dit la sagesse des paysans et des torcedores (rouleurs) cubains, héritiers de cette tradition et la sélection soigneuse et la proportion adéquate des variétés de tabac brun.

Même si sur d’autres terres on peut avoir acquis certaines aptitudes et y compris des semences cubaines, jamais il ne sera possible de posséder la nature du sol et le climat de Cuba. C’est un don de la nature qui les rend uniques.

On ne trouvera pas non plus cette connaissance et cette culture du tabac accumulées pendant des siècles par le pays.

Les cultivateurs de tabac réalisent un travail extraordinaire. Des années de sagesse et d’attente patiente pour obtenir une feuille prête à confectionner un cigare Habano calibré.

Concernant l’actuelle période d’ensemencement du tabac et d’autres aspects de cette production qui revêt une importance particulière pour l’économie et l’identité du pays, Granma International a interviewé Miguel Vladimir Rodriguez Gonzalez, premier vice-président du Groupe d’entreprises de tabac Tabacuba et spécialiste en la matière.

Depuis l’année dernière, et également pour l’année 2016, l’Île a subi un comportement irrégulier du climat, suite aux sécheresses, aux pluies intenses, à la chaleur accablante et au froid tardif, dus à la présence du phénomène climatique connu sous le nom de El Niño-Oscillation australe, un véritable casse-tête pour l’agriculture cubaine.

Comment se déroule l’ensemencement du tabac pendant cette période de froid 2015-2016 ? Les irrégularités climatiques ont-elles eu un impact ?

La période hivernale a bien commencé, malgré le temps et les changements climatiques, non seulement pour le tabac, mais aussi pour toutes les cultures. L’ensemencement a commencé le 10 octobre et, jusqu’à aujourd’hui, nous avons pu ensemencer les hectares prévus. Plus de 25 000 hectares dans tout le pays ont été ensemencés.

Nous avons d’abord eu un début de saison très sec, et maintenant nous avons beaucoup de pluie. Nous devons apprendre ‘a vivre avec ces changements. Nous n’avons pas d’autre alternative et nos agriculteurs ont assumé ce défi avec beaucoup de sérieux.

Nous avons perfectionné la formation de notre main-d’œuvre et renforcé les structures d’irrigation, en acquérant et en installant des systèmes d’irrigation plus efficaces et performants, permettant également d’ensemencer des zones moins sèches. Nous avons construit et garanti l’entretien des sources d’approvisionnement en eau, des canaux d’irrigation, des puits et de tout ce qui nous permet d’atténuer ces effets négatifs.

Comment garantissez-vous matériellement la saison ?

Tous les produits phytosanitaires et les engrais ont été fournis opportunément pour assurer une bonne campagne d’ensemencement. Beaucoup de ressources ont été également mobilisées pour garantir les pièces du matériel agricole. Les aléas climatiques nous touchent comme les autres, mais nous estimons avoir créé toutes les conditions permettant d’obtenir une bonne récolte.

Le tabac est-il ensemencé sur l’ensemble du territoire ? Quelle est la meilleure région dans l’actuelle campagne et le plus grand producteur de cette plante de la famille des solanacées, originaire de l’Amérique du Sud, laquelle a été ensuite étendue aux Antilles et d’autres régions du continent avant la rencontre entre les deux cultures ?

Nous semons du tabac dans toutes les provinces du pays, excepté dans les zones proches de la capitale. Cependant, la meilleure zone de production reste Pinar del Rio, avec plus de 16 000 hectares qui assurent pratiquement 70 % de la production de tabac du pays.

Il est très difficile de préciser les meilleures régions pour la production de tabac, car tout notre système d’entreprises et les bases productives du pays ont acquis une expérience dans le développement de la culture du tabac. Nous obtenons de très bons résultats dans des régions où il y a encore quelques années il n’y avait aucune ou très peu d’expérience. Je ne vais pas mentionner de noms pour ne pas blesser les susceptibilités.

Quelle est l’importance de la science et de la technique dans ce secteur ?

Je crois qu’il n’existe actuellement aucune activité au monde qui puisse se passer de la recherche et de l’introduction de nouvelles technologies.

Le groupe dispose d’un Institut de recherches de très grande expérience situé à San Antonio de los Baños, dans la province d’Artemisa, créé en 1964 et avec les stations expérimentales de Pinar del Rio, créées en 1937, et deux autres dans le centre du pays, celle de Cabagüan, inaugurée en 1940 et l’autre à Manicaragua, dans la province de Villa Clara, ainsi qu’un groupe de diffusion technologique dans la province de Granma, mis en fonctionnement en 2003 afin de prêter une assistance technique dans l’est du pays où la production du tabac s’est également développée ces dernières années et affiche de bon résultats.

Comme vous pouvez le constater, nous avons accumulé beaucoup d’expérience dans la recherche scientifique liée au développement de l’industrie du tabac, de l’agriculture à l’industrie.

L’objectif principal de cet institut et de tous ses centres associés est de mettre la science et l’innovation technologique au service du développement du tabac cubain. Une de ses principales activités concerne l’introduction de nouvelles variétés de tabac résistantes aux maladies ou qui assurent de meilleurs rendements, et la lutte contre les fléaux et les maladies qui affectent la culture à Cuba et partout dans le monde.

Qu’est-ce que Tabacuba ?

Le Groupe d’entreprises de tabac de Cuba, Tabacuba, a été créé en juillet 2000. Il est placé sous la juridiction du ministère de l’Agriculture, en tant que seule organisation économique cubaine qui dirige intégralement l’activité du tabac dans toutes les phases de sa chaîne de production, depuis l’agriculture jusqu’à la commercialisation sur le marché international et cubain.

Sa mission actuelle est d’augmenter de façon soutenue la contribution du secteur du tabac à l’équilibre de l’économie nationale avec la présence du tabac et de ses produits sur le marché mondial, tout en maintenant le leadership du Habano, par le biais d’un fonctionnement efficace, compétitif et durable.

Le Groupe est composé de 45 entreprises dont 15 agricoles, 6 agro-industrielles, 9 de tabac torcido (tabac fait à la main ou Premium), 4 de cigarettes et 6 de services de commercialisation. Tabacuba possède également 3 entreprises mixtes, une société commerciale et un institut de recherches composé de 3

Au total, le Groupe dirige 96 fabriques de tabac fait main (y compris les 9 entreprises citées ci-dessus), 46 d’entre elles sont consacrées exclusivement au tabac d’exportation, une fabrique de tabac fait à la machine destiné à l’exportation et au marché intérieur ainsi que 4 pour une consommation exclusivement nationale.

Nous disposons également de plus de 250 centres de choix, plus de 40 centres de traitement de la feuille de tabac et plus de 60 d’écôtage (des centres où on retire la moitié de la veine centrale aux feuilles de tabac réservées pour la tripe et un quart de celles destinées à la cape, tandis que pour celles qui sont choisies pour la cape, on retire entièrement la veine, en formant deux bandes). C’est donc un Groupe très vaste, divers et complexe par les nombreuses activités productives.

Plus de 600 entités participent à la partie purement agricole, dont quelques 20 entreprises étatiques et les autres dans des formes de propriété coopérative ou privée, dans lesquelles travaillent pour chaque saison autour de 200 000 personnes.

À l’heure actuelle le Groupe se perfectionne et se transforme en une organisation supérieure de direction, avec de plus larges facultés dans le secteur d’entreprises, faisant partie de la mise en œuvre de la politique du Parti communiste, adoptée lors de son 6e Congrès, ce qui nous apportera de meilleures conditions pour le développement de l’industrie du tabac en correspondance avec notre époque.

Quels sont les principaux résultats et perspectives de l’industrie ?

Notre industrie produit aujourd’hui pratiquement 300 millions de cigares faits main, dont 100 millions sont destinés à l’exportation et le reste à la consommation nationale. De plus, nous produisons environ 130 millions de cigares fabriqués industriellement, environ 90 % sont destinés à l’exportation, ainsi qu’environ 15 milliards de cigarettes.

L’industrie cubaine du tabac a de nombreuses possibilités d’expansion avec, par exemple, le projet qui s’organise dans la Zone spéciale de développement Mariel, notamment la construction d’une nouvelle fabrique de cigarettes avec notre partenaire commercial brésilien Souza Cruz, qui sera en fonctionnement en 2018 avec une capacité annuelle de fabrication d’environ 8 milliards d’unités.

Notre fabrique de cigarettes d’Holguin, la plus moderne du pays, prévoit également un projet ambitieux d’investissement pour élargir et moderniser ses productions. C’est un défi pour le Groupe, car nous prévoyons d’homologuer les standards de qualité et la présentation du produit destiné à la consommation nationale à ceux existants aujourd’hui dans le monde.

Un programme d’agrandissement et de modernisation de notre fabrique de production mécanisée de tabac est également en phase d’approbation. Une affaire que nous avons eu pendant 15 ans avec l’entreprise espagnole Altadis, puis avec un partenaire anglais Imperial Tobacco Group.

Selon vous, que représente le tabac pour notre pays ?

Le tabac fait partie de notre culture et de notre identité nationale. Les historiens affirment que lorsque les colons espagnols sont arrivés, les autochtones avaient déjà l’habitude de fumer un bon tabac qu’ils associaient à leurs rites et cérémonies religieuses.

Ensuite, avec la colonisation, les Espagnols ont introduit le tabac en Europe et c’est là-bas qu’a commencé l’histoire de son universalisation jusqu’à nos jours. Beaucoup de choses se sont passées depuis, mais il n’y a aucun doute sur le fait que le tabac cubain soit reconnu pour être le meilleur au monde par les fumeurs les plus exigeants.

Je pense que plus de 500 années d’histoire pèsent beaucoup dans la culture d’un peuple, et le tabac cubain reste encore l’un de nos produits les plus emblématiques sur le marché international. Pour cette raison, nous continuerons à parier sur le développement de l’industrie du tabac en relevant tous les défis qui s’imposent à nous avec l’ouverture de nouveaux marchés, dont nous avons été absents pendant de nombreuses années, ceci bien malgré nous. À bon entendeur... ces quelques mots suffisent, n’est-ce pas ?

COHIBA

Cohiba est considérée comme le fer de lance et la principale marque de l’industrie du cigare cubain. Elle a été créée en 1966 et, pendant de nombreuses années, elle a été uniquement destinée aux personnalités cubaines et étrangères, ainsi que pour les relations internationales.

Depuis 1982, année où elle est présente dans différents pays, Cohiba est disponible pour le plaisir des fumeurs les plus exigeants du monde, dans des quantités limitées.

En 1966, ce cigare reçut un nom : Cohiba, le mot qu’utilisaient les Taïnos à l’arrivée de Christophe Colomb pour désigner le tabac. Une manufacture et créée en 1970 et Cohiba devient une marque à part entière, peu commercialisée, jusqu’à son lancement international en 1982

Des feuilles spécialement sélectionnées parmi la production de 5 Vegas Finas (bien précises) de Vuelta Abajo entrent dans la composition de ses vitoles, notamment dans les zones de San Juan y Martinez et San Luis.

C’est la seule marque de havanes dans laquelle 3 des 4 types de feuilles sont utilisés dans son élaboration, sec, léger et temps moyen, qui sont soumises à une fermentation supplémentaire en tonneaux. Ce processus tellement spécial se traduit par un arôme et une saveur uniques.

Cohiba compte 4 lignes : la ligne classique, composée de 6 vitoles et développée entre 1966 et de 1989. La ligne 1 492 a été lancée en 1992 avec 5 vitoles pour commémorer le 5e Centenaire de l’arrivée de Christophe Colomb à Cuba. En 2002, 10 ans après, a vu le jour la vitole Siglo VI, une référence dans le monde du tabac.

La ligne Maduro 5 a été présentée en 2007 avec 3 nouvelles vitoles qui incorporent une cape mûre vieillie pendant 5 ans. Cohiba Behike, la ligne la plus exclusive de la marque, est née en 2010. Leur production est extrêmement limitée pour l’unique raison qu’elle incorpore dans son mélange et ce, pour la première fois, la feuille appelée « medio tiempo » qui garantit une saveur et des arômes exceptionnels.

Grâce à cette innovation constante, Cohiba est toujours la marque d’avant-garde qui devance toutes les tendances dans le monde du havane, étant la première qui a introduit une Réserve durant l’année 2002, et une Grande Réserve en 2009, élaborées à base de feuilles vieillies au minimum durant 3 et 5 ans, respectivement.

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